L’Allemagne lance un abonnement de transport unique à 49 euros

Le « Deutschlandticket » offre un accès illimité aux bus, métros, trains locaux et régionaux - les trains à grande vitesse étant exclus. L’association allemande des gestionnaires de transports publics (VDV) table sur au moins 16 millions de futurs abonnés, dans un pays de 84 millions d’habitants.

L’Allemagne veut à la fois soutenir la population face à l’inflation et favoriser l’usage des transports moins polluants.

L’Allemagne veut à la fois soutenir la population face à l’inflation et favoriser l’usage des transports moins polluants. JOHN MACDOUGALL / AFP

Voyager en Allemagne pour 49 euros par mois : un nouveau ticket de transport valable à partir de lundi promet aux usagers une « révolution ». Mais le coût et l’efficacité du dispositif interrogent.

Avec cette initiative, l’Allemagne veut à la fois soutenir la population face à l’inflation, tout en favorisant l’usage des transports moins polluants.

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Le « Deutschlandticket » offre un accès illimité aux bus, métros, trains locaux et régionaux - les trains à grande vitesse étant exclus.

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Avant de conclure qu’il s’agit de « la plus importante réforme des transports de l’histoire », selon les mots du ministre des Transports Volker Wissing, ou d’une « révolution ferroviaire », selon une élue écologiste, l’abonnement à 49 euros doit faire ses preuves.

L’association allemande des gestionnaires de transports publics (VDV) table sur au moins 16 millions de futurs abonnés, dans un pays de 84 millions d’habitants. Environ 750.000 tickets ont déjà été vendus, sans compter les usagers qui ont converti leur abonnement régulier en « Deutschlandticket ».

Un accord de financement a été trouvé entre les régions et l’Etat qui verseront chacun 1,5 milliard d’euros par an, pour éviter de creuser davantage le déficit de la Deutsche Bahn, l’opérateur ferroviaire national, estimé à 30 milliards d’euros.

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Des dépenses critiquées par l’opposition. L’argent aurait dû selon elle être utilisé « pour améliorer et rénover les infrastructures ferroviaires », a déploré le député chrétien-démocrate Michael Donth. Le réseau est vieillissant, avec un besoin d’investissement à hauteur de 8,6 milliards d’euros par an sur une décennie.

De la voiture au train ?

Trains bondés, retards, problèmes techniques... seulement 65,2% des trains longue distance sont arrivés à l’heure en 2022, une baisse de 10 points sur un an. Ces difficultés étaient apparues au grand jour lorsqu’un premier ticket de transport à prix cassé avait été mis en place l’été dernier. Pour 9 euros par mois, les Allemands avaient pu emprunter tous les transports régionaux. Le succès avait été immense avec 52 millions d’abonnements vendus mais les opérateurs ferrovaires avaient eu du mal à gérer l’engouement.

Le ministre des Transports n’a pas exclu une hausse du prix du billet dans l’avenir, pour rendre la formule plus viable économiquement. D’autant que le report espéré du trafic automobile sur les transports publics n’est pas garanti.

Selon un bilan de l’Office des statistique, le billet à 9 euros a juste permis une « stagnation » du trafic routier par rapport à 2019. Et les automobiles ont émis davantage d’émissions de gaz à effet de serre en 2022 en Allemagne, avec une hausse de 0,8 million de tonnes, selon l’Agence fédérale de l’environnement.

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Autre débat : le train est certes plus « vert » que la voiture (la compagnie ferroviaire nationale allemande tire 61% de son électricité des renouvelables) mais demeure quand même polluant (le reste vient notamment du charbon et du gaz).

Nombre de pays cherchent à relancer le ferroviaire pour diminuer l’impact carbone du secteur des transports. L’expérience du ticket à 9 euros n’avait pas convaincu la France : « Cela coûte cher et il y a très peu de report de la voiture vers le train », avait déclaré en octobre Clément Beaune, le ministre français des Transports.

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