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L'élargissement des Brics, un premier pas vers la dédollarisation?

Le 15e sommet des Brics s’est terminé jeudi 24 août, en Afrique du Sud, sur une grande annonce. Les dirigeants des cinq pays membres ont décidé de plus que doubler leur nombre et d’accepter six nouvelles nations : l’Argentine, l’Égypte, l’Iran, l’Éthiopie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Une décision qui est aussi en lien avec un autre dossier que veulent pousser les Brics : la question de la dédollarisation, qui devrait prendre de l’ampleur.

De gauche à droite, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le président chinois Xi Jinping, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le Premier ministre indien Narendra Modi et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors du sommet des Brics à Johannesburg, en Afrique du Sud, le mercredi 23 août 2023.
De gauche à droite, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le président chinois Xi Jinping, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le Premier ministre indien Narendra Modi et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors du sommet des Brics à Johannesburg, en Afrique du Sud, le mercredi 23 août 2023. AP - Gianluigi Guercia
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Avec notre correspondante à Johannesburg, Claire Bargelès 

Même si, sur le court terme, l’idée de créer une monnaie commune a pris du plomb dans l’aile du fait de la complexité de sa mise en place, la volonté de trouver une alternative au billet vert reste, elle, bien vivace.

Et les pays des Brics souhaitent s’en rapprocher à travers l’augmentation des échanges dans les monnaies locales des membres. Selon Vladimir Poutine, très intéressé par le projet en raison des sanctions financières qui touchent Moscou, « les objectifs et le processus irréversible de dédollarisation de notre économie avancent ».

Certains pays échangent en effet déjà dans leur monnaie respective, à commencer par la Chine, largement passée au yuan depuis le début de l'année pour régler ses achats de matières premières auprès de la Russie. Le Brésil entend prendre le même chemin.

Le fait que les nouveaux membres du club, Riyad, Téhéran et Abou Dhabi se classent parmi le top 10 des réserves mondiales de pétrole pourrait également permettre de renverser le règne des pétrodollars. 

Les ministres des Finances et les directeurs des Banques centrales ont reçu la tâche d’étudier davantage la question, et de présenter leurs résultats lors du prochain sommet, prévu en octobre 2024, en Russie. 

Rapport de forces

Ainsi, « les Occidentaux sont laissés de côté », selon Julien Vercueil, professeur d'économie et vice-président de l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Et « c’est cela, surtout, que voulait montrer la Chine du point de vue géopolitique. C’est qu’elle est capable de susciter des événements qui sont de nature internationale dans lesquels les pays occidentaux n’ont aucune part », explique-t-il.

Mais ce bloc élargi peut-il conduire à un profond changement dans le rapport de forces ? Le président brésilien Lula Da Silva a notamment affirmé que les Brics continueront à s'ouvrir à de nouveaux membres et à être la force motrice d'un nouvel ordre international.

Mais de là à se passer du dollar et des partenaires de l'Ouest ? « Pas encore », estime-t-il. Car « les pays qui viennent d’intégrer le groupe des Brics ont évidemment tous, sauf l’Iran qui est sous sanctions, des relations bilatérales assez importantes avec les pays occidentaux », ajoute l'expert.

Donc ces pays et les Occidentaux « continueront d’avoir des interactions et d’exercer une influence sur ces pays », avance-t-il. Et de poursuivre : « Deuxièmement, ces pays sont, c’est le cas de l’Égypte par exemple, sous le coup de programmes d’assistance du Fonds monétaire international, donc ça ne coupe absolument pas ces pays du flux global des relations dans lesquels les pays occidentaux dominent et sont présents de façon importante. »

De leur côté, les États-Unis ont minimisé, jeudi 24 août, l'annonce de l'accueil des six nouveaux membres. Washington affirme que les États-Unis continueraient à collaborer avec leurs partenaires à travers le monde.

La candidature du Venezuela pour rejoindre les Brics a été refusée 

Avec notre correspondante à Caracas, Alice Campaignolle

Le Venezuela ne fait pas partie des quelques élus qui ont rejoint les BRICS hier, malgré sa demande formelle pour intégrer le groupe de pays émergents. Pourtant, cette intégration aurait été bienvenue pour le gouvernement vénézuélien qui cherche à redorer son image alors qu’il est sous le coup de sanctions internationales pour violation des droits humains et de l’état de droit. Hier, après l’annonce, le président Nicolas Maduro a adressé un message à ses homologues réunis à Johannesburg, réaffirmant son engagement :

« Le Venezuela vient ajouter sa demande à celles des autres pays qui cherchent à intégrer les BRICS, en apportant à ce modèle d’intégration mondial, les plus grandes réserves de pétrole certifiées au monde. »

Si l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis ont été intégrés aux BRICS, il semblerait qu’être riche en pétrole ne soit pas suffisant. Etre sous le coup de sanctions internationales non plus, comme le sont pourtant la Russie ou l’Iran. 

« L’expérience accumulée dans la lutte contre les sanctions criminelles qui nous ont été imposées illégalement est également l’une des choses fondamentales que nous voulons partager », a déclaré Nicolas Maduro. 

Il faut certainement regarder du côté de la situation économique catastrophique pour, au moins en partie, expliquer ce refus. 430% d’inflation dans le pays en 2023 par rapport à l’année dernière.  

À lire aussiBrics: le choix des nouveaux membres est animée par une logique «politique plutôt qu'économique»

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