La rébellion avortée du groupe Wagner en Russie samedi dernier a révélé la fragilité de certains proches de Vladimir Poutine. Le chef des mercenaires, Evgueni Prigojine, à l’origine de la révolte, multipliait depuis plusieurs mois des invectives à l’encontre du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, le tenant responsable de l’incapacité des forces russes à progresser en Ukraine. La veille de l’insurrection, le chef de Wagner accusait l’armée russe de frappes meurtrières contre ses miliciens et réclamait la démission du ministre.

Depuis, le siège de ce dernier semble éjectable. Sergueï Choïgou était pourtant l’un des hommes clés du régime, parmi les plus proches du président qui lui vouait une confiance absolue. Ministre de la Défense depuis 2012, il s’était illustré avec le succès de l’annexion de la Crimée en 2014 et de son intervention en Syrie l’année suivante pour se porter à la rescousse du président syrien. Sa popularité auprès des Russes lui donnait des chances de succéder à Poutine.

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Mais sa carrière politique pourrait être écourtée après les événements de ce week-end. En s’emparant du quartier général du commandement sud de l’armée russe à Rostov-sur-le-Don, centre névralgique de l'invasion de l'Ukraine, Prigojine a accusé Choïgou de fuir “comme un lâche” et juré qu'il “serait arrêté”. Poutine avait lui-même fait preuve d’un certain mépris à l’égard de son ministre lors d’une récente remise de médailles le 12 juin dernier. Des rumeurs désignent Alexeï Dioumine, qui a occupé des postes de haut niveau dans l’armée et la sécurité présidentielle, comme potentiel successeur.

Une garde très rapprochée : les “siloviki”

Les revers des derniers mois en Ukraine ont accentué la paranoïa de Poutine, qui resserre les rangs de sa garde rapprochée. Il s’appuie donc sur un cercle plus proche et restreint que jamais, pour prendre ses décisions. Ce sont les “siloviki”, ces oligarques à la tête de l’armée et du renseignement, issus, pour la plupart, du KGB de Saint-Pétersbourg où il a lui-même fait ses armes.

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Nikolaï Patrouchev Secretary of Defense/Wikimedia

Nikolaï Patrouchev, que beaucoup nomment “l’homme de l’ombre du président”, est l’actuel secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, principal organe consultatif du Kremlin. Les deux hommes se sont connus au KGB dans les années 1970. Quand Vladimir Poutine accède au pouvoir en 1999, il nomme Patrouchev à la direction du FSB, héritier du KGB. Nostalgique de la grande URSS, il partage la vision du monde de Poutine et a vivement soutenu l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, puis celle de l’Ukraine en février 2022. L’expert britannique Mark Galeotti, cité par le Figaro, le qualifie d’“homme le plus redoutable de Russie”. Certains le désignent comme le successeur potentiel du chef du Kremlin.

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Sergueï Narychkine Государственная дума Российской Федерации/Wikimedia

Vient ensuite Sergueï Narychkine, également ancien du KGB, qui occupe aujourd’hui le poste de directeur des services de renseignement extérieur de la Fédération de Russie, connu sous le nom de SVR. Le SVR est l'agence de renseignement extérieur russe responsable de la collecte d'informations à l'étranger. Il a récemment été humilié publiquement par son chef devant les caméras de télévision russes.

Valéri Guerassimov Министерство Обороны Российской Федерации/Wikimedia
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Le président russe peut aussi compter sur Valeri Guerassimov, chef d’Etat-Major des armées russes et vice-ministre de la Défense depuis 2012. Théoricien militaire de renom, il conseille Vladimir Poutine sur les questions de défense et de sécurité nationale. Guerassimov est associé à la formulation et à la mise en œuvre de la doctrine militaire russe connue sous le nom de “guerre hybride” ou “guerre non linéaire”, qui combine différents instruments, tels que les forces conventionnelles, l'information, la désinformation (même en temps de paix), pour atteindre les objectifs stratégiques russes.

Alexandre Bortnikov http://www.kremlin.ru/Wikimedia

Autre soutien proche de Poutine, Alexandre Bortnikov, lui aussi issu du KGB. Il est l’actuel directeur du FSB et avait ouvert, dès vendredi 23 juin, une enquête contre Prigojine pour “appel à la mutinerie armée”. En plus de son rôle au sein du FSB, il est membre du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, un organe consultatif qui conseille le président sur les questions de sécurité nationale. Sa carrière pourrait être remise en question par la faillite du renseignement russe dans les opérations militaires menées en Ukraine.

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Igor Setchine Dyor, STRF.ru/Wikimedia

Igor Setchine est une figure clé de la politique russe et bénéficie lui aussi d’un lien privilégié avec Vladimir Poutine. Surnommé Richelieu – dit son influence auprès du chef de l’État –, il est aujourd’hui directeur général de la plus grande société pétrolière de Russie, Rosneft. Sous sa direction, Rosneft est devenue une entreprise majeure sur la scène énergétique mondiale, avec des investissements importants dans l'exploration, la production et le raffinage du pétrole. Sa position à la tête de Rosneft lui donne un pouvoir considérable et une influence significative dans les décisions économiques et politiques du pays. Son amitié avec Poutine remonte à l'époque où Poutine était maire adjoint de Saint-Pétersbourg dans les années 1990. Setchine a été décrit comme le bras droit de Poutine dans le secteur de l'énergie et il est souvent considéré comme un membre clé de son cercle rapproché.

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Enfin, "l'oligarque préféré de Poutine", selon l’homme d'affaires russo-ouzbèke Alicher Ousmanov : Sergueï Tchemezov. Il a rencontré le président alors qu’il travaillait comme agent secret pour le KGB à Dresde en Allemagne, dans les années 1980. Depuis 2007, il dirige l’entreprise Rostec, conglomérat d'entreprises qui regroupe plusieurs sociétés russes actives dans des domaines tels que l'aérospatiale, la défense, l'électronique, l'ingénierie, ou les technologies de l'information. Sous la direction de Tchemezov, la compagnie est devenue un acteur majeur de l'industrie de la défense en Russie.