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Les boulangers menacés par la hausse des prix de l'électricité et des matières premières

Confrontés à l'explosion des prix de l'énergie et des matières premières, les boulangers de France craignent pour leur survie. Certains sont contraints de mettre la clé sous la porte tandis que les autres doivent augmenter leurs prix. Une hausse qui se ressent sur le prix de la galette des rois.

Croulant sous l'augmentation des prix de l'énergie et des matières premières, les boulangeries n'ont pas d'autre choix que d'augmenter leurs prix Croulant sous l'augmentation des prix de l'énergie et des matières premières, les boulangeries n'ont pas d'autre choix que d'augmenter leurs prix
Croulant sous l'augmentation des prix de l'énergie et des matières premières, les boulangeries n'ont pas d'autre choix que d'augmenter leurs prix © AFP - Arthur Nicholas Orchard / Hans Lucas

Alors que débute l'époque des galettes des rois, période d'activité importante, les boulangers subissent de plein fouet la flambée des prix de l'énergie, du beurre, des oeufs, du sucre. De nombreux artisans sont menacés et certains ont déjà été contraints de fermer boutique. Pour les matières premières "on est pratiquement à plus de 30% partout" explique ce patron d'une boulangerie du XVe arrondissement de Paris.

"Les œufs ont augmenté à cause de la grippe aviaire, les amandes ont augmenté aussi, le beurre a pris près de 30%, la farine à cause de la guerre en Ukraine, le sucre, le papier et les emballages en carton aussi, et, la cerise sur le gâteau c'est l'énergie : ma facture mensuelle de 3.200 euros TTC est passée à presque 16.000 euros à la fin de l'année, c'est-à-dire multipliée par cinq", énumère-t-il.

Répercussions sur le porte-monnaie des clients

En conséquence, les boulangers doivent augmenter leurs tarifs sur le pain et les gâteaux. Tout d'abord en raison du prix de la farine qui a connu une augmentation de 15% en 2022. Pour ce boulanger de Gironde, la farine représente 30% de ses achats. "Alors comme tout le monde on a augmenté le prix de notre baguette de 10 centimes", regrette Jérémy Cloarec, co-gérant du Fournil de Créon à La Sauve.

À cette période de l'année, c'est la galette des rois qui est la star des boulangeries, un gâteau qui nécessite beaucoup de beurre pour sa confection. Mais là aussi, le prix du beurre a explosé. "De 6 euros à 9 euros le kilo", se désole Frédéric, patron d'une boulangerie à Nîmes. Pas le choix cette année, il a été contraint d'augmenter ses prix, "une hausse de 20% pour la galette moyenne" qui passe donc de 13,5 euros à 15 euros. Sans compter la hausse des produits de conditionnement. "Les cartons, les couronnes, et même les fèves ont augmenté, c'est un truc de fada", s'emporte-t-il.

Des boulangers contraints de mettre la clé sous la porte

Si certains artisans arrivent à survivre, d'autres n'ont pas cette chance. En Dordogne à Coux-et-Bigaroque, ce couple a fermé défintiviement la boulangerie qu'ils tenaient depuis 2016. L'explosion de la facture énergétique combinée à celle des matières premières, mais aussi une mauvaise gestion comptable et un local insalubre nécessitant des travaux : le commerce n'a pas survécu et a atteint 100.000 euros de dettes. Il va être placé en liquidiation judiciaire.

Un coup dur pour cette petite commune, pour les habitants et les autres commerces. "Les gens viennent chercher leur pain et ensuite ils font le reste de leurs courses, explique une commerçante qui tient le magasin des producteurs en face de la boulangerie. C'est l'âme d'une commune".

À Bourghelles dans le Nord, l'unique boulangerie du village a pris la décision radicale de n'ouvrir plus que les week-ends. Pour sa gérante, c'est la conséquence des prix de l'énergie et des matières premières. "En janvier 2023, notre facture d'électricité devrait s'élever à 6.700 euros. En janvier 2022, nous avions payé 1.900 euros", explique-t-elle. Une facture multipliée par 3,5 qui contraint la boulangère à prendre des mesures drastiques. "Nous devons nous séparer de notre apprenti, mais heureusement, un collègue boulanger peut l'accueillir. Mais nous devons aussi licencier Bernard, notre vendeur. C'est très triste, il est très apprécié des clients", se désole la gérante.

Cette boulangerie ne peut pas bénéficier du bouclier tarifaire instauré par le gouvernement : son four consomme trop. Alors désormais, la gérante en appelle au gouvernement. "Si nous n'avons pas d'aide, on ne pourra même plus rester ouverts le week-end", déplore la boulangère. "Il n'y a plus que les ministres qui peuvent faire quelque chose pour nous".

Le gouvernement appelé à la rescousse

Le gouvernement a déployé un plan avec 12 milliards d'euros prévus pour aider les entreprises, dont les boulangeries, à faire face à l'envolée du prix de l'énergie en 2023, même si le bouclier total de 2022 n'est plus de mise. Fin janvier, l'amortisseur annoncé pour les entreprises va permettre de soustraire automatiquement 15% de la facture d'électricité pendant toute l'année 2023, en cochant simplement la case "je suis une PME" sur la facture envoyée par son fournisseur d'énergie.

Et si l'énergie pèse plus de 3% du chiffre d'affaires, un guichet d'aide individualisée est prévu par l'administration fiscale (impots.gouv.fr), notamment pour les boulangers qui ont dû signer des nouveaux contrats d'énergie à des prix qui ont explosé. Le gouvernement appelle les boulangers à demander à leurs experts-comptables de se renseigner sur les aides disponibles.

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