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Elections, heurts, candidats : ce qu’il faut savoir sur la crise politique au Sénégal

Le Sénégal, réputé comme un îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest, est en proie à de vives tensions depuis que le président Macky Sall a annoncé samedi, quelques heures avant l'ouverture de la campagne, le report de la présidentielle prévue le 25 février.

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La décision de reporter l’élection présidentielle prise par Macky Sall plonge le Sénégal dans l'inconnu et fait craindre une ébullition. Elle a causé un tollé et donné lieu à de premiers rassemblements réprimés dimanche.

On vous aide à comprendre pourquoi.

Plus de 60 ans de « stabilité »

Tout d’abord il s’agit d’une décision sans précédent depuis l’indépendance en 1963. Le Sénégal n'a jamais connu de coup d'Etat, une rareté sur le continent africain.

Ce précédent suscite l'inquiétude à l'étranger. La Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), les Etats-Unis, l'Union européenne, la France, partenaires importants du Sénégal, ont demandé de travailler à une nouvelle date.

Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a appelé les Sénégalais à régler leur différend politique par la concertation, l'entente et le dialogue, et demandé aux autorités d'organiser dans les meilleurs délais les élections, dans la transparence, la paix et la concorde nationale.

La genèse de ce report

Le président Macky Sall a invoqué le grave conflit qui a éclaté entre le Conseil constitutionnel et l'Assemblée nationale après la validation définitive par la juridiction de vingt candidatures et l'élimination de plusieurs dizaines d'autres. Il a allégué du risque de contestation pré- et post-électorale et de nouveaux heurts comme en 2021 et 2023.

En juin l’année dernière, le gouvernement avait suspendu l’accès à l’internet, dans un contexte de crise politique. La mesure est devenue un moyen de riposte courant pour endiguer la mobilisation et la communication via les réseaux sociaux.

Débat à l’assemblée

Les députés doivent débattre d'une proposition de loi constitutionnelle qui reporterait le scrutin de six mois maximum, au cours d'une séance anticipée comme un moment crucial.

L'approbation requiert une majorité des trois cinquièmes des 165 députés. Elle n'est pas acquise. Le vote est prévu ce lundi dans la journée. Adoption ou rejet, la situation demeurera hautement volatile.

L'opposition a appelé à manifester devant l'Assemblée nationale, placée sous la haute protection de dizaines de gendarmes et policiers appuyés par des véhicules lourds.

Qui sont les candidats (ou ceux qui voudraient l’être)   ?

Le président sortantMacky Sall, âgé de 62 ans, termine son deuxième mandat. En juillet dernier, il a annoncé qu’il n’en briguerait pas de nouveau. L’opposition craint que sa décision vise à lui permettre de se maintenir au pouvoir plus longtemps que prévu.

Dauphin du président, le premier ministre Amadou Bâ n’est pas spécialement bien placé. Contesté dans son propre camp, il fait face à plusieurs dissidents, comme l’ancien ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, ou l’ex-Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne.

A 55 ans, Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, fait partie des candidats recalés par le Conseil consitutionnel. Sa double nationalité france-sénégalaise est un obstacle pour se présenter.

Emprisonné depuis cet été, l’opposant Ousmane Sonko a lui aussi été disqualifié par le Conseil consitutionnel. Il a toutefois nommé un successeur  : Bassirou Diomaye Faye. Problème  : ce jeune inspecteur des impôts de formation est lui aussi derrière les barreaux après avoir publié un message critique envers la justice sénégalaise.

Capitaine d’industrie à la tête de l’entreprise avicole Sedima, Anta Babacar Ngom Diack veut incarner une candidature de rupture. Elle a été interpellée ce week-end alors qu’elle lançait sa campagne sur le terrain.

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