Peine de mort aux États-Unis : un prisonnier exécuté par inhalation d'azote, l'Alabama salue un acte "historique"

Publié le 26 janvier 2024 à 7h39, mis à jour le 26 janvier 2024 à 11h15

Source : TF1 Info

Condamné à la peine capitale pour meurtre en 1996, Kenneth Eugene a été mis à mort jeudi 25 janvier.
Si l’État d’Alabama affirme avoir "accompli quelque chose d’historique", les Nations unies avaient dénoncé "un mode d'exécution inédit et non testé".
Privé d’oxygène, le détenu a succombé 29 minutes après le début de l’exécution.

C’était la première exécution de l’année aux États-Unis. Mais c’était surtout la première fois depuis plus de 40 ans qu’un mode d'exécution inédit était utilisé dans ce pays. Un détenu de l’Alabama a été mis à mort par inhalation d’azote au pénitencier d'Atmore ce jeudi 25 janvier, une technique de privation d’oxygène assimilée à une forme de "torture" par les Nations unis. L’État d’Alabama, par la voix de son procureur général Steve Marshall, s’est félicité d’avoir "accompli quelque chose d’historique". "Justice a été rendue", a-t-il déclaré.

Kenneth Eugene Smith, 58 ans, a été condamné en 1996 pour le meurtre d’Elizabeth Sennett commandité par son mari huit ans plus tôt. "Il ne s'est rien passé ici aujourd'hui qui puisse ramener maman. Rien", a réagi Mike Sennett, l’un des enfants de la victime lors d’une conférence de presse. "Nous sommes heureux que cette journée soit terminée (…). Kenneth Smith a pris de mauvaises décisions il y a 35 ans, et sa dette a été payée ce soir", a-t-il ajouté, cité par CNN

Ce soir, l'Alabama a fait faire un pas en arrière à l'humanité
Kenneth Smith avant son exécution

Le condamné à mort est décédé 29 minutes après le début de l’exécution. Il "a commencé se tordre et à se débattre pendant approximativement deux à quatre minutes, suivies d'environ cinq minutes de respiration bruyante", a rapporté le média local AL.com se fondant sur des témoins. Le condamné semble avoir "retenu sa respiration aussi longtemps qu'il le pouvait", a indiqué aux journalistes le commissaire de l'administration pénitentiaire de l'Alabama, John Hamm.

Son ultime appel a été rejeté quelques heures avant son exécution. Après avoir pris un dernier repas composé d’un steak, de galettes de pommes de terre et d’œufs, Kenneth Smith a pris une dernière fois la parole. "Ce soir, l'Alabama a fait faire un pas en arrière à l'humanité (...). Je m'en vais avec amour, paix et lumière (...). Merci de m'avoir soutenu. Je vous aime tous", a-t-il dit selon les journalistes présents. L'Union européenne a déploré cette exécution "particulièrement cruelle" et affirmé son opposition à la peine de mort "en toutes circonstances"

Mêmes regrets du côté du Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, qui rappelle "les sérieuses inquiétudes sur le fait que cette méthode non éprouvée de suffocation par l'azote pourrait constituer de la torture ou un traitement cruel, inhumain ou dégradant". "La peine de mort est incompatible avec le droit fondamental à la vie (...) Je demande à tous les Etats d'imposer un moratoire sur son utilisation, comme étape en vue de son abolition universelle", a réagi Volker Turk. Seuls trois États américains, dont l’Alabama, autorisent l’exécution par inhalation d’azote, dans laquelle le décès est provoqué par une raréfaction d'oxygène. La peine de mort a été abolie dans 23 États, tandis que six autres observent un moratoire pour son application sur décision du gouverneur.


La rédaction de TF1info

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