Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Fusillade au Texas : les Etats-Unis s’entre-tuent, le Parti républicain regarde ailleurs

L’éditorial du « Monde ». Un jeune Texan a tué dix-neuf élèves et deux enseignantes dans une école primaire, à Uvalde. Face aux tragédies qui se succèdent, les élus républicains s’opposent toujours à la moindre législation pour encadrer le marché des armes à feu.

Publié le 25 mai 2022 à 11h02, modifié le 25 mai 2022 à 15h34 Temps de Lecture 2 min. Read in English

Un carnage dans une école des Etats-Unis, la détresse infinie des familles, un discours grave du président, puis rien, jusqu’au suivant. Les Américains connaissent par cœur ce cycle désespérant depuis la tuerie de Sandy Hook, en 2012. Celle de Parkland, en 2018, n’avait rien changé malgré la mobilisation exceptionnelle d’élèves qui en avaient réchappé. Ces derniers avaient cru possible de ramener un pays malade de sa violence à la raison et ses élus à leurs responsabilités, mais ils avaient échoué. S’il subsiste un exceptionnalisme américain, c’est bien de tolérer que les établissements scolaires s’y transforment régulièrement en champs de tir poissés de sang.

L’insupportable s’est produit cette fois-ci dans la petite ville d’Uvalde, au Texas, et a emporté la vie de dix-neuf élèves et de deux enseignantes d’une école primaire à seulement deux jours des vacances. Son auteur présumé, âgé de 18 ans, a été tué par les forces de l’ordre. Ce drame est intervenu dix jours après une fusillade de masse à caractère raciste perpétrée dans un centre commercial de l’Etat de New York, et une autre dans une église de Californie. Dans chacun des cas, la détermination des tueurs supposés ne s’est heurtée à aucun garde-fou légal qui aurait compliqué l’accès aux armes à feu utilisées.

En effet, l’Amérique s’entre-tue et le Parti républicain regarde ailleurs, complice par idéologie des tragédies qui se succèdent. Des décennies de bourrage de crâne ont fait que ses élus n’ont plus même besoin de la férule du principal lobby des armes, la National Rifle Association, perclus de crises, pour s’opposer à la moindre législation encadrant un tant soit peu ce marché particulièrement juteux. La défense du deuxième amendement relatif au droit de porter une arme, comprise dans son acception la plus absolutiste, est devenue un devoir quasi sacré qui échappe désormais à tout questionnement. Les familles de victimes doivent se contenter des prières des élus, qui n’en sont pas avares.

Plus de 20 000 morts par arme à feu en 2021

C’est ainsi que l’Etat qui a été le théâtre du dernier bain de sang après huit autres fusillades de masse en treize ans n’a rien trouvé de mieux, il y a tout juste un an, que de supprimer les permis de port d’arme pour les personnes âgées d’au moins 21 ans. « Il est temps » que le Texas s’aligne sur les Etats les plus permissifs en la matière, avait alors argumenté le gouverneur de ce solide bastion conservateur, Greg Abbott.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Joe Biden face au retour de la criminalité aux Etats-Unis

Toujours plus d’armes : voilà le seul credo républicain. Les Américains en ont acheté encore près de 20 millions en 2021, la seconde plus importante vente de leur histoire. Ils ont connu également plus de 20 000 morts par arme à feu, sans compter les suicides, qui sont encore plus nombreux, et, parmi les fusillades, 693 ont fait au moins quatre blessés. Les républicains sont manifestement incapables d’établir un lien de causalité entre les deux phénomènes. On se désespère de les imaginer déployer la même énergie pour empêcher des tueries dont les auteurs sont des hommes à une écrasante majorité, que celle qu’ils dépensent sans compter pour empêcher les femmes de disposer de leur propre corps.

La tyrannie de la minorité avait déjà parlé après le massacre de Sandy Hook lorsque le Sénat avait voulu adopter une mesure de bon sens soutenue par une majorité écrasante d’Américains : le contrôle des antécédents des acheteurs d’armes. Les élus représentant 118 millions de leurs concitoyens avaient été capables de mettre en échec ceux désignés par 194 millions. Tout pousse à croire qu’il en irait de même aujourd’hui dans ce pays prisonnier de cette folie.

Le Monde

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.