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Records de température, risque de gel... Pourquoi la floraison précoce des plantes va poser problème

Des bourgeons (illustration)

Des bourgeons (illustration) - Valentine CHAPUIS © 2019 AFP

En France, l'année 2022 a été la plus chaude jamais enregistrée, un "symptôme" du changement climatique, d'après Météo France. Les conséquences sur la faune et la flore sont multiples: boostées par une douceur anormale pour la saison, les plantes commencent déjà à se développer, ce qui les rend très vulnérables.

Début janvier, Serge Zaka, agroclimatologue au sein de l'entreprise IT, s'inquiétait de la "douceur" en France, qui perdure depuis le début du mois de décembre, et qui devrait encore durer jusqu'à ce week-end, marqué par l'arrivée "d'un flux de nord-ouest", selon Météo France. "Cela fera donc près d'un mois que les végétaux sont soumis à un faux-printemps. Le réveil des espèces non-sensibles à la durée du jour va continuer", détaille-t-il.

Alors qu'on sait désormais que les années 2015 et 2022 ont été les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde et que 2022 a été une année record en France, "symptôme" avéré du réchauffement climatique, d'après l'institut météorologique, les conséquences sur le vivant sont nombreuses. Fonte des glaces, montée des eaux, événements climatiques records... Le changement climatique pèse fortement sur le vivant, avec en première ligne, la faune et la flore.

Des floraisons qui ont "un mois et demi d'avance"

Avec une première décennie record, "la plus douce jamais vue en France", toujours selon Météo France, les plantes commencent déjà à bourgeonner. Une floraison qui a "un mois et demi d'avance", selon Serge Zaka. Des floraisons précoces de plusieurs semaines, qui prennent de court les agriculteurs. "Depuis plus d'un mois, les végétaux sont soumis à un faux printemps", explique l'agroclimatologue dans les colonnes des Échos.

Mais, problème, les floraisons précoces fragilisent les plantes: en cas d'épisode de gel, elles ne survivront pas. "Si la douceur dure, les végétaux vont continuer à se développer, et seront d'autant plus sensibles au gel en mars et en avril", explique Serge Zaka, au micro de BFMTV.

"La période de dormance hivernale des arbres fruitiers et de la vigne risque de se terminer précocement et les bourgeons d'éclore trop tôt ce qui peut entraîner des problèmes de gel qui détruit les bourgeons comme en 2021 et 2022 sur la vigne", abonde Marie Launay, directrice adjointe de l'unité Agroclim de l'Inrae (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement), auprès de nos confrères, après un épisode de gel qui avait occasionné d'énormes dégâts en 2021.

Le risque des épidémies

Autre problème: la précocité "épuise" les plantes. Selon Philippe Vouters, responsable de la pépinière de la jardinerie Solignac, en Haute-Vienne, cité par France 3, "certains arbres, s’ils s’épuisent trop, s’ils n’ont pas eu suffisamment de repos, certains vont mourir et d’autres vont s'amputer de branches pour pouvoir survivre".

Comme le souligne les Échos, les températures bien au-dessus des normales de saison, risque de peser sur les récoltes de céréales et de certains fruits, qui fleurissent après une période de froid. "Les agriculteurs craignent les accidents", ajoute Marie Launay. D'autant que la douceur favorise le développement d'espèces nuisibles, comme les "champignons" et les "scolytes". "Les épidémies sont aussi potentiellement plus précoces", met en garde Marie Launay.

Fanny Rocher