Plus dangereuse que le tabac ou l'alcool, la pollution de l'air est la première menace mondiale pour la santé

par Annick BERGER avec AFP
Publié le 29 août 2023 à 7h54, mis à jour le 29 août 2023 à 8h03

Source : JT 13h WE

La pollution atmosphérique présente un plus grand risque pour la santé mondiale que le tabagisme ou la malnutrition infantile.
Ce sont les conclusions d'une étude publiée par l'Institut politique énergétique de l'université de Chicago.
Le danger est exacerbé dans certaines régions du monde comme en Asie ou en Afrique.

Chaque jour, un adulte inhale entre 10.000 et 20.000 litres d'air. Un air qui contient 99% d'oxygène et de diazote, mais qui transporte également des polluants d'origine naturelle ou résultant de l'activité humaine. Et ces derniers représentent un grave danger pour la santé. Ce sont en tout cas les résultats d'une étude, publiée mardi 29 août par l'Institut politique énergétique de l'université de Chicago (EPIC). Selon les chercheurs américains, la pollution atmosphérique présente ainsi un plus grand risque pour la santé humaine que le tabagisme ou l'alcoolisme. 

Selon le rapport, qui se penche sur la qualité de l'air mondiale, la pollution aux particules fines - émises par les véhicules motorisés, l'industrie et les incendies - représente "la plus grande menace externe pour la santé publique" mondiale. Cette pollution augmente le risque de développement de maladies pulmonaires, cardiaques, d'AVC ou de cancers. Selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 36% des cancers du poumon sont par exemple liés à ces émissions, 34% des AVC et 27% des maladies cardiaques.

12% des décès à l'échelle mondiale

Des données d'autant plus inquiétantes que, selon l'OMS neuf personnes sur dix sont aujourd'hui exposées à des niveaux de pollution atmosphérique à l'origine de sept millions de décès par an, soit 12% de l'ensemble des morts à travers la planète. Pour tenter de minimiser les risques, l'EPIC recommande de mettre en place un seuil d'exposition permanent aux particules fines, qui serait fixé par l'OMS. Un mécanisme qui pourrait permettre d'augmenter, selon les chercheurs, l'espérance de vie mondiale de 2,3 ans. En comparaison, la consommation de tabac réduit en moyenne l'espérance de vie mondiale de 2,2 ans et la malnutrition infantile et maternelle d'1,6 an.

Si la pollution atmosphérique est un problème sanitaire sur l'ensemble de la planète - Santé publique France estime que 40.000 personnes décèdent chaque année de la pollution de l'air en France - elle touche particulièrement certaines régions comme l'Asie du Sud. Selon les modélisations de l'EPIC, les habitants du Bangladesh pourraient ainsi gagner 6,8 ans d'espérance de vie si le niveau moyen d'exposition aux particules fines était abaissé à 5 μg/m3 - soit le niveau recommandé par l'OMS - contre 74 μg/m3 aujourd'hui. Même constat à New Delhi, la capitale de l'Inde, considérée comme "mégalopole la plus polluée du monde" avec un taux moyen annuel de 126,5 μg/m3.

Plus généralement, pointe l'étude américaine, les régions du monde les plus exposées à la pollution de l'air sont celles qui reçoivent le moins de moyens pour lutter contre ce risque. "Il y a un profond décalage entre les endroits où l'air est le plus pollué et ceux où sont déployées collectivement et mondialement le plus de ressources pour résoudre ce problème", explique à l'AFP Christa Hasenkopf, directrice des programmes sur la qualité de l'air de l'EPIC alors que le rapport de l'Institut pointe que les fonds alloués à la lutte contre la pollution de l'air ne représentent qu'une fraction infime de ceux par exemple dédiés aux maladies infectieuses. "Et pourtant, la pollution de l'air réduit davantage l'espérance de vie moyenne d'une personne en RDC (République démocratique du Congo) et au Cameroun que le VIH, le paludisme et autres", souligne le rapport.

Le danger des méga-feux

La lutte contre la pollution atmosphérique est d'autant plus urgente aujourd'hui dans le contexte du changement climatique dû aux activités humaines. La multiplication des vagues de chaleur et leur intensité croissante augmente en effet le risque de mégafeux à travers le monde, importante source de pollution atmosphérique, à l'image des taux de particules fines mesurés au Canada - notamment en Ontario et au Québec - mais aussi aux États-Unis en raison des mégafeux qui ravagent depuis des mois le nord du continent américain et notamment la forêt Boréale.

En 2021, la saison historique des incendies qu'a connue la Californie a par exemple entraîné une pollution atmosphérique dans le comté californien de Plumas de l'ordre de cinq fois le seuil limite recommandé par l'OMS.


Annick BERGER avec AFP

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