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La France devient le deuxième exportateur mondial d'armes

L'Hexagone a pris la place de la Russie au classement des plus gros vendeurs d'armes au monde, dévoile le dernier rapport du Sipri. Les importations d'armes en Europe ont quasiment doublé ces cinq dernières années et loin de l'autonomie stratégique, la dépendance américaine atteint un sommet.

Au moins trente pays ont livré des armes à l'Ukraine depuis le début de la guerre.
Au moins trente pays ont livré des armes à l'Ukraine depuis le début de la guerre. (Efrem Lukatsky/Ap/SIPA)

Par Les Echos

Publié le 11 mars 2024 à 08:14Mis à jour le 11 mars 2024 à 17:43

Les importations d'armes en Europe ont quasiment doublé ces cinq dernières années, amplifiées par la guerre en Ukraine, selon un rapport du Sipri (l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm) publié ce lundi. Entre 2019 et 2023, les importations européennes d'armes ont bondi de 94 % par rapport aux cinq années précédentes. Une hausse liée, sans surprise, au conflit qui sévit depuis deux ans entre la Russie et l'Ukraine, expliquent les chercheurs de cet organisme.

Le conflit sur le sol ukrainien bouleverse le marché. L'Ukraine est ainsi devenue le quatrième importateur mondial d'armes, tandis que la dépendance européenne aux fournisseurs américains n'a jamais atteint un niveau aussi élevé.

Du côté des exportateurs, la France a remplacé la Russie en tant que deuxième exportateur mondial sur les cinq dernières années, derrière les Etats-Unis, dévoile l'Institut, alors que les exportations d'armement de Moscou ont diminué de 53 %. Au total, France et Russie sont ainsi au coude à coude avec une part de marché de 11 % chacun du commerce des équipements militaires. Bien loin des Etats-Unis (42 %).

Le succès du Rafale

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Les exportations tricolores sont en hausse de 47 % entre 2019 et 2023, portées notamment par le succès du Rafale auprès de l'Inde, du Qatar et de l'Egypte. De 2014 à 2018, la France a exporté 23 avions de chasse de Dassault Aviation quand de 2019 à 2023, elle en a vendu 94, ce qui pèse pour le tiers des exportations. Comme le souligne le rapport Sipri, la France qui tente depuis des années de vendre ses équipements à ses voisins, n'y parvient toujours pas. Au contraire.

La part de ses ventes à l'Europe sur ces cinq années n'a même pas atteint 10 % et sans l'achat par la Grèce de 18 avions de chasse Rafale, elle n'aurait pas atteint 5 % ! Au total, 42 % des exportations tricolores sont à destination des Etats d'Asie et d'Océanie et 34 % concernent le Moyen-Orient. L'Inde est, de loin, la première destinataire des armes françaises, représentant à elle seule 30 % des exportations.

Une dépendance européenne qui s'accroît

A l'inverse, la dépendance européenne aux Etats-Unis a atteint des sommets : 55 % des importations européennes provenaient des Etats-Unis sur les cinq dernières années contre 35 % sur la période précédente. Et cette hausse n'est pas seulement due aux importations d'armes de l'Ukraine tant s'en faut.

Plus de la moitié des importations d'armes des Etats européens proviennent des Etats-Unis

Le Sipri note que les importations d'armes par les Etats européens ont fait un bond de 94 % sur 2019-2023. « Plus de la moitié des importations d'armes des Etats européens proviennent des Etats-Unis, indique Dan Smith, le directeur du Sipri, alors que dans le même temps, l'Europe est responsable d'environ un tiers des exportations mondiales d'armes ».

La guerre en Ukraine est évidemment un facteur clé. Depuis son déclenchement le 24 février 2022, au moins trente pays ont fourni de substantielles aides militaires à Kiev, l'Ukraine devenant ainsi bien malgré elle, le quatrième « importateur » d'armes du monde. Mais les Etats-Unis bénéficient bien davantage du sursaut d'investissements européens que de « la guerre en Ukraine ». « Avec de nombreuses commandes d'armes très coûteuses_ dont près de 800 avions et hélicoptères de combat_ les importations européennes d'armes resteront probablement à un niveau élevé » constate Pieter Wezeman, chercheur au Sipri.

L'hégémonie américaine

En ajoutant l'Europe à ses clients traditionnels en Asie et dans le Pacifique, les Etats-Unis sont plus que jamais la puissance dominante dans le secteur militaire. Le pays pèse pour 42 % des ventes d'armes dans le monde contre 34 % sur la période 2014-2018. Ses ventes ont bondi au Japon, en Corée du Sud et en Australie, tous ces pays se réarmant face au danger chinois.

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L'industrie aéronautique militaire américaine a nettement renforcé sa suprématie, avec la vente de 420 avions militaires au cours des cinq dernières années dont 249 avions de chasse F-35. Le F-35 pèse ainsi pour le quart des ventes américaines. Leur hégémonie est à peine dérangée par le petit poucet Rafale. Le Sipri souligne ainsi que les Etats-Unis ont de nombreuses livraisons en attente, dont 1.071 avions de combat, dont 785 F-35.

La Russie, longtemps deuxième plus grande exportatrice d'armes au monde, doit désormais construire essentiellement pour elle, et va sans doute encore perdre des points à l'avenir. Les partenaires de Moscou se sont aussi considérablement réduits, passant de 31 à 12 pays de destination ces cinq dernières années. L'Inde est le premier destinataire de l'arsenal russe, suivi par la Chine.

Mais cette dernière a nettement ralenti ses importations pour développer sa propre production. Ses importations d'équipements militaires ont ainsi diminué de 45 % sur les cinq dernières années par rapport aux cinq années précédentes. La Chine n'est quasiment plus un client de l'industrie mondiale de l'armement, elle n'est pas encore devenue un exportateur très puissant, mais elle commence à investir plusieurs marchés, notamment en Afrique.

Avec AFP

Les Echos

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