D’ici à la fin de l’année, TotalEnergies devrait relancer son mégaprojet de production de gaz naturel liquéfié Mozambique LNG, deux ans et demi après l’avoir suspendu pour « force majeure ». Le 24 mars 2021, Al-Chabab, un groupe terroriste affilié à l’organisation Etat islamique, avait semé la terreur dans la province de Cabo Delgado où est implanté le projet, dans la péninsule d’Afungi, à 10 km de la ville portuaire de Palma. L’attaque avait fait plus de 1 400 morts ou portés disparus, selon l’estimation la plus récente, hommes, femmes et enfants, tués par balle, noyés ou décapités.
« La situation sécuritaire s’est clairement améliorée », a déclaré le 27 septembre le président-directeur général (PDG) du grand groupe français de l’énergie, Patrick Pouyanné, tourné vers l’avenir et la relance des travaux. Opérateur d’un projet à 19 milliards d’euros, TotalEnergies en est l’actionnaire majoritaire, à hauteur de 26,5 %. L’extraction du gaz doit débuter
Mais le passé rattrape TotalEnergies. Selon les informations du Monde, une plainte a été déposée, lundi 9 octobre au tribunal judiciaire de Nanterre, pour « homicide involontaire » et « non-assistance à personne en danger », lors de l’attaque de Palma. Formée par sept plaignants sud-africains et britanniques, dont trois rescapés de l’attaque et quatre proches de victimes, cette « plainte contre TotalEnergies et X » vise les activités du groupe français et de sa filiale mozambicaine, Total E & P Mozambique. Ils sont accusés d’avoir manqué à leur devoir de protection des sous-traitants du projet et, une fois l’attaque lancée, de sauvetage des personnes en danger immédiat de mort. « L’enquête permettra de déterminer si d’autres personnes morales ou physiques peuvent être mises en cause », dit la plainte.
Risque maximal
Comme dans tous les projets pétrogaziers, les prestataires jouent ici un rôle central : Total E & P Mozambique sous-traite les travaux de construction de l’usine de liquéfaction du gaz naturel au consortium CCS JV, qui sous-traite à son tour une partie des travaux à d’autres sociétés. Or, face à la menace djihadiste, le PDG de TotalEnergies s’était, certes, employé à renforcer la sécurité du site pour créer un « large périmètre » de sécurité autour d’Afungi et mobiliser 7 500 soldats de l’armée mozambicaine. Mais le groupe français s’était concentré sur l’évacuation de son personnel, laissant les sous-traitants face à un risque maximal. « Aucun plan d’évacuation n’avait été prévu pour eux, dénoncent les plaignants. Et TotalEnergies n’est pas intervenu pour venir en aide à ceux qui se sont retrouvés piégés. »
Il vous reste 71.77% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.