Pour lutter contre le surtourisme, Venise met en place une nouvelle taxe

À compter de 2024, passer une journée à Venise coûtera plus cher que prévu. Pour protéger la Cité des Doges, les autorités ont pris une nouvelle mesure.

Par M.I. avec AFP

La Sérénissime est l'une des villes les plus visitées au monde. En pic de fréquentation, 100 000 touristes y dorment, en plus de dizaines de milliers de visiteurs journaliers. 
La Sérénissime est l'une des villes les plus visitées au monde. En pic de fréquentation, 100 000 touristes y dorment, en plus de dizaines de milliers de visiteurs journaliers.  © FILIPPO MONTEFORTE / AFP

Temps de lecture : 3 min

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Venise est en danger. Et pour la protéger, les autorités ont décidé de mettre en place une toute nouvelle taxe. Elle sera imposée aux touristes qui viennent passer une seule journée dans la Cité des Doges et s'élèvera à cinq euros. Cette mesure sera en vigueur à compter de 2024. Pour rappel, Venise a été placée ce mois-ci sur la liste du patrimoine mondial en péril de l'Unesco. L'objectif principal de cette mesure, votée mardi par le conseil municipal de Venise, est de dissuader les visiteurs à la journée contribuant à engorger la ville célèbre dans le monde pour ses œuvres d'art, ses ponts et ses canaux.

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En 2024, cette taxe payable en ligne ne concernera qu'un maximum de 30 journées, durant lesquelles le nombre de touristes est traditionnellement plus élevé, notamment les week-ends avec des ponts au printemps et durant la période estivale. Le calendrier des jours concernés sera publié ultérieurement. Seront exemptés de cette taxe les moins de 14 ans et les touristes passant au moins une nuit sur place.

« C'est un premier pas […] Nous faisons une expérimentation », a affirmé le maire de droite Luigi Brugnaro, promettant que le « système sera simple à utiliser ».

À LIRE AUSSI Surtourisme : les dix destinations à éviter en Europe cet étéLe feu vert à cette mesure intervient alors que l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a recommandé fin juillet de placer la Sérénissime sur la liste du patrimoine mondial en péril, jugeant que l'Italie a jusqu'ici pris des mesures « insuffisantes » pour lutter contre la détérioration du site.

« La poursuite du développement (de Venise), les impacts du changement climatique et le tourisme de masse menacent de causer des changements irréversibles à la valeur universelle exceptionnelle du bien », avait fustigé l'Unesco.

L'élévation du niveau de la mer et autres « phénomènes météorologiques extrêmes » liés au réchauffement climatique « menacent l'intégrité » du site, avait aussi mis en garde l'Unesco.

L'avis de l'Unesco est pour l'instant indicatif : pour que Venise intègre effectivement la liste du patrimoine en péril, il faut l'aval des États membres présents à une réunion du Comité du patrimoine mondial qui se tient actuellement à Riyad.

« Musée à ciel ouvert »

Le timing du vote de cette taxe est donc on ne peut plus opportun pour Venise, qui reporte depuis des années la prise de mesures drastiques, en particulier la mise en place d'une réservation obligatoire et le contingentement du nombre d'entrées dans la ville pour endiguer le déferlement de millions de touristes dans le centre historique saturé.

L'opposition municipale n'a pas manqué de souligner la « hâte » subite entourant cette mesure afin de « montrer à l'Unesco que nous faisons quelque chose ». « Une taxe de cinq euros n'empêchera personne de venir à Venise », a jugé le conseiller Gianfranco Bettin.

L'Unesco avait aussi stigmatisé « l'absence de vision stratégique commune globale » et la « faible efficacité et coordination » des autorités locales et nationales italiennes. « Cette inscription entraînera un plus grand engagement et une plus grande mobilisation des acteurs locaux, nationaux et internationaux », avait-elle espéré.

À LIRE AUSSI Les canaux de Venise à sec, les gondoles restent à quaiVenise, ville insulaire fondée au Ve siècle et devenue grande puissance maritime au Xe siècle, s'étend sur 118 îlots. Ce site exceptionnel a intégré le Patrimoine mondial de l'Unesco en 1987.

La Sérénissime est l'une des villes les plus visitées au monde. En pic de fréquentation, 100 000 touristes y dorment, en plus de dizaines de milliers de visiteurs journaliers. À comparer aux quelque 50 000 habitants du centre-ville, qui ne cesse de se dépeupler.

« On est encore trop dans un tourisme de masse, et pas un tourisme durable, au détriment de la population. Venise ne doit pas se transformer en musée à ciel ouvert », avait expliqué en juillet à l'AFP un diplomate de l'Unesco.

Outre le tourisme de masse, Venise et sa lagune souffrent des grandes marées, qui inondent régulièrement la place Saint-Marc et fragilisent les fondations de ses édifices.

À LIRE AUSSI Tourisme et réchauffement climatique : pourquoi Venise se dépeuple

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Commentaires (6)

  • Petit malin

    J'ai toujours un doute quand on parle "taxe" pour traiter un problème... Pollution pas grave : une taxe pour s'en affranchir !
    Je ne vois pas trop en quoi cette taxe limitera significativement le nombre de touristes...

    Il serait plus simple de limiter les entrées des touristes dans la ville à un instant "t". Un peu comme les parcs de loisirs.
    Mais dame çà ne ferait pas l'affaire des commerçants et professionnels du tourisme vénitiens qui en veulent toujours plus.
    "Business is business" et par parenthèse, ce sont les mêmes qui sont au conseil municipal, et ont donc autorisé la venue des grands paquebots, les constructions d'hôtels, de commerces, de parking géant pour plus de touristes, etc.
    La catastrophe c'est tout de même aussi à eux que les vénitiens la doivent !

  • Le blaireau du Fezensac

    C’est une taxe de 50 euros ou plus qu’il faut mettre ! Nous y sommes allés en novembre, et c’était infernal. Je n’ose même pas imaginer en juillet !

  • François LEBLAN

    La dernière fois que j’y suis allé (à la fin novembre 20XX) j’ai cru que c’était une ville chinoise.