Info franceinfo Accusations d'incitation au suicide : quatre nouvelles familles vont assigner le réseau social TikTok en justice

Parmi ces assignations en justice, deux concernent des jeunes filles de 12 et 16 ans qui ont mis fin à leurs jours. Au total, ce seront donc onze familles qui reprochent à la plateforme de ne pas avoir modéré des contenus en lien avec le suicide, l’automutilation et les troubles alimentaires.
Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le logo de l'application TikTok sur l'écran d'un smartphone, en 2021. (LOIC VENANCE / AFP)
Le logo de l'application TikTok sur l'écran d'un smartphone, en 2021. (LOIC VENANCE / AFP)

Quatre nouvelles familles vont assigner TikTok en justice, reprochant au réseau social et à son algorithme d'avoir exposé leurs enfants à des contenus qui les ont mis en danger, a appris jeudi 6 mars franceinfo auprès de leur avocate, Laure Boutron-Marmion.

En novembre dernier, franceinfo révélait déjà que sept familles avaient déposé un recours collectif contre le réseau social devant le tribunal judiciaire de Créteil. À celles-ci vont s'ajouter quatre nouvelles familles. Tous ces parents accusent TikTok d'exposer les enfants à de nombreuses vidéos faisant la promotion du suicide, de l'automutilation ou encore des troubles alimentaires.

Parmi ces quatre nouvelles assignations en justice, deux concernent des jeunes filles de 12 et 16 ans qui ont mis fin à leurs jours. Deux autres concernent des adolescents en état de dépression. Ces onze familles, représentées par leur avocate Laure Boutron-Marmion, estiment que TikTok a commis une faute grave : ne pas avoir modéré des contenus en lien avec le suicide, l’automutilation et les troubles alimentaires. Elles reprochent aussi à la plateforme une négligence, pour ne pas avoir mis en place un système de modération empêchant les mineurs d’être confrontés à ce type de contenus.

Un futur débat contradictoire

Ces parents ne comprennent pas non plus pourquoi TikTok n’avertit pas les utilisateurs sur le caractère addictif de son application. Les adolescentes sont tombées, selon leurs familles, dans l’engrenage de l’application et de son puissant algorithme. Ces vidéos ont alimenté leur mal-être, ajoutent-elles, et ont entraîné la dégradation de leur état de santé mentale et physique, avec le suicide de quatre d’entre elles.

"La procédure que nous avons lancée en novembre dernier est en cours", déclare auprès de franceinfo l'avocate de ces familles, Laure Boutron-Marmion. "Nous aurons un débat contradictoire puisque Tiktok a choisi de se constituer en défense avec une avocate, poursuit-elle. Ce n’était pas obligatoire, TikTok aurait pu choisir de faire la sourde oreille et nous aurions eu une procédure par défaut. Les victimes sont évidemment ravies de cette nouvelle, parce que l’une des ambitions de ce recours, c’est d’avoir des réponses, d’obtenir des postures claires, ce que TikTok n’a jamais fait jusqu’alors". "De nombreux parents me contactent régulièrement pour me demander de l’aide", explique l’avocate, qui rappelle que d’autres peuvent encore le faire via le collectif Algos victima.

Contacté par franceinfo, l’avocat parisien du réseau social ne fait pas de commentaire à ce stade. TikTok assure simplement qu'il veille à protéger les plus jeunes. La semaine prochaine, l'Assemblée nationale doit se prononcer sur la création d'une commission d'enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs.

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