Les portes de Kamboinsin, en périphérie de Ouagadougou, sont bien gardées. Personne n’ose approcher de l’enceinte de ce camp militaire ultrasécurisé, planté au bout d’une piste rouge, dans laquelle les forces spéciales françaises sont installées depuis plus de dix ans. Ce dimanche 22 janvier, aucun ballet d’hélicoptères ne vient perturber la quiétude du voisinage. Et pourtant, derrière les hauts murs, les quelque quatre cents hommes de « Sabre », nom de l’opération tricolore au Sahel, pourraient bien s’apprêter à plier bagage, sur demande de la junte burkinabée, arrivée au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, le 30 septembre 2022, le deuxième en huit mois.
Après trois jours de flottement entre la France et le Burkina Faso, concernant l’accord de défense qui les lient, Ouagadougou a clarifié, lundi 23 janvier, sa volonté de voir les militaires français quitter le pays. « Ce que nous dénonçons, c’est l’accord qui permet aux forces françaises d’être présentes au Burkina Faso », a déclaré Jean Emmanuel Ouédraogo, le porte-parole du gouvernement, lundi 23 janvier, dans une interview à la Radio-Télévision du Burkina. Une façon de répondre aux demandes de « clarifications » formulées la veille par le président français, Emmanuel Macron.
« Nous avons bien reçu la note verbale transmise à notre ambassade », a réagi dans la foulée le ministère des affaires étrangères français, lundi, faisant allusion à l’absence, jusque-là, de notification formelle de rupture dudit accord de défense. Avant de considérer que cette déclaration du porte-parole burkinabé n’était toujours pas un éclaircissement suffisant : « Comme l’a dit le président de la République, nous attendons que le président de la transition [le capitaine Ibrahim Traoré] clarifie la portée de cette note. »
« Un mois » de délai
A Paris comme à Ouagadougou, nul ne doute de la volonté du président burkinabé de vouloir mettre un point final à la présence des soldats français dans le pays. Engagé depuis son accession au pouvoir dans un « combat pour la souveraineté », le jeune officier de 34 ans a répété vouloir « diversifier » ses partenariats sur le plan militaire. Depuis, la coopération avec la Russie s’est sensiblement renforcée.
Mais, selon une source diplomatique, Emmanuel Macron veut que le capitaine Traoré assume publiquement son souhait de voir partir l’armée française, dans le but d’éviter une situation similaire à celle subie avec la junte voisine du Mali.
Au printemps 2021, la France avait été la première à agiter la menace de la fin de la coopération militaire avec les putschistes maliens. Ces derniers avaient ainsi pu souder l’opinion derrière eux en accusant Paris d’« abandon en plein vol » dans la lutte antiterroriste, poussant ensuite la France vers la sortie, sans toutefois l’assumer publiquement. Bamako s’était alors rapproché de la société de mercenaires russe Wagner, ligne rouge pour l’Hexagone.
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