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Pyramide de Khéops: extraordinaire découverte d'un couloir, caché depuis 4500 ans

ARCHÉOLOGIE - La mission ScanPyramids a filmé en février le mystérieux corridor qu'elle avait identifié en 2016, au-dessus de l'entrée principale.

Il y a du nouveau derrière les blocs épais et quatre fois millénaires de la tombe du roi Khéops. Sept ans après avoir découvert l'existence de cavités inconnues cachées dans les profondeurs de la plus grande des pyramides de Gizeh, face au Caire, les scientifiques du projet international ScanPyramids livrent un premier aperçu de l'un de ces espaces tant fantasmé. Situé derrière l'entrée de la face nord du monument, le corridor en question ne dissimulait rien d'inattendu. Des murs nus. Pas de momie en embuscade ni de trésors insoupçonnés. Elle n'en reste pas moins fabuleuse aux yeux des spécialistes.

Cet espace de deux mètres de large, sous chevrons, s'étire sur près de neuf mètres. Il a pu être inspecté le 24 février grâce à une minuscule ouverture détectée au radar dans la jointure des chevrons de l'entrée. Faute d'y passer une tête, les chercheurs ont employé une minuscule caméra, un endoscope d'un diamètre de cinq millimètres, passé dans un tuyau en cuivre, pour obtenir un aperçu de cet espace dissimulé depuis la construction du monument.

De quelle utilité était ce corridor aveugle, aménagé à l'extrémité nord de l'immense tombeau de Khéops ? Si la piste d'un espace de décharge censé répartir la masse au-dessus de l'entrée principale de la pyramide est avancée par les autorités égyptiennes, les scientifiques du projet ScanPyramids, eux, se gardent bien de trancher. Leur intérêt est ailleurs : l'existence désormais avérée de cet espace prouve ce que leurs instruments avaient détecté en 2016, grâce au principe de la radiographie par muons. «Ces images confirment la présence de cette cavité dont nous soupçonnions déjà l'existence à 99,99 %. Elles achèvent également de prouver l'efficacité de nos méthodes non-destructives et non-invasives», souligne Mehdi Tayoubi, co-directeur de la mission ScanPyramids.

Vue de l'intérieur de la cavité découverte en 2016, à l'intérieur de la grande pyramide de Gizeh. ScanPyramids

Adapté au contexte de la pyramide par l'université de Nagoya et le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), la muographie consiste en la captation de particules élémentaires sensibles aux corps qu'elles traversent. Cette technique a permis d'identifier depuis 2016 deux espaces jusqu'alors inconnus à l'intérieur de la grande pyramide : le corridor de la face nord (NFC), situé près de l'entrée, ainsi qu'un «grand vide» (surnommé SP-BV), d'au moins quarante mètres de long et qui se trouverait dix mètres environ au-dessus de la grande galerie.

Vue de la façade nord de la pyramide de Khéops, au pied du monument, en novembre 2022. Le corridor inspecté par la mission ScanPyramids se situe au-dessus des chevrons de l'entrée principale, qui sert aujourd'hui d'accès aux touristes. Amir MAKAR, AFP

Les dernières énigmes de la pyramide

D'après les images de l'endoscope, le corridor inspecté ne paraît pas être relié au «grand vide». «Un couloir plus petit, de moins d'un mètre, entre ces deux structures ne peut pas être complètement exclu à partir de ces mesures», notent cependant les 36 chercheurs associés à la mission ScanPyramids dans un article paru jeudi dans la revue scientifique Nature Communications . La piste d'un couloir qui aurait été comblé n'est pas non plus à écarter, note Mehdi Tayoubi. Le charismatique archéologique égyptien Zahi Hawass rêve d'ores et déjà de retrouver «la vraie chambre funéraire du roi Khéops». Les travaux, décidément, ne sont pas près de s'achever. «Nous allons poursuivre notre campagne de scans», a confirmé jeudi le responsable du Conseil suprême des Antiquités, Mostafa Waziri, aux pieds des pyramides.

Lancée en 2015 sous l'égide du ministère égyptien des Antiquités nationales, la mission scientifique ScanPyramids associe l'université du Caire avec l'Institut français HIP. Soutenue par Dassault Systèmes, l'association coordonne la palette d'acteurs impliqués dans le projet et pilotés, côté égyptien, par un comité scientifique dirigé par Zahi Hawass. Parmi les derniers partenaires de l'aventure, l'université technique de Munich a mené des examens radars complémentaires sur la face nord de la pyramide, entre 2020 et 2022, pour affiner les contours de la cavité.

Zahi Hawass, archéologue égyptien et ancien ministre des Antiquités, devant le Grand Sphinx de Gizeh, à Gizeh, en Égypte, le 20 novembre 2019. Khaled DESOUKI / AFP

À terme, l'identification et l'étude de ces nouveaux espaces de la grande pyramide pourraient permettre de mieux saisir les dernières énigmes de sa construction. Plusieurs hypothèses concurrentes existent sur ce problème architectural, qui pourrait avoir été résolu par des systèmes de rampes externes ou internes, voire par un mélange des deux. Le monument édifié vers 2560 avant notre ère, du temps de l'Ancien Empire égyptien, est resté plusieurs millénaires la structure humaine la plus haute jamais construite. Et les mystères irrésolus de cette merveille du monde ne laissent toujours pas de fasciner.


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22 commentaires
  • Clemy3

    le

    Intéressant à suivre....tout montre ici qu' il faut accepter le travail sur un temps long en utilisant les progrès des technologies permettant d' aller chaque fois un peu plus loin .

  • que vivent les inuits

    le

    avant la construction du barrage du nil, 24 monuments ont été déplacés, et reconstitués hors zone inondée. ex: temples d'abou simbel et de philae. ça a été fait dans les années '60, avec une totale réussite.
    on était donc capables de déplacer des monuments égyptiens gigantesques, ya une soixantaine d'année. on l'est certainement toujours capables aujourd'hui, et beaucoup plus rapidement. on pourrait donc démonter une de ces pyramides, et la remonter ailleurs. on pourrait commencer par la plus petite.
    ce qui permettrait de connaitre - enfin - la TOTALITÉ de leur structure, contenu, éventuels tombes ou trésors archéologiques, etc.

  • Swiss

    le

    Heureusement que les technologies occidentales sont là pour aider ces braves égyptiens qui sans cela seraient complètement aveugles.

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