“Les dirigeants politiques, les commandants militaires et les personnes occupant des postes officiels en Israël ont systématiquement et explicitement déclaré leur intention génocidaire. Ces déclarations sont ensuite répétées par les soldats sur le terrain à Gaza, alors qu’ils se livrent à la destruction des Palestiniens et des infrastructures.”

“Israël a déployé 6 000 bombes par semaine… Personne n’est épargné. Pas même les nouveau-nés. Les chefs de l’ONU ont décrit cette zone comme un cimetière d’enfants. Rien n’arrêtera les souffrances, sauf un ordre de cette cour.”

Ces déclarations, toutes deux relayées par le média qatari Al-Jazeera, ont respectivement été prononcées par Tembeka Ngcukaitobi et Adila Hassim, deux avocats qui représentent l’Afrique du Sud dans la plainte que ce pays a présenté contre Israël, qu’elle accuse de génocide à Gaza. Des phrases extrêmement fortes, qui représentent bien l’ambiance qui régnait ce jeudi 11 janvier à la Cour internationale de justice (CIJ), l’organe des Nations unies qui entendait les raisons exposées par Pretoria.

Comme le rapporte The Guardian dans un direct sur son site, “à La Haye [où se trouve la CIJ], des manifestations propalestiniennes et pro-israéliennes ont eu lieu”, ce qui illustre l’importance de cette plainte dans la bataille des opinions et d’un point de vue médiatique.

Mais, plus concrètement, analyse de son côté Ha’Aretz, même s’il est possible que le jugement du cas dans son ensemble prenne plusieurs années, l’Afrique du Sud a demandé à la Cour de prendre des “mesures provisoires”, et sur celles-ci, la CIJ pourrait “répondre en quelques semaines”, prévient le média de Tel-Aviv. Voilà pourquoi, explique ce journal de gauche, “bien qu’Israël considère généralement les tribunaux des Nations unies et les tribunaux internationaux comme partiaux à son égard, il prend ces accusations très au sérieux et déploie une équipe juridique solide pour défendre ses opérations militaires”.

“Le monde à l’envers”

Cette défense commencera officiellement demain auprès de la Cour, mais au vu de l’écho médiatique qu’ont eu les déclarations sud-africaines, les politiques israéliens ont tenu à réagir dès aujourd’hui, à l’image de Benyamin Nétanyahou, dont les mots prononcés ce 11 janvier sont relayés par le média italien La Repubblica.

“Aujourd’hui, nous voyons de nouveau le monde à l’envers : l’État d’Israël est accusé de génocide alors qu’il combat le génocide”, a ainsi rétorqué le Premier ministre de l’État hébreu, tandis qu’un de ses prédécesseurs à ce poste, Naftali Bennett, s’est lui fendu de la déclaration suivante, toujours rapportée par le quotidien romain :

“Ce procès, c’est l’affaire Dreyfus du XXIe siècle, un spectacle d’hypocrisie et d’antisémitisme. […] Honte à ceux qui prennent part à cette farce.”

Des échanges qui laissent présager une deuxième journée qui tout aussi tendue, le vendredi 12 janvier, et qui sera sans doute tout autant suivie par la presse internationale.