« Tout reste à faire » : selon la presse française, le plus dur commence pour Emmanuel Macron
Les différents titres analysent une victoire « sans état de grâce » pour le président de la République réélu, sans oublier de signaler les nombreux défis qui attendent son second quinquennat.
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« Une victoire, mille défis » à la une du « Télégramme », « Tout reste à faire » à celle de « la Croix » : pour les quotidiens de ce lundi 25 avril, Emmanuel Macron reconduit président doit désormais se porter au chevet d’une France aux fractures béantes. « Le Monde » le résume en parlant d’une « réélection sans état de grâce », du fait notamment d’une « abstention proche des records et une extrême droite qui dépasse pour la première fois la barre des 40 % des suffrages ».
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Il y a bien sûr des unes très sobres, des neutres « Emmanuel Macron réélu » (« Ouest-France ») et « Macron réélu 58,5 % » (« la Dépêche du Midi »), à « Macron promet “cinq ans de mieux” » (« le Parisien »/« Aujourd’hui en France »), en passant par « L’acte 2 » (« Sud-Ouest ») ou « Macron II » (« Paris-Normandie »), ou encore « 5 ans de plus » (Nice-Matin). Bref, comme dirait « 20 minutes », « Ça marche encore ». Et les unes, rares, où perce un certain enthousiasme, comme celles des « Echos », « Un nouveau départ », avec une photo du chef de l’Etat tout sourire et bras levés, et du « Figaro », « Grande victoire, grands défis ».
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« En apparence, c’est une apothéose »
Alexis Brézet y note qu’« en apparence, c’est une apothéose ». « Chapeau, l’artiste ! Après ce quinquennat “maudit” – les “gilets jaunes”, Samuel Paty, Notre-Dame, le Covid, l’Ukraine… –, la performance n’est pas mince ». Mais « en vérité, la statue de marbre est un géant aux pieds d’argile » car « qui peut croire à la réalité de son ancrage populaire ? », nuance le directeur des rédactions du quotidien de droite.
Côté opposé, « Libération » pose un grand « Merci qui ? » sur la tête du président, coupée en bas de page. « Macron réélu, la victoire sans la gloire », lit-on à l’intérieur du journal de gauche, où l’éditorialiste Paul Quinio liste les lourds dossiers à traiter, une mission qui s’avère selon lui « souvent à rebrousse-poil du quinquennat qui s’achève ».
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Un dessin, signé Kak dans « l’Opinion », résume cette idée d’une réélection qui fait mal : on voit sur un ring une Marianne annoncer « Macron, victoire aux points » et lever le bras de celui-ci, amoché, hagard, tandis que Marine Le Pen de l’autre côté présente le même état d’hébétude, battue, mais debout. Pas de KO, donc. Ni de chaos : « Cette élection a permis d’éviter le chaos, sûrement pas d’atténuer la colère », remarque Jean-Pierre Dorian dans « Sud-Ouest ». D’où le scepticisme, mordicus. « Oui, mais », titre « la Provence », « Et maintenant ? », s’interroge « Corse-Matin ».
« Réconcilier les Français… et vite »
« C’est gagné, mais rien n’est fait », après une deuxième onction électorale qui « ne vaut pas quitus », rappelle Stéphane Vernay dans « Ouest-France », en titrant son éditorial : « Réconcilier les Français… et vite ». Car il s’agit là d’une France « polytraumatisée », observe Dominique Diogon (« la Montagne »), et « plus que le fantasmé grand remplacement, c’est ce grand déclassement qui nourrit un ressentiment explosif ».
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Luc Bourrianne pointe, lui, la responsabilité du chef de l’Etat dans « l’Est républicain » : « La stratégie du président allie brio et cynisme en se jouant des opportunismes. Mais en affaiblissant la gauche et la droite modérées, il participe à l’émergence d’aucune alternative autre que les extrémismes, la radicalité, l’affrontement. »
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Après cette « victoire en trompe-l’œil », selon le titre de l’édito de « la République des Pyrénées », Emmanuel Macron doit innover dans la pratique démocratique, pour « éviter une “giletjaunisation” de son quinquennat », écrit Jean-Marcel Bouguereau dans ce journal. Bref, action, ou la comminatoire une de « Midi Libre » : « Entendez et agissez ! »
« Goitschel de la politique »
Comment ? D’abord en reconnaissant ce que traduit le scrutin dominical. « Ce vote m’oblige », a dit le « marcheur » réélu, citation placée à la une des « Dernières Nouvelles d’Alsace » et de « la Voix du Nord ». Car, analyse Olivier Biscaye dans « Midi-Libre », « le camp des perdants a gagné. Autant que celui des désabusés, des découragés, des indifférents. Et ce n’est pas une blague ! Depuis hier soir, ils sont devenus la seule et principale attention d’un président réélu à la tête d’un pays que l’on a l’habitude de considérer à raison comme fracturé ».
Un président à la manœuvre auprès d’« Une France à apaiser » (une de la « Charente Libre »), quitte à slalomer : « Emmanuel Macron devra être la Marielle Goitschel de la politique, aussi à l’aise dans les virages à gauche, que dans ceux à droite », glisse Géraldine Baerh Pastor dans son édito « L’inratable grand virage », pour « L’Union ».
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« Vos gueules, les mouettes ! »
Et voilà le double fond de la séquence électorale de 2022 qui se reflète déjà dans la presse, avec ce fameux « troisième tour » que représentent les élections législatives de juin, lequel, prévient Frédéric Vézard dans les « Dernières Nouvelles d’Alsace », « pourrait faire bouger quelques murs, voire paralyser l’action publique si aucune majorité nette ne se dégageait à l’Assemblée nationale ».
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Dans le droit-fil d’un Jean-Luc Mélenchon demandant aux Français de l’élire Premier ministre, « l’Humanité » présente à sa une un bulletin Marine Le Pen froissé, tamponné d’un « BATTUE », au-dessus du mot d’ordre : « Et maintenant, combattre Macron ». En écho, l’édito de Sébastien Crépel a pour titre : « Le président ne perd rien pour attendre ».
« Vos gueules, les mouettes ! », lance l’édito de David Guévart dans le « Courrier Picard », clin d’œil au film de Robert Dhéry : « Ils sont marrants, ces candidats déchus. Ils pérorent comme s’ils n’avaient pas perdu l’élection. » Le même quotidien, décidément cavalier, propose une citation du jour, décidément de circonstance : « Un homme mérite une seconde chance, mais gardez un œil sur lui. » Signé John Wayne.