Éradiquer le Hamas ? Israël face aux défis d’une opération terrestre à Gaza

Bombardement israélien à Gaza hier, en riposte à l’attaque du Hamas dans les localités du sud d’Israël. ©AFP - MAHMUD HAMS / AFP
Bombardement israélien à Gaza hier, en riposte à l’attaque du Hamas dans les localités du sud d’Israël. ©AFP - MAHMUD HAMS / AFP
Bombardement israélien à Gaza hier, en riposte à l’attaque du Hamas dans les localités du sud d’Israël. ©AFP - MAHMUD HAMS / AFP
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L’armée israélienne bombarde Gaza, impose un siège au territoire enclavé, et rappelle des centaines de milliers de réservistes. Objectif : Gaza et l’éradication du Hamas. Mais cet objectif est-il réaliste ? Israël n’a que des mauvaises options après l’attaque terroriste surprise de samedi.

Depuis dimanche, l’aviation israélienne bombarde incessamment des centaines de cibles dans la bande de Gaza. Les réservistes sont rappelés en vue de ce qui sera sans doute une vaste opération terrestre dans le territoire palestinien. L’objectif déclaré est de détruire les infrastructures militaires qui ont permis au Hamas de frapper Israël au cœur, et si possible de l’éradiquer, selon un mot plusieurs fois employé.

Une partie de cette réponse israélienne est dictée par la brutalité sans précédent de ce qui s’est passé. Le public israélien ne comprendrait pas qu’après ses défaillances catastrophiques, l’armée ne fasse pas payer un prix élevé aux Palestiniens de Gaza.

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Mais l’objectif politique, l’éradication du mouvement terroriste, est-il atteignable ?

Il pose de nombreuses questions aux dirigeants israéliens qui n’ont que des mauvaises options face à eux.

La première est celle du coût humain d’une opération terrestre : dans la densité humaine et urbaine de la bande de Gaza, peuplée de deux millions de personnes, il y aura assurément un grand nombre de victimes des deux côtés. Le Hamas attend les Israéliens dans chaque ruelle, chaque tunnel, chaque cave. Ce prix ne sera-t-il pas trop élevé ?

La supériorité militaire d’Israël lui permettra sans doute de détruire une bonne partie des infrastructures du Hamas : les ateliers de production des roquettes qui pleuvent régulièrement sur Israël ; les tunnels vers l’Égypte ou vers Israël par lesquels le Hamas communique avec l’extérieur ; ou encore les stocks d’armes et de munitions que le groupe terroriste a en réserve.

Plus compliqué sera de capturer les dirigeants du Mouvement, et en particulier Mohamed Deif, le redoutable chef de sa branche militaire, Ezzedine el-Qassam. Mohamed Deif est le cerveau de l’opération « déluge d’Al Aqsa » menée samedi. Il est devenu « un dieu parmi les jeunes Palestiniens », selon un professeur de Gaza cité hier par le « Financial Times ». Il a assurément préparé ses arrières et le trouver -mort ou vif- au sein de ce dédale urbain ne sera pas aisé.

L’objectif d’Israël sera-t-il atteint s’il est capturé ?

Tout dépend de ce qu’on entend par éradication du Hamas. A plusieurs reprises par le passé, Israël a été en mesure de décapiter les groupes terroristes sans parvenir à les éradiquer.

Le risque est double à Gaza. D’une part que le prix soit très élevé, à la fois pour les militaires israéliens et pour les populations civiles palestiniennes, pour un résultat qui ne sera sûrement pas définitif. D’autre part, une victoire à Gaza poserait d’autres problèmes.

Que faire de Gaza une fois le Hamas éliminé, même temporairement ? Israël a déjà eu l’expérience de l’occupation du territoire et n’en garde pas de bons souvenirs. Une nouvelle occupation n’est sûrement pas le souhait des militaires. Mais peut-on laisser deux millions de personnes en déshérence ? C’est prendre le risque de faire émerger pire encore que le Hamas du point de vue d’Israël.

En 1957, David Ben Gourion, le fondateur de l’État hébreu, cité dans les mémoires d’un ancien ambassadeur de France en Israël, Alain Pierret, estimait que « la bande de Gaza est un malheur pour tout régime, quel qu’il soit, que ce soit un régime israélien, un régime israélien plus l’ONU, ou un régime de l’ONU sans Israël ». C’était il y a 66 ans, mais est-ce vraiment différent ?

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