► Pas de répit dans les bombardements

L’armée israélienne continuait de bombarder la bande de Gaza samedi après une nuit de violents affrontements entre soldats et combattants du Hamas palestinien et des frappes d’une intensité sans précédent depuis le début de la guerre. La guerre est « entrée dans une nouvelle phase », a affirmé samedi le ministre de la défense israélien Yoav Gallant dans une vidéo publiée par ses services.

Les dégâts semblaient considérables samedi dans la bande de Gaza. Des centaines de bâtiments ont été « entièrement détruits », a indiqué la défense civile palestinienne.

L’armée israélienne avait annoncé plus tôt dans la matinée avoir « frappé 150 cibles souterraines » dans le nord de la bande de Gaza au cours d’une nuit de bombardements très intenses. Israël est convaincu que le mouvement islamiste palestinien dirige et organise ses opérations depuis un gigantesque réseau de tunnels sous-terrain.

« Durant la nuit, les avions de combat de Tsahal (armée israélienne) ont frappé 150 cibles souterraines dans le nord de la bande de Gaza, dont des tunnels utilisés par les terroristes, des sites de combat souterrains et d’autres infrastructures souterraines. Plusieurs terroristes du Hamas ont été tués », a indiqué le communiqué publié après une nuit d’intenses raids israéliens contre le territoire.

L’armée israélienne affirme en outre avoir tué un responsable du Hamas qui était en charge « des paramoteurs, des drones, du matériel de détection et de la défense aérienne ».

« Asem Abou Rakaba avait pris part à l’organisation du massacre dans les communautés en bordure de la bande de Gaza le 7 octobre », « il avait dirigé les terroristes qui s’étaient infiltrés en Israël avec des paramoteurs et il était responsable des attaques de drones sur des postes de surveillance de Tsahal », précise le communiqué.

Otages contre prisonniers ?

La branche militaire du Hamas a affirmé samedi qu’elle était prête à relâcher les otages qu’elle avait enlevés lors de son attaque sur le sol israélien en échange de la libération de tous les Palestiniens incarcérés en Israël. «Le prix à payer pour le grand nombre d'otages de l'ennemi qui sont entre nos mains est de vider les prisons de tous les détenus» palestiniens, a déclaré le porte-parole militaire du Hamas, Abou Obeida, dans un enregistrement vidéo diffusé par la chaîne de télévision du Hamas, Al-Aqsa.

D’après l’armée, près de 230 otages, israéliens, binationaux ou étrangers, ont été emmenés le 7 octobre à Gaza par le Hamas, qui a relâché quatre femmes depuis. Le Hamas a estimé jeudi que « près de 50 » otages avaient été tués dans les bombardements israéliens.

Pour obtenir la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit en 2011, Israël avait relâché plus d’un millier de prisonniers palestiniens. Aujourd’hui, environ 5 000 prisonniers politiques palestiniens sont détenus en Israël, dont un cinquième en détention administrative (sans accusation ni procès).

► Internet et les communications coupés dans la bande de Gaza selon le Hamas

Samedi, la bande de Gaza était coupée du monde. Les communications et l’Internet ont été coupés dans l’enclave, selon le gouvernement du Hamas. Cette coupure risque de « servir de couverture à des atrocités de masse », a averti samedi l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW). Amnesty International dit avoir perdu contact avec son personnel à Gaza. « Cette coupure des communications signifie qu’il sera encore plus difficile d’obtenir des informations et des preuves essentielles sur les violations des droits humains et les crimes de guerre commis contre les civils palestiniens à Gaza, et d’entendre directement ceux qui subissent ces violations », a déploré l’ONG. NetBlocks, un service de surveillance de l’accès à Internet, a fait état d’un « effondrement de la connectivité dans la bande de Gaza ».

►L’Assemblée générale de l'ONU vote pour une « trêve humanitaire »

L’Assemblée générale de l'ONU a réclamé vendredi à une large majorité une « trêve humanitaire immédiate ». Après quatre échecs en dix jours du Conseil de sécurité à agir, l’Assemblée générale a pris le relais sur ce dossier qui a mis en lumière des divisions, notamment chez les Occidentaux.

La résolution non contraignante, qui « demande une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à la cessation des hostilités », a recueilli à New York sous les applaudissements 120 votes pour, 14 contre (dont Israël et les États-Unis), et 45 abstentions, sur les 193 membres de l'ONU.

Elle demande notamment la fourniture « immédiate » à Gaza d’eau, nourriture, carburant, électricité, et l’accès « sans entrave » de l’aide. L’Assemblée générale condamne également « tous les actes de violence dirigés contre des civils palestiniens et israéliens, notamment tous les actes de terrorisme et les attaques sans discernement », et se dit « vivement préoccupée par la dernière escalade de la violence depuis l’attaque du 7 octobre », mais sans mentionner le Hamas. « Honte à vous ! », a lancé l’ambassadeur israélien à l'ONU Gilad Erdan, qualifiant cette résolution d'« infamie ».

Les États-Unis, qui avaient aussi dénoncé l’absence des mots « Hamas » et « otages » dans le texte, ont sans surprise voté contre. Le Royaume-Uni s’est abstenu.

La France, reconnaissant que « certains éléments essentiels manquent dans le texte », a malgré cela soutenu la résolution. « Car rien ne saurait justifier les souffrances des civils », a insisté l’ambassadeur français Nicolas de Rivière.

Mais si la France, l’Espagne, ou la Belgique ont voté pour le texte, l’Allemagne, l’Italie et la Finlande se sont abstenues, tandis que l’Autriche, la République tchèque et la Hongrie ont voté contre.

► Pour le président turc Erdogan, l’Occident est le « principal coupable des massacres à Gaza »

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé samedi l’Occident d’être « le principal coupable des massacres à Gaza », lors d’un « meeting de soutien à la Palestine » qui a rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes sur l’ancien aéroport Atatürk d’Istanbul.

Dans la matinée, le président turc avait demandé samedi à Israël « d’arrêter immédiatement cette folie » et de mettre fin « à ses attaques » contre Gaza dans un message posté sur X (ex Twitter). Il avait lui-même invité à un rassemblement organisé samedi par son parti à Istanbul « où nous affirmerons haut et fort que nous sommes aux côtés du peuple palestinien contre la persécution d’Israël ». Après avoir appelé à la retenue dans les jours qui ont suivi le massacre d’Israéliens perpétrés par le Hamas, le président turc a changé de ton et dénoncé un « génocide » après la frappe, la semaine dernière, sur un hôpital de Gaza qu’il a immédiatement attribuée à Israël - sans jamais revenir dessus.

► La moitié des Israéliens défavorables à une offensive terrestre immédiate

Près de la moitié des Israéliens seraient opposés à une opération terrestre militaire « immédiate » dans la bande de Gaza, suggère une enquête publiée vendredi par le quotidien Maariv.

À la question « Est ce que l’armée doit mener une opération terrestre dans Gaza immédiatement ou faut-il mieux attendre ? », 49 % des personnes interrogées ont répondu qu’il fallait attendre contre 29 % de personnes qui estiment qu’il faut lancer cette opération immédiatement.

La semaine dernière, 65 % des personnes interrogées par le même institut avaient affirmé soutenir une invasion militaire de la bande de Gaza, selon Maariv. Ce précédent sondage ne portait pas sur le caractère immédiat ou non de cette offensive.