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Mycoplasma pneumoniae : la France doit-elle craindre une épidémie d’infections respiratoires ?

Fièvre, fatigue, nez qui coule et toux sèches sont les premiers symptômes. Ils peuvent progresser vers une détresse respiratoire au bout de quelques semaines.
Fièvre, fatigue, nez qui coule et toux sèches sont les premiers symptômes. Ils peuvent progresser vers une détresse respiratoire au bout de quelques semaines. Rido - stock.adobe.com

La bactérie liée à une épidémie de pneumonies infantiles en Chine circule aussi en France de façon inhabituelle. Tous les systèmes de surveillance sont déployés.

En Chine, une épidémie de pneumonies infantiles semble liée à des contaminations par Mycoplasma pneumoniae, une bactérie bien connue des infectiologues. La France risque-t-elle à son tour d’être touchée par une semblable vague épidémique? En tout cas, la bactérie circule déjà sur le territoire, car les spécialistes remarquent déjà une recrudescence des cas de «pneumopathies atypiques». Une hausse inhabituelle des passages aux urgences, en particulier chez les jeunes, fait craindre une «flambée épidémique». La Direction générale de la Santé a alerté la semaine dernière les professionnels de santé sur une «recrudescence inhabituelle de cas», certains «nécessitant une hospitalisation chez les adultes et les enfants».

«Depuis le mois d'avril il y a une augmentation de la circulation de Mycoplasma pneumoniae dans le monde, en Asie notamment mais aussi en Europe. Que ce soit en ville ou dans les milieux ruraux, on enregistre en effet une augmentation du nombre d'hospitalisations dans l'Hexagone», confirme le Dr Alexandre Bleibtreu, membre de la société de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF). Rien que la semaine dernière, 2150 passages aux urgences pour des pneumopathies ont été enregistrés par SOS Médecins pour les moins de 15 ans. Depuis dix ans, ce chiffre n'avait jamais été atteint pour ce type d'infection pulmonaire.

Détresse respiratoire

Si les adultes sont aussi touchés, 30% des cas de pneumonies induites par Mycoplasma pneumoniae surviennent chez les très jeunes. Jusqu'à 50% pour la tranche des 5 à 15 ans. La transmission se fait par gouttelettes ou par contact direct avec une personne infectée. «Fièvre, fatigue, nez qui coule et toux sèches sont les premiers symptômes. Cela peut progresser vers une détresse respiratoire au bout de quelques semaines, qui signe l'installation de la pneumonie atypique ou pneumopathie atypique par opposition à la pneumonie à pneumocoque», décrit le Dr Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon de Paris.

Dans les cas les plus graves, l'infection par mycoplasme évolue en dehors des poumons sous formes cutanées ou encore neurologiques. Cependant, pas de panique. «Il est trop tôt pour parler d'épidémie», rassure Gilles Pialoux. «Nous ne sommes pas dans une situation similaire au Covid. C'est simplement la réémergence d'un pathogène connu», renchérit le Dr Bleibtreu.

Une faible immunité de la population

La bactérie Mycoplasma pneumoniae circule régulièrement sur le territoire français mais de façon minoritaire par rapport à d'autres infections pulmonaires telles que la grippe ou la bronchiolite. «Généralement, ce pathogène devient épidémique tous les 5 à 7 ans. La dernière grande épidémie en Europe a eu lieu en 2019. Elle avait majoritairement touché les pays du Nord, en épargnant la France», explique Alexandre Bleibtreu. Pendant la pandémie de Covid-19, l'agent infectieux avait également fait profil bas. Mais, contrairement à d'autres pathogènes respiratoires, il n'était pas réapparu en force après le déconfinement.

Comment alors expliquer sa présence anormale sur l'ensemble du territoire ? «À l’heure actuelle personne ne le sait», admet le Dr Pialoux. Puisque la bactérie n'a pas circulé de façon épidémique depuis dix années, il est fort probable que l'immunité humaine pour ce pathogène ait baissé. «On est face à une population qui n'a pas eu de réponse immunitaire depuis des lustres et donc peu équipée pour se défendre», insiste le médecin. À cela, s'ajoute un relâchement apparent des Français sur les gestes barrières. Néanmoins, souligne le Dr Bleibtreu, il est possible qu'un nouveau variant de cette bactérie se diffuse sur le territoire. Aucune information ne permet de le confirmer pour le moment et cette hypothèse reste «très peu probable».

Le risque de résistance bactérienne

L'autre question qui taraude les infectiologues concerne les risques de résistance bactérienne. Habituellement, les pneumopathies sont traitées à l'aide d'une famille d'antibiotiques, les macrolides. «Or on n'a pas d'information sur le taux de résistance aux antibiotiques. On était à 10% il y a quelques années mais nous ne disposons actuellement pas assez d'information pour le mesurer faute de circulation de la bactérie», indique Gilles Pialoux.

Les instances sanitaires françaises restent donc sur leurs gardes. Un système de surveillance est actuellement déployé sur l'ensemble du territoire pour recenser les nouveaux cas et connaître l'ampleur de la propagation. Si la hausse des pneumopathies venait à se confirmer et à perdurer, les autorités pourraient être amenées à déclencher l'alerte. Mais nous n'en sommes pas encore là. Les gestes barrières et le port du masque restent fortement conseillés pour ne pas tomber malade.

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4 commentaires
  • anonyme

    le

    Le catastrophisme permanent entretenu par les médias à la solde du gouvernement qui n’a de cesse que de faire vivre sa population dans l’insécurité permanente devrait être condamné par la loi

  • figminou

    le

    Effectivement une hécatombe dans les écoles primaires. C'est louche.

  • Martin Fier

    le

    Ursula Vend des Pfizer va texter à Burla pour lui commander un milliard de dose en préventif

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