Rien avant trois ans, pas de smartphone avant 11 ans : ce que préconise le rapport de la "commission écrans"

Un rapport pointe les dangers des écrans et des réseaux sociaux pour les enfants et les adolescents ©AFP - Manon Derdevet
Un rapport pointe les dangers des écrans et des réseaux sociaux pour les enfants et les adolescents ©AFP - Manon Derdevet
Un rapport pointe les dangers des écrans et des réseaux sociaux pour les enfants et les adolescents ©AFP - Manon Derdevet
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Un rapport d'expert sur l'exposition des enfants aux écrans sera remis ce mardi à Emmanuel Macron. Il préconise notamment d'interdire l'usage des écrans aux enfants de moins de trois ans et des réseaux sociaux aux moins de 15 ans.

Ils parlent d'une "hyper connexion subie des enfants". Des experts rendent mardi un rapport à Emmanuel Macron sur l'exposition des enfants aux écrans et aux réseaux sociaux, dont les grandes lignes ont été dévoilées lundi soir par plusieurs titres de la presse quotidienne régionale.

Parmi leurs préconisations phares de la commission de dix experts coprésidée par Servane Mouton, neurologue et Amine Benyamina, psychiatre addictologue : l'interdiction des écrans pour les enfants de moins de trois ans, de téléphones portables aux moins de 11 ans et pas de réseaux sociaux avant l'âge de 15 ans.

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Sédentarité, obésité, myopie

Le rapport alerte sur "les stratégies de captation de l'attention des enfants" et les risques d'une surexposition des enfants aux écrans "pour leur santé, leur développement, leur avenir", mais aussi pour l'avenir "de notre société, notre civilisation".  "Il s'est dégagé un consensus très net sur les effets négatifs, directs et indirects, des écrans, notamment sur le sommeil, la sédentarité - qui favorise l'obésité - ou encore la myopie", assure la commission d'experts dans ce rapport,  cité dans La Voix du Nord.

Ce rapport de 125 pages s'attarde également sur le rôle des réseaux sociaux sur l'équilibre psychique des jeunes, notamment les risques de dépression ou d'anxiété. "Le niveau d'exposition des enfants" à des contenus pornographiques et violents "apparaît alarmant", alertent les experts. Ils estiment que "les écrans ne sont pas à l'origine de troubles du neurodéveloppement" mais appellent à la "vigilance" pour "éviter l'amplification de symptômes".

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Pas d'écran à la crèche et en maternelle

Pour "reprendre le contrôle", ils appellent à empêcher tout usage des écrans par des enfants de moins de trois ans, en ouvrant ensuite, entre trois et six ans, un accès "fortement limité", "avec des contenus de qualité éducative et accompagné par un adulte". Les experts appellent aussi à "limiter autant que possible" l'usage des téléphones portables et des téléviseurs dans les maternités et préconise d'interdire voir interdire les ordinateurs et téléviseurs dans les crèches et les classes maternelles. Elle appelle à des "actions renforcées" auprès des assistantes maternelles et à une interdiction des jouets connectés avant six ans, à l’exclusion des boîtes à histoires.

Pas d'accès aux réseaux sociaux avant 15 ans

La commission préconise aussi de n'autoriser le téléphone portable qu'à partir de 11 ans, via un téléphone sans internet jusqu'à 13 ans. A partir de 13 ans, elle propose de donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux, puis d'ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux qualifiés d'"éthiques". L'accès aux réseaux sociaux tels TikTok, Instagram ou Snapchat n'est pas recommandé avant l'âge de 18 ans.

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Le groupe d'experts appelle à lutter contre les "services prédateurs" des acteurs économiques, comme le "fil de déroulement infini" ou le "lancement automatique de vidéos", et à permettre aux utilisateurs de mieux paramétrer les fonctionnalités des applications et le contrôle parental. Le rapport propose d'instaurer une seule "interface (non liée à une seule plateforme ou un seul opérateur de services) permette de piloter l’ensemble des protections disponibles pour accompagner et protéger son enfant", rapporte la Voix du Nord.

Mention "Ne convient pas aux moins de 13 ans" sur les smartphones

Le rapport recommande également d'indiquer la mention "Ne convient pas aux moins de 13 ans" sur les smartphones et proposent de prévoir la déclaration de la date de naissance de l’utilisateur lors de l’achat d'un mobile et de la souscription à un forfait. En outre, le comité milite pour "investir massivement dans le développement de véritables 'alternatives' aux écrans", notamment via le sport. Le rapport plaide enfin pour un droit à la déconnexion, notamment avec la création d'endroits "zéro connexion" dans l’espace public, dans les entreprises et dans les bars et restaurants.

"Nous avons été bousculés par ce que nous avons vu, des stratégies de captation de l'attention des enfants. Les biais cognitifs sont utilisés pour enfermer les enfants sur leurs écrans, les contrôler, les réengager, les monétiser", déclare Amine Benyamina, neurologue et co-président du comité d'experts dans un entretien à Ouest-France. "C'est une économie de la captation. Les parents sont quasiment hors-jeu, face à un marché qui s'est imposé à la société", ajoute-t-il. "Ce qui nous a heurtés, c'est que les professionnels n'ont pas comme priorité la protection des enfants. Derrière les discours de façade, c'est 'business à tous les étages'", abonde Servane Mouton, neurologue et également co-présidente.

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