Contrôle du point de passage de Rafah par Israël : pourquoi ce poste-frontière est-il aussi important ?

L’armée israélienne a pris le contrôle du point de passage de Rafah ce mardi, qui permet notamment l’acheminement de l’aide humanitaire pour les Gazaouis. Mais Tsahal soupçonne le Hamas de faire circuler des armes par des tunnels construits en dessous.

L’armée israélienne a pris le contrôle du point de passage de Rafah. L’Unrwa a appelé à laisser l’aide humanitaire transiter par le passage du Rafah. AFP/Giuseppe Cacace
L’armée israélienne a pris le contrôle du point de passage de Rafah. L’Unrwa a appelé à laisser l’aide humanitaire transiter par le passage du Rafah. AFP/Giuseppe Cacace

    C’était une porte d’entrée pour l’aide humanitaire, voire de sortie pour les civils fuyant la guerre. L’armée israélienne a annoncé ce mardi avoir pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage de Rafah entre la bande de Gaza et l’Égypte.

    Dimanche, des roquettes tirées par la branche armée du Hamas depuis les lieux ont tué quatre soldats israéliens et fait une dizaine de blessés. Tsahal avait demandé lundi aux habitants de la ville, où sont réfugiés plus d’un million de Palestiniens, « d’évacuer temporairement » certains quartiers.



    Jusque-là, ce poste-frontière était contrôlé par le Hamas. Mais les Israéliens soupçonnent le mouvement islamiste de faire circuler des armes par des tunnels sous Rafah. « Nous avions des indices, parmi lesquels les tirs » de roquettes dimanche, « mais aussi du renseignement que la partie gazaouie du point de passage de Rafah (…) était utilisé par le Hamas à des fins terroristes », a expliqué l’armée.

    « C’est un lieu stratégique, explique Elizabeth Sheppard-Sellam, directrice du programme de relations internationales et politiques à l’Université de Tours. En 2005, quand l’armée israélienne s’était retirée de Rafah après des semaines de fermeture du passage, elle avait dit qu’il fallait en garder le contrôle ». Selon elle, un des objectifs de Tsahal est maintenant de « désarmer le Hamas et vérifier que les membres de l’organisation restent dans l’enclave pour les trouver ».

    La question de l’aide humanitaire au cœur des inquiétudes

    « C’est le récit habituel décidé par le pouvoir politique. Ce n’est pas parce qu’ils trouvent trois tunnels qu’ils ont détruit le Hamas », nuance Guillaume Ancel, ancien officier et auteur du livre « Saint-Cyr, à l’école de la Grande Muette » (Éd. Flammarion). Pour lui, prendre le contrôle de ce passage permet surtout à l’armée israélienne « de verrouiller le territoire ».

    Rafah est aussi le point d’entrée principal de l’aide humanitaire pour Gaza. L’armée a largué des tracts appelant les habitants à évacuer « vers la zone humanitaire élargie d’al-Mawasi », à une dizaine de kilomètres de Rafah. Des habitants et des organisations humanitaires décrivent des secteurs déjà surpeuplés ou détruits par la guerre. Selon Guillaume Ancel, cette prise de contrôle donne la possibilité à Tsahal de fermer le poste-frontière dans les deux sens pour éviter « d’éventuels départs vers l’Égypte », tout en interdisant « toute rentrée d’aide humanitaire ».



    Ce mardi, l’ONU s’est vue interdire par Israël l’accès au point de passage, selon un porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires. L’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, a de son côté appelé à laisser l’aide humanitaire transiter par le passage du Rafah.