L’obligation vaccinale des soignants contre le Covid va être levée, annonce François Braun

À l’issue d’une consultation lancée début février, la Haute Autorité de santé prône la levée de l’obligation vaccinale des personnels soignants contre le coronavirus. Un avis suivi par le ministre de la Santé, ouvrant la voie à une réintégration des non-vaccinés.

La vaccination contre le Covid-19 a débuté en janvier 2021, comme ici pour les soignants au CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle). LP/Arnaud Dumontier
La vaccination contre le Covid-19 a débuté en janvier 2021, comme ici pour les soignants au CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle). LP/Arnaud Dumontier

    Le retour à une certaine « normalité » s’agissant du Covid, et la fin d’une mesure de plus en plus clivante au fil du temps. La Haute Autorité de santé (HAS) a recommandé ce jeudi de lever l’obligation vaccinale des professionnels de santé ou travaillant en milieu hospitalier, en vigueur depuis l’automne 2021. Dans la foulée, le ministre de la Santé, François Braun, a annoncé qu’il « suivra » cet avis. De quoi ouvrir la voie à une réintégration des professionnels non-vaccinés, et donc suspendus, depuis un an et demi.

    La HAS avance plusieurs raisons : le contexte épidémique favorable, la faible efficacité de la vaccination contre l’infection et la transmission, le fait que plusieurs pays étrangers ont déjà pris une telle décision, etc. « Ces recommandations sont rendues sur la base d’éléments strictement médicaux et scientifiques », insiste Dominique Le Guludec, sa présidente.

    Le nombre de professionnels non-vaccinés et toujours suspendus est estimé à plusieurs milliers, essentiellement des aides-soignants, des infirmières, et d’autres agents travaillant à l’hôpital (pas forcément pour des fonctions médicales). Certains réticents à la piqûre ont pu changer de profession entre-temps. Tous les autres pourront donc être réintégrés, à l’issue d’une « concertation » du gouvernement avec les fédérations hospitalières et les instances professionnelles. « C’est une question de jours, tout au plus de semaines », indique l’entourage de François Braun, sans attendre l’avis du Comité consultatif national d’éthique.

    De quoi faire grincer dans les couloirs de certains hôpitaux, beaucoup de médecins étant opposés à un retour de leurs collègues non-vaccinés. L’urgentiste Mathias Wargon dénonce par exemple, ironiquement, « une volonté inébranlable de remercier ceux qui ont soutenu l’hôpital public ».

    Fin de l’obligation vaccinale contre le DTP ?

    La Haute Autorité de santé avait ouvert, début février, une consultation concernant toutes les vaccinations obligatoires des soignants : Covid, mais aussi diphtérie, tétanos et poliomyélite (DTP) et hépatite B. De nombreuses associations de médecins, de patients, les syndicats et les autorités avaient été incités à y participer. Beaucoup d’entre eux avaient plaidé pour maintenir ces obligations vaccinales, y compris s’agissant du Covid. Une décision inverse serait « considérée par les détracteurs de la vaccination comme un désaveu de la stratégie actuelle et utilisé comme tel », prévenait notamment la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H).

    La HAS estime donc que les conditions sont réunies pour tourner la page, tout en continuant à « recommander fortement » la vaccination contre le Covid. Dès la fin février, dans sa propre contribution, elle avait considéré que « le contexte actuel » s’y prêtait. « Cette préconisation ne constitue en rien une remise en question de ses précédents avis et recommandations rendus dans des contextes sanitaires et épidémiques différents », tient à insister l’instance ce jeudi. « Le message doit être clair, car les antivax vont bondir », anticipe l’immunologue Stéphane Paul, membre de la Commission technique des vaccinations de la HAS.

    Celle-ci juge aussi possible de lever l’obligation vaccinale des soignants contre le DTP (sauf à Mayotte), la situation épidémique étant très favorable. En revanche, celle contre l’hépatite B devrait être maintenue… et même élargie aux professionnels libéraux. Un nouvel avis, concernant les vaccins qui ne sont « que » recommandés pour les soignants jusqu’à présent, est attendu en juillet.