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Meurtre du policier Éric Masson: Ilias Akoudad condamné à 30 ans de réclusion criminelle

Après presque trois ans de dénégations, Ilias Akoudad a avoué pendant son procès avoir tiré sur Éric Masson, disant l'avoir pris pour un rival. Le policier avait été tué sur un point de deal en mai 2021.

Ilias Akoudad, un jeune homme qui a reconnu au début de son procès avoir tiré sur le brigadier Éric Masson, tué en mai 2021 sur un point de deal à Avignon, a été condamné ce vendredi 1er mars par la cour d'assises du Vaucluse à 30 ans de réclusion criminelle, avec une peine de sûreté de 20 ans pour "meurtre sur une personne dépositaire de l'autorité publique". Le jeune homme a également été condamné pour tentative de meurtre sur le collègue d'Eric Masson.

La peine prononcée est bien moins lourde que les réquisitions mais elle retient la circonstance aggravante, à savoir le fait d'avoir tiré sur des policiers. Un point qui était très important pour la famille d'Eric Masson, brigadier et père de famille de 36 ans, et pour ses collègues policiers.

"Verdict d'apaisement"

Jeudi, l'avocate générale Florence Galtier avait en effet requis et justifié une peine de réclusion criminelle à perpétuité face à la "dangerosité" de l'accusé et pour en "protéger la société". La magistrate avait également réclamé que la peine de sûreté, période pendant laquelle le condamné ne peut faire aucune demande d'aménagement ou de libération, soit portée à 22 ans. Une décision exceptionnelle qui devait être motivée spécialement par la cour d'assises.

"C'est un verdict qui n'est pas un verdict d'élimination (...) La cour d'assises a estimé (...) que bien évidemment M. Akoudad devait un jour pouvoir recouvrer la liberté. C'est une décision courageuse et aussi remplie d'humanité", a salué Me Frank Berton, l'avocat de l'accusé. "C'est quelque chose d'important que cette perpétuité n'ait pas été prononcée. Même si la condamnation est lourde, ça peut être un verdict d'apaisement."

"La sanction prend en compte à la fois la gravité des faits, 30 ans de réclusion criminelle, ce n'est pas rien, c'est l'une des peines les plus lourdes, a réagi Me Philippe Expert, l'avocat des proches d'Eric Masson. La période des deux tiers de sûreté va faire en sorte que l'intéressé ne retrouve pas la liberté avant cette période, c'est quand même un verdict sévère."

"Justice a été rendue", a commenté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur X (ex-Twitter) après le verdict.

Aveux partiels

Un point en particulier a cristallisé les débats lors de ce procès. Ilias Akoudad, 22 ans, allait-il changer de versions après trois ans de dénégations et alors que tout l'incriminait? Le procès a en effet été marqué par les aveux du principal accusé en début de semaine, demandant également "pardon". "Oui, c'est moi qui ai tiré sur Éric Masson", a-t-il reconnu alors qu'il était questionné par l'un de ses avocats Me Frank Berton.

Autre point crucial, notamment pour la peine. L'accusé était-il conscient que sa victime était un policier, en civil, mais en service? "Je ne savais pas que c'était un policier, je pensais à une transaction", a insisté Ilias Akoudad alors que les débats ont longuement porté sur le fait que le policier portait ou non, et de manière visible, le brassard "police" ce 5 mai 2021 lors de cette opération de surveillance sur un point de deal dans une rue d'Avignon.

"C'est de la vengeance ou de la justice"

Pour l'accusation, Eric Masson a été "exécuté sans sommation, par un individu ivre de violence, fier du geste accompli". Et pour elle, les aveux partiels du jeune homme, en plein procès, ont été "parfaitement orchestrés": il était "absolument impossible" de prendre ces deux policiers pour des dealers concurrents, a insisté l'avocate générale devant une salle comble de policiers et de robes noires venues écouter les plaidoiries d'une affaire très médiatisée.

Face à des témoignages divergents, la cour dispose-t-elle de "suffisamment d'éléments" pour affirmer qu'il a bien montré son brassard ou crié 'police' avant qu'on ne lui tire dessus, s'était interrogée Me Elise Arfi, l'avocate d'Ilias Akoudad. "Soit c'est de la vengeance, soit c'est de la justice", a plaidé son autre avocat, le ténor lillois Me Frank Berton, appelant à ne pas "emmurer vivant" Ilias Akoudad.

Deux amis d'Ilias Akoudad étaient jugés à ses côtés pour "recel de malfaiteurs". Ils ont été condamnés à trois ans de prison avec mandat de dépôt et deux ans de prison sans mandat de dépôt.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV