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Iran-Israël : «Inquiétude», «appel à la retenue», risque «d’escalade»… Les réactions après l’attaque sans précédent

Craignant un embrasement du Proche-Orient, la communauté internationale condamne les centaines de drones et de missiles lancés par Téhéran sur le territoire israélien samedi 13 avril dans la soirée.
par LIBERATION et AFP
publié le 14 avril 2024 à 7h34

L‘attaque inédite menée par l’Iran contre Israël samedi 13 avril dans la soirée, avec des centaines de drones et de missiles lancés depuis le territoire iranien, suscite de vives condamnations dans le monde et des appels au calme, dans une région déjà instable du fait de la guerre à Gaza. Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU et une convocation des membres du G7 sont déjà prévues pour ce dimanche.

Le soutien américain, fort officiel, mesuré en coulisse

«Notre engagement en faveur de la sécurité d’Israël face aux menaces de l’Iran et de ses relais [dans la région] est inébranlable», a écrit le président américain Joe Biden sur le réseau social X, en postant une photo d’une réunion d’urgence avec son équipe chargée de la sécurité nationale à la Maison Blanche.

Il a ensuite «condamné ces attaques avec la plus grande fermeté», les qualifiant d’«éhontées» et réaffirmant son soutien «inébranlable» à Israël. Les forces américaines ont contribué à abattre «presque tous» les projectiles iraniens, a-t-il dit dans un communiqué.

Mais en coulisse, le ton est plus mesuré, alors que les Etats-Unis étaient déjà de plus en plus exaspérés par le jusqu’au-boutisme guerrier de son allié israélien dans sa guerre contre le Hamas. Lors d’une conversation téléphonique de près d’une demi-heure dans la nuit de samedi à dimanche, Joe Biden aurait fixé une limite au «soutien inébranlable» à Benyamin Nétanyahou, selon des sources officielles anonymes citées par les médias américains CNN et Axios : pas question pour les Américains d’accompagner une contre-attaque israélienne en Iran. «Vous tenez une victoire. Prenez la victoire», aurait lancé Biden à Nétanyahou, selon les révélations d’Axios.

L’ONU et l’Otan souhaitent éviter «l’escalade»

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fermement condamné samedi «la grave escalade» que représente l’attaque de l’Iran contre Israël, et appelé à «une cessation immédiate de ces hostilités». Il a affirmé être «profondément alarmé par le danger très réel d’une escalade dévastatrice à l’échelle de la région», disant «exhorter toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue afin d’éviter toute action qui pourrait conduire à des confrontations militaires majeures sur plusieurs fronts au Moyen-Orient».

Dans un communiqué, la porte-parole de l’Otan, , Farah Dakhlallah, a souligné que l’Alliance atlantique, «condamne l’escalade de l’Iran au cours de la nuit, nous appelons à la retenue et suivons de près l’évolution de la situation. Il est essentiel que le conflit au Moyen-Orient ne devienne pas incontrôlable».

Les pays arabes dans la diplomatie

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a appelé «toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à épargner à la région et à ses habitants les dangers de la guerre», selon un communiqué. Tout en faisant part de sa «profonde inquiétude» face à «l’escalade militaire» dans la région, il a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à «assumer ses responsabilités en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales».

L’Egypte a affirmé par la voix de son ministère des Affaires étrangères «appeler à une retenue maximale» et «être en contact direct avec toutes les parties au conflit pour essayer de contenir la situation», en mettant en garde contre le «risque d’expansion régionale du conflit».

Quant au Qatar, son ministre des Affaires étrangères a exprimé sa «profonde inquiétude», appelant «toutes les parties à mettre fin à l’escalade» et à «faire preuve de la plus grande retenue». L’émirat - engagé depuis des semaines dans des pourparlers entre Israël et le Hamas - exhorte la communauté internationale à «prendre des mesures urgentes pour désamorcer la tension», ajoutant qu’il soutenait «les efforts pour parvenir à la sécurité et à la stabilité régionales et internationales».

La Chine et la Russie appellent au calme

«La Chine exprime sa profonde préoccupation concernant l’aggravation actuelle [de la situation] et appelle les parties concernées à faire preuve de calme et de retenue afin d’éviter une nouvelle escalade» des tensions, a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères.

Le ministère russe des Affaires étrangères a appelé dimanche «toutes les parties impliquées» à la «retenue». «Nous comptons sur les Etats de la région pour trouver une solution aux problèmes existants, par des moyens politiques et diplomatiques», a-t-il ajouté dans un communiqué.

L’Europe et la France à l’unisson avec Israël

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a condamné «dans les termes les plus vifs l’attaque dangereuse du régime iranien contre Israël», assurant que le Royaume-Uni «continuerait à défendre la sécurité d’Israël» en annonçant l’envoi d’avions de combat supplémentaires au Proche-Orient. «Aux côtés de nos alliés, nous travaillons en urgence à stabiliser la situation et empêcher une escalade. Personne ne veut voir de nouveau bain de sang», a dit Rishi Sunak dans un communiqué, estimant que «ces frappes risquent d’enflammer les tensions et de déstabiliser» la région.

Emmanuel Macron, lui, «condamne avec la plus grande fermeté l’attaque sans précédent lancée par l’Iran contre Israël, qui menace de déstabiliser la région», dans un message publié sur X (ex-Twitter). Le président de la République a aussi répété «l’attachement de la France à la sécurité d’Israël, de nos partenaires et à la stabilité régionale». «La France travaille à la désescalade avec ses partenaires et appelle à la retenue», a conclu le chef de l’Etat.

Le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, a condamné «fermement» l’attaque «inacceptable» lancée samedi soir par l’Iran contre Israël. «Elle constitue une escalade sans précédent et une menace grave à la sécurité régionale», a ajouté le responsable sur X.

L’Allemagne a prévenu ce dimanche matin que l’attaque de l’Iran contre Israël pourrait «plonger toute la région dans le chaos», a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, sur X, exhortant l’«Iran et ses mandataires à cesser immédiatement». Elle a ajouté que Berlin se tient «fermement aux côtés d’Israël».

En Amérique, l’Iran dénoncé

Le président argentin Javier Milei a exprimé «sa solidarité et son engagement indéfectible envers l’Etat d’Israël face aux attaques lancées par la République islamique d’Iran», dans un communiqué. Son voisin chilien a fait part de son «inquiétude face à la grave escalade des tensions au Moyen-Orient et aux attaques iraniennes contre Israël», selon un message sur X du ministre des Affaires étrangères du Chili, Alberto van Klaveren.

Le gouvernement mexicain a déclaré sur X être «profondément préoccupé» par cette attaque et par «le coût que cette action pourrait avoir en termes de milliers de vies humaines». De son côté, «le Canada condamne sans équivoque» ces attaques aériennes, a déclaré dans un communiqué le Premier ministre Justin Trudeau, déclarant être «solidaire d’Israël». Elles «démontrent une fois de plus le mépris du régime iranien pour la paix et la stabilité dans la région», estime-t-il.

Le Vénézuela qui a récemment signé un accord de coopération avec l’Iran, a fait entendre une voix plus dissonante. «En raison du génocide en Palestine et de l’irrationalité du régime israélien, ainsi que de l’inaction du système des Nations unies, la situation d’instabilité dans la région s’est considérablement aggravée au cours des dernières semaines», a affirmé le ministre des Affaires étrangères vénézuélien Yvan Gil. Selon lui, «la paix ne sera garantie que lorsque la justice et le droit international seront rétablis, en particulier en ce qui concerne le peuple palestinien et l’Etat de Palestine».

L’Iran dit s’appuyer sur le droit international

Aucun dirigeant de la République islamique ne s’est exprimé durant la nuit pour justifier cette première attaque ayant visé directement Israël depuis la révolution de 1979 en Iran.

Mais dans un message publié sur X (ex-Twitter) par sa représentation aux Nations unies, la république islamiste a argué que son action militaire, «conduite sur la base de l’article 51 de la Charte des Nations unies relatif à la légitime défense, répondait à l’agression du régime sioniste contre nos locaux diplomatiques à Damas» le 1er avril – une frappe attribuée à Tsahal, et que «l’affaire peut être considérée comme close». Téhéran a toutefois mis en garde : «Si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran serait considérablement plus sévère.»

Mise à jour : à 12h22, avec l’ajout de la réaction du Qatar.

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