Taxe lapin : Doctolib opposé à l'empreinte bancaire obligatoire avant le rendez-vous

La plateforme Doctolib lutte contre les rendez-vous non honorés mais est opposée à une empreinte bancaire obligatoire ©AFP - Jean-Marc Barrere / Hans Lucas
La plateforme Doctolib lutte contre les rendez-vous non honorés mais est opposée à une empreinte bancaire obligatoire ©AFP - Jean-Marc Barrere / Hans Lucas
La plateforme Doctolib lutte contre les rendez-vous non honorés mais est opposée à une empreinte bancaire obligatoire ©AFP - Jean-Marc Barrere / Hans Lucas
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INFORMATION FRANCE INTER - Gabriel Attal a annoncé la mise en place d’une taxe lapin d’un montant de 5 euros pour les patients qui n’honorent pas leurs rendez-vous médicaux. Mais pour la plateforme Doctolib, pas question de demander au patient son empreinte bancaire avant de prendre un rendez-vous.

Dans les tuyaux depuis plusieurs mois, la taxe lapin a désormais un montant : 5 euros. Le Premier ministre Gabriel Attal l’a annoncé samedi dernier. Reste à définir concrètement comment prélever cette somme aux patients qui n’honorent pas leurs rendez-vous médicaux sans prévenir au moins 24 heures à l’avance (entre 6 et 10% des rendez-vous selon les différentes estimations). Selon le ministre délégué à la santé, Frédéric Valletoux, l’idée serait de demander aux patients de  renseigner leurs coordonnées bancaires en bloquant leur créneau médical sur des plateformes en ligne. Et s’ils ne se présentent pas au RDV, le médecin pourrait alors retenir la somme de 5 euros. Sauf que selon les informations de France Inter, la plateforme n’est pas favorable à cette solution.

Doctolib l’affirme, la lutte contre les rendez-vous non-honorés est une priorité depuis sa création en 2013. Grâce à des questionnaires internes, la plateforme connaît même les trois causes précises de ces lapins : l’oubli, l’annulation qui est impossible ou l’incivilité. La taxe lapin, Doctolib y est donc favorable, mais sur la forme, pas question de demander au patient son empreinte bancaire avant de prendre un rendez-vous. "Il ne faut pas créer un fardeau administratif nouveau pour les soignants et entraver l’accès aux soins", estime le cofondateur et PDG de Doctolib, Stanislas Niox-Château. "Il y a 15% des patients qui sont en situation d’illectronisme (qui n’ont pas internet ou qui ne savent pas l’utiliser correctement) et 5% qui n’ont pas de carte bancaire. C’est impensable d’entraver l’accès aux soins pour eux."

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Doctolib renvoie la balle à l’Assurance-maladie

Et pour les médecins qui ne sont pas sur les plateformes comme Doctolib [un tiers des médecins sont désormais sur cette plateforme pour gérer leurs rendez-vous. Ndlr], l’empreinte bancaire serait encore plus compliquée à mettre en place… "Comment vont faire les praticiens pour gérer la majorité des rendez-vous qui ne sont pas pris en ligne ?", s’interroge Stanislas Niox-Château. "Comment vont faire les praticiens pour gérer les plaintes des patients, les contestations des patients ? C’est inimaginable d’envisager que les secrétariats vont enregistrer des cartes bancaires…"

Pour le PDG de Doctolib, les médecins doivent garder la main sur cette taxe lapin pour savoir quel patient sanctionner. Il pense aussi que c’est à l’Assurance-maladie de gérer cette taxe lapin, en prélevant par exemple les 5 euros sur le rendez-vous suivant du patient.

Une note sur la taxe lapin demandée par le ministère de la Santé

Cette prise de parole de Doctolib révélée par France Inter n'a pas plu du tout au ministère de la Santé qui a immédiatement réagi. Pour comprendre pourquoi le torchon brûle, il faut remonter au discours de politique générale de Gabriel Attal, le 30 janvier 2024. Le nouveau Premier ministre avait alors déjà assuré que "lorsqu'un rendez-vous médical n'est pas assuré, le patient paye". Les services du ministère de la Santé demandent très vite une note technique à Doctolib sur la faisabilité d'une taxe lapin. La plateforme met toutes les options sur la table dont l'empreinte bancaire avant le rendez-vous pour pouvoir prélever les fameux 5 euros. Mais dans sa note, Doctolib met en avant deux points essentiels : ne pas entraver l'accès aux soins pour les patients qui n'utilisent pas internet ou ceux qui n'ont pas de carte bleue et le fait de ne pas créer un nouveau fardeau administratif pour soignants.

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