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Riposte

Tensions Iran-Israël : ce que l’on sait des explosions en Iran

Israël-Palestine, conflit sans fin?dossier
Téhéran a confirmé avoir abattu «trois petits objets volants inconnus» dans la province d’Ispahan, où se situe une base militaire. Si ces tirs sont attribués à Israël, rien n’a été confirmé par l’Etat hébreu et l’Iran.
par AFP et LIBERATION
publié le 19 avril 2024 à 13h23

Ni l’Iran ni Israël n’ont pour le moment confirmé des tirs provenant de l’Etat hébreu. Téhéran a fait état de trois explosions survenues à l’aube ce vendredi 19 avril près d’une base militaire dans la province d’Ispahan, dans le centre du pays. Selon NBC et CNN, Israël aurait prévenu Washington de sa riposte, mais encore une fois rien n’a été confirmé. Ces frappes interviennent une semaine après les centaines de missiles et drones tirés par l’Iran, le week-end dernier, dont la plupart ont été interceptés. Téhéran avait alors justifié une réponse à l’attaque le 1er avril contre le consulat iranien à Damas, largement imputée à Israël.

L’Iran a affirmé avoir abattu ce vendredi matin «trois petits objets volants inconnus» dans le ciel d’Ispahan, assurant qu’il n’y avait «rien à craindre». Leur défense aérienne a été activée dans la foulée. Selon la télévision d’Etat, des «fortes explosions» ont été entendues dans la province d’Ispahan, mais aucun dégât majeur n’a été signalé. Le centre de l’Iran abrite plusieurs des sites nucléaires iraniens connus.

Les installations nucléaires basées dans la région d’Ispahan sont «totalement en sécurité», a indiqué l’agence Tasnim. Elles «sont totalement sûres et aucun accident n’y a été signalé», a également souligné l’agence officielle iranienne Irna. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Israël aurait d’abord détruit les systèmes de défense aériens syriens. Une information confirmée par le ministère syrien de la Défense : «Vers 2h55 aujourd’hui, l’ennemi “israélien” a lancé une agression avec des missiles depuis le nord de la Palestine occupée, visant nos sites de défense aérienne dans la région sud.»

Si l’Etat hébreu avait envisagé de mener rapidement des frappes en représailles, il aurait finalement revu ses plans, ont affirmé des médias israéliens et américains. Selon le diffuseur public israélien Kan, le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a décidé de ne pas mettre en œuvre des plans pré-approuvés de frappes de représailles en cas d’attaque, après avoir discuté avec le président américain, Joe Biden.

Pas de confirmation sur l’origine des missiles

Téhéran, qui a réagi, ne parle pas des explosions et ne fait dans aucun de ces communiqués mention d’Israël. L’agence iranienne Tasnim prétend ce vendredi, en citant des «sources bien informées», qu’il n’y avait «aucune information faisant état d’une attaque de l’étranger». Un haut fonctionnaire iranien affirme qu’il n’y a pas de plan de riposte immédiate pour le moment. De son côté, l’Etat hébreu n’a pour le moment pas réagi par la voix officielle.

Sur son compte X (anciennement twitter), le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, qui est un partisan de la ligne dure dans les tensions entre Israël et l’Iran, a publié un message aussi lapidaire qu’ironique : «Dardaleh !» adjectif de l’hébreu familier pouvant se traduire par «nul» ou «minable». La publication du dirigeant d’extrême droite, qui reproche une réaction trop minime, a suscité une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux ainsi que sur les chaînes de télévision. La députée travailliste Naama Lazimi a fait mention d’«une réaction digne du pyromane national». Pour Shaiel Ben-Ephraim, universitaire et animateur d’un podcast de géopolitique, Itamar Ben Gvir «confirme l’opération israélienne et la ridiculise».

Les réactions internationales

«Les installations nucléaires ne devraient jamais être la cible d’attaques militaires», a prévenu l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), confirmant l’absence de dégâts sur les sites nucléaires iraniens, et appelant «tout le monde à la plus grande retenue». En réaction aux événements de la matinée, l’Union européenne, via la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affirmé qu’«il est absolument nécessaire que la région reste stable et que toutes les parties s’abstiennent de toute nouvelle action» et appelé à une désescalade dans la région. Invité sur Sud Radio, le ministre français délégué à l’Europe, Jean-Noël Barrot, a appelé «tous les partenaires de la région à la désescalade et à la retenue». Alors qu’il accueille le Premier ministre libanais, Najib Mikati, et le commandant en chef de l’armée dans la mi-journée, Emmanuel Macron devrait lui aussi réagir. La Chine et le Royaume-Uni se sont opposés à toute action entraînant une escalade dans la région. Oman, qui a joué un rôle de médiateur au Moyen-Orient, a été le seul pays du Golfe à réagir et a condamné «l’attaque israélienne» contre l’Iran.

Dès l’annonce des explosions sur le territoire Iranien, l’ambassade américaine en Israël a ordonné ce vendredi à ses employés et à leurs familles de limiter leurs déplacements à l’intérieur du pays. L’Australie a aussi exhorté ses ressortissants à quitter Israël et les territoires palestiniens, évoquant une «forte menace de représailles militaires et d’attaques terroristes». Canberra avait déjà appelé ses citoyens à éviter ces deux zones et, en cas d’inquiétude, à partir.




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