Elon Musk lors d'une conférence de presse de SpaceX près de Boca Chica Village, au Texas (Etats-Unis), le 10 février 2022

Elon Musk quitte la direction de Twitter, assure-t-il. A moins qu'il ne trouve pas de candidat "assez fou" pour lui succéder.

afp.com/JIM WATSON

Il n’est peut-être qu’à un nouveau tweet de retourner sa veste. Mais Elon Musk l’a quand même assuré, ce mercredi 21 décembre : il va bien quitter la tête du réseau social. Après plusieurs semaines à tenter de faire - et de défaire - la stratégie de la plateforme, Musk a lui-même écrit : "Je vais trouver quelqu’un d’assez fou pour me succéder." Il resterait, néanmoins, le propriétaire de Twitter racheté en octobre dernier pour 44 milliards de dollars. L’entrepreneur compte y diriger les équipes “logiciel et serveurs”.

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La décision ne sort pas de nulle part. D’un tweet, là encore, le fondateur de Tesla et de SpaceX avait demandé lundi à sa communauté s’il devait “se retirer de la direction”. Quelque 17 millions de personnes ont répondu ; 57 % se sont prononcés en faveur de son abdication. "Je m’en tiendrai aux résultats de ce sondage", avait prévenu Musk. Chose promise…

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Autoproclamé “ayatollah de la liberté d’expression”, depuis sa prise de contrôle, Elon Musk n’a eu de cesse de souffler le chaud et le froid à la tête de Twitter. Jusque dans ses modalités de démission. Mardi, il suggérait que le vote pour son départ avait été manipulé par des faux comptes automatisés, à la suite de la publication d’un sondage de l’institut HarrisX le donnant, au contraire, plébiscité pour demeurer à la tête du réseau. Contrairement à un vote, sous un tweet, un sondage repose sur des méthodes statistiques qui assurent sa représentativité.

L'ONU, l’Europe et la finance contre Musk

L’imprévisible Musk s’en est finalement tenu à ce sondage sauvage. Une méthode qu’il apprécie depuis sa prise de fonction. Réhabiliter le compte de Donald Trump et d’une série de profils d’extrême droite virulents ? Un tweet-vote. Continuer à ostraciser de Twitter des journalistes du New York Times ou de CNN qui enquêtaient sur lui ? Un autre tweet-vote.

Cette gestion arbitraire a néanmoins déclenché la colère des dirigeants et acteurs internationaux. Dernièrement, la Commission européenne a averti Elon Musk de potentielles "sanctions" en raison de la menace qu’il représente pour la liberté des médias. L'ONU a également fait état de "sérieuses préoccupations" quant à son usage tout personnel de la modération, allant de la suspension arbitraire de journalistes, à la suppression des messages d’alerte sur les contenus de désinformation liés au Covid-19.

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Dernière décision polémique en date ? Interdire les liens vers les contenus des réseaux sociaux concurrents. Une initiative qui a provoqué un tollé chez le père de l’oiseau bleu, Jack Dorsey, comme chez l’investisseur Paul Graham, un proche d’Elon Musk. Cette fois l’entrepreneur a vite rétropédalé. Les tensions deviennent-elles trop importantes pour lui ? General Motors, Mondelez international, Volkswagen… Depuis le rachat de Twitter par l’ingénieur-star, une pléiade d’annonceurs ont annoncé leur retrait de la plateforme, inquiets pour son avenir. De quoi faire chuter les recettes publicitaires de Twitter et plongé le réseau social (ainsi que son propriétaire) dans le doute. Ceci explique aussi l’empressement de l’homme d’affaires au sujet des abonnements payants, ou encore sa relance du "business de la colère".

Surtout, en parallèle, le constructeur automobile Tesla - une autre compagnie détenue par Musk - est jugé de plus en plus délaissé par ses investisseurs. Musk a vendu des milliards de dollars d’actions Tesla pour financer le réseau social ; encore 3,6 milliards récemment. En Bourse, Tesla a perdu presque 60 % de sa valeur depuis l’annonce du rachat de la plateforme au printemps. Et malgré les velléités de départ de Musk, l’action continue de baisser. La colère des actionnaires devrait s'accentuer. Jusqu’à son retrait effectif de Twitter ?

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