Après 50 j, 19 h, 7 min et 42 s en mer et plus de 28 000 milles (51 000 kilomètres) parcourus sur les mers du globe, Charles Caudrelier a franchi, mardi 27 février vers 8 h 37, la ligne d’arrivée de l’Arkéa Ultim Challenge, à Brest. Il remporte ainsi la première course autour du monde en solitaire disputée sur des trimarans géants.
Peu après le lever du soleil, suivi sur l’eau par une dizaine de vedettes, Caudrelier, 50 ans depuis lundi, a écrit une nouvelle page de l’histoire de la navigation à la barre du Maxi Edmond-de-Rothschild. Le Finistérien, père de deux enfants et déjà vainqueur de la prestigieuse Route du rhum en 2022, a réalisé un quasi-sans-faute autour du monde, malgré les conditions météorologiques difficiles rencontrées sur son parcours. « Peu importe comment ça se termine, on a fait une très belle course et, j’en suis convaincu, on mérite de gagner », avait déclaré auprès de l’AFP le marin, à quelques jours de cette arrivée.
Pendant son périple, il a gardé à distance les meilleurs marins en solitaire : Armel Le Cléac’h (Banque-populaire), victime de nombreuses avaries, Thomas Coville (Sodebo) et ses huit tours du monde, Anthony Marchand (Actual) ou encore Eric Péron (Adagio).
« L’impression de devenir une machine »
« C’est bizarre, mais j’ai eu l’impression de devenir une machine, un robot connecté à la performance, une espèce de tueur qui ne lâche pas un mille nautique », a raconté Caudrelier, « totalement relié » à son bateau.
Seul Tom Laperche (SVR-Lazartigue) a résisté un temps au rythme de Caudrelier. A l’approche du cap de Bonne-Espérance, le benjamin de la flotte avait toutefois été obligé d’abandonner après une collision avec un objet non identifié.
Malmené par la météo, mais épargné par la malchance, Caudrelier a dû observer deux pauses sur le parcours. Il a d’abord patienté plusieurs jours aux abords du cap Horn, franchi après trente jours de course, puis s’est arrêté aux Açores, dans le dernier tronçon, pour laisser passer une tempête.
Reparti après trois jours d’escale, reposé et bien rasé, Charles Caudrelier a terminé le périple au ralenti, bien plus obsédé par la victoire que par son temps autour du monde, en préservant au maximum son bateau fatigué. « Il a fait preuve de raison et de sagesse pour préserver son bateau jusqu’au bout », a estimé, lundi, Pierre Hays, de la direction de course.
« Drôle de course »
Son premier poursuivant, Thomas Coville, espéré en fin de semaine à Brest, a salué ce week-end la performance historique de son adversaire et l’originalité de la situation : « Drôle de course où le premier à l’opportunité de s’arrêter, d’aller à l’hôtel et d’attendre une bonne fenêtre et en bon marin de repartir au bon moment, a-t-il relevé. (…) Il va bien gérer, bravo ! »
L’exploit réalisé par Charles Caudrelier est une rareté. Depuis Alain Colas en 1974, sept marins seulement ont bouclé un tour du monde en solitaire sur un trimaran, support bien plus fragile et risqué que les monocoques du Vendée Globe. Caudrelier est donc le huitième, et le premier à boucler cette boucle lors d’une course contre d’autres adversaires.
Le record est toujours détenu par François Gabart, qui, le 17 décembre 2017 à bord de son maxi-trimaran Macif, avait terminé son tour du monde en 42 j, 16 h, 40 min et 35 s.
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