Climat : le G7 promet « d'accélérer » la sortie des énergies fossiles
Réunis au Japon ce week-end, les ministres de l'Energie et de l'Environnement des 7 pays concernés ont reconnu l'urgence à agir, sans toutefois fixer une date. Ils ont aussi promis de réduire à zéro leur pollution plastique d'ici à 2040.
Par Anne Feitz
Une avancée, mais pas de date, ni d'engagement ferme. Réunis ce week-end à Sapporo, au Japon, les ministres de l'Energie et de l'Environnement des pays du G7 ont reconnu le besoin urgent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, de 43 % d'ici à 2030 et de 60 % d'ici à 2035, par rapport à 2019, dans un communiqué de 37 pages publié dimanche.
Un objectif en ligne avec le dernier rapport du Giec, qui insiste à nouveau sur la nécessité absolue de limiter le réchauffement climatique pour éviter toute une série de conséquences dramatiques : le seuil de +1,5 °C avancé dans l'accord de Paris risque d'être atteint dès 2030 ou 2035, a alerté le groupe de scientifiques en mars.
Conclusions en demi-teinte
Ce communiqué commun était très attendu, car il servira de base à la prise de position des pays industrialisés lors du G20 en septembre en Inde, et de la COP 28, qui doit se réunir en novembre à Dubaï.
Il reste toutefois en demi-teinte. Les ministres des 7 pays concernés (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada), qui ont réitéré leur volonté d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, et de décarboner « totalement ou majoritairement » leur mix énergétique d'ici à 2035 (un objectif déjà annoncé l'an dernier), se sont simplement engagés à « accélérer » leur sortie des énergies fossiles.
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« C'est une avancée importante, après l'échec de la COP 27 sur ce point à la fin de l'an dernier », a commenté Agnès Pannier-Runacher, la ministre française de la Transition énergétique, qui participait à la réunion.
Pas de date de sortie du charbon
Beaucoup avaient cependant espéré davantage. Même s'ils ont insisté sur la nécessité de ne plus construire de nouvelles centrales au charbon dans le monde - un message clairement adressé à la Chine -, les ministres n'ont pas réussi à fixer une date limite pour la sortie du charbon. C'était l'un des grands objectifs des pays les plus volontaires, comme le Royaume-Uni et le Canada, soutenus notamment par la France, qui avaient espéré la fixer à 2030.
Ils n'ont pas obtenu gain de cause, sous la pression des Etats-Unis et surtout du Japon, soucieux de sa sécurité énergétique bouleversée par le déclenchement de la guerre en Ukraine. Le Japon a aussi tenté (en vain) de faire avaliser par le G7 sa stratégie d'investissement dans le gaz, ou de faire reconnaître comme « propres » les centrales thermiques alimentées par de l'hydrogène et de l'ammoniac.
Ambitions dans les renouvelables
Alors que les ONG ont largement déploré la position du Japon, qui en réduisant les ambitions du G7, risque de retarder l'atteinte de l'objectif de l'accord de Paris, d'autres ont préféré retenir les engagements affichés dans les énergies renouvelables : les ministres ont promis d'augmenter, d'ici à 2030, leurs capacités de 150 gigawatts dans l'éolien en mer, et de 1 térawatt dans le solaire photovoltaïque. « Cela revient à les multiplier par six dans l'éolien offshore et par 2,4 dans le solaire, entre 2023 et 2030 », s'est félicité Dave Jones, du think tank Ember.
Les pays du G7 se sont aussi engagés dimanche à réduire leur pollution plastique à zéro d'ici à 2040, notamment grâce à l'économie circulaire et à la réduction ou l'abandon des plastiques jetables et non recyclables. Une avancée notable alors que le plastique représente une bombe à retardement pour l'environnement, et que les Etats-Unis, le Japon et l'Italie n'avaient jusque-là pas signé de tels engagements.
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Un « signal fort », a commenté le ministre français de la Transition écologique Christophe Béchu. La France doit accueillir la prochaine session de négociation d'un traité international contraignant sur le plastique fin mai.
Enfin, le G7 a confirmé son engagement à réunir, avec les autres pays développés, 100 milliards de dollars par an pour aider les pays du Sud à financer leur transition écologique. Une promesse qui remonte à 2009, et qui n'est toujours pas tenue. Un sommet sur le sujet est, là aussi, prévu à Paris, fin juin. Il sera crucial pour la réussite de la COP 28.
Anne Feitz