Monique Olivier condamnée à la perpétuité pour complicité dans trois crimes commis par Fourniret

Monique Olivier a été déclarée coupable de complicité dans les meurtres de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin. Elle est condamnée à la prison à perpétuité. 

Monique Olivier était confrontée aux témoignages de la famille d'Estelle Mouzin ce mercredi 6 décembre 2023 à son procès.
Monique Olivier, ex-épouse du violeur et tueur en série Michel Fourniret, devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine le 28 novembre 2023. ©Laura Bourven
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Dernier jour du procès de Monique Olivier, au tribunal judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine). Ce mardi 19 décembre 2023, après une longue délibération de 10 heures, la cour d’assises a déclaré coupable l’ex-femme de Michel Fourniret. Elle est condamnée à la réclusion à perpétuité assortie de 20 ans de sûreté pour complicité dans les enlèvements, assortis de viol ou tentative de viol, et meurtres de Marie-Angèle Domèce en 1988, et Joanna Parrish, en 1990.

Elle comparaissait également pour complicité d’enlèvement et de séquestration suivis de mort au préjudice d’Estelle Mouzin, 9 ans, la plus jeune des victimes de Michel Fourniret, disparue en janvier 2003, à Guermantes (Seine-et-Marne).

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Des questions qui restent sans réponse

« La cour d’assises a été convaincue de la complicité de Monique Olivier », a commenté le président Didier Safar. Les avocats généraux avaient pourtant requis la réclusion à perpétuité avec 22 ans de sureté, soit la peine maximale. Les jurés ont-ils pris en compte les aveux réalisés par l’accusée, comme l’a souligné son avocat Me Richard Delgenes ?

Je pense que les aveux de ma cliente, qui n’annulent absolument pas sa responsabilité et sa culpabilité, ont été reconnus. Le fait que la cour marque, sans qu’on le demande, une différence, c’est que l’attitude de ma cliente tout au long de ce procès a joué en sa faveur, on a vu qu’il y avait une évolution. Si on veut que ma cliente reste sur cette ligne-là, il fallait reconnaitre quelque chose.

Me Richard Delgenes

Malgré ce pas vers la vérité, certaines zones d’ombres persistent toujours. Lors de son interrogatoire, Monique Olivier est restée floue quant aux dernières heures d’Estelle Mouzin ; le corps de la petite fille n’a également pas été retrouvé malgré les moyens mis en place. « Pour la famille, retrouver la dépouille d’Estelle Mouzin aurait été très important. Monique Olivier n’a pas donné de réponses sur ce point, nous restons avec l’idée que nous ne pouvons pas donner à cette petite fille une sépulture décente », commente Me Didier Seban, avocat de la famille d’Estelle Mouzin.

Et Arthur Mouzin, le frère, de compléter : « Nous sortons avec une certaine frustration que rien n’ait été apporté de neuf à l’instruction. Nous avons obtenu une vérité juridique, mais pas une vérité supplémentaire. »

Un regret également pointé par la famille, l’absence de condamnation de Michel Fourniret, auteur de l’enlèvement de la fillette, décédé en 2021 : « 20 ans que nous sommes exposés à des erreurs d’enquête, des combats d’ego, que nous sommes exposés à l’insupportable. Ce procès et cette attente font que Michel Fourniret n’a pas été jugé aujourd’hui et que le corps d’Estelle n’a pas été retrouvé. Le temps efface les mémoires, fait disparaitre, et sert d’excuse aux accusés jusqu’au bout », lance Estelle, demi-sœur de la victime de l’Ogre des Ardennes.

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Monique Olivier ne fera pas appel

Cette décision symbolique intervient après trois longues semaines d’un procès intense. Mais elle ne change rien à l’incarcération de l’ex-femme de Michel Fourniret, qui a déjà été condamnée à perpétuité lors de précédents procès. Elle pourrait donc sortir de prison en décembre 2035, à l’âge de 87 ans.

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Avant la délibération, le dernier mot a été donné à l’accusée, comme le veut la loi. Monique Olivier a, une nouvelle fois, exprimé des regrets. « Je confirme ce que j’ai dit, je demande pardon aux familles tout en sachant que c’est impardonnable ce que j’ai fait. » 

Son avocat, Me Richard Delgenes a indiqué que Monique Olivier ne fera pas appel de la décision de justice, « pour ne pas infliger un nouveau procès aux familles ».

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Continuer le combat pour les enfants disparus

La disparition d’Estelle Mouzin, enfant marquante pour toute une génération, a permis des avancées judiciaires importantes, à l’initiative de la famille et de l’association Estelle, crée dès 2003, comme la mise en place de l’Alerte enlèvement et la création d’un pôle spécialisé.

Avec la fin de ce procès, une nouvelle page s’ouvre pour Eric Mouzin, qui consacre sa vie à la reconnaissance des enfants disparus et à la lutte pour de meilleurs moyens de recherches. « Si le pôle cold case existe, il ne faut pas oublier qu’il est là pour résoudre les dossiers non élucidés, il faut déjà que nous demandions au pouvoir public d’améliorer les dispositifs d’enquête afin que ce pôle ne soit pas saturé, il faut que les investigations de police soient améliorées », ajoute le père de la fillette.

Et Me Didier Seban de conclure : « On sait qu’il y a un certain nombre de meurtres, des familles qui sont laissées de côté. On ne sait pas tout du parcours criminel du couple, c’est un autre combat qu’il faudra poursuivre ». À ce jour, aucun crime n’est attribué au couple, entre 1990 et 2000.

Autre dossier en cours, la plainte contre l’État pour « faute grave » jugée recevable, déposée en 2018 par Éric Mouzin. Le père d’Estelle dénonce les dysfonctionnements dans l’enquête sur la disparition de sa fille qui ont ralenti sa résolution.

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