La visite officielle de trois jours que le président chinois, Xi Jinping, commence à Moscou, ce lundi 20 mars, est essentielle pour Vladimir Poutine. Isolé géopolitiquement par les Occidentaux, sanctionné par les Américains et les Européens, et bousculé sur le front militaire ukrainien, le président russe compte plus que jamais sur l’Asie, notamment son principal « ami », son homologue chinois.
A la veille de l’arrivée de Xi Jinping, Vladimir Poutine a fait l’éloge des relations russo-chinoises, « au point culminant » de leur histoire. Dans une tribune écrite pour le Quotidien du Peuple, l’organe officiel du Parti communiste chinois (PCC), et diffusée par le Kremlin, il assure que la qualité des liens entre Moscou et Pékin est « supérieure à celle des unions politiques et militaires des temps de la guerre froide ». Et de promettre : « Notre dialogue politique est franc au maximum, alors que notre coopération stratégique est devenue exhaustive. Ce sont les relations chinoises qui sont la pierre angulaire aujourd’hui de la stabilité régionale et mondiale. Elles stimulent la croissance économique et servent de garant à un agenda positif dans les affaires internationales », assure Vladimir Poutine. Celui-ci se dit heureux de retrouver sous les ors du Kremlin « un bon vieil ami » avec qui « les relations sont les plus chaleureuses ».
A la fin du texte, il « remercie » la Chine pour son « attitude équilibrée » sur la « crise ukrainienne ». Il affirme vouloir résoudre celle-ci par la voie « politique » et « diplomatique », mais rejette sur l’Occident la responsabilité de l’échec des négociations menées jusqu’en avril 2022. Le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, a d’ores et déjà promis l’ouverture d’une « nouvelle ère » dans ces relations.
Les deux présidents, qui auront un premier tête-à-tête dès ce lundi, doivent signer une déclaration commune. La visite est d’autant plus importante pour Vladimir Poutine que la Cour pénale internationale (CPI) vient d’émettre un mandat d’arrêt à son encontre, l’accusant de crime de guerre pour « déportation illégale » d’enfants ukrainiens. Une information totalement passée sous silence par les médias chinois.
En guise de réponse, et de défi à l’Occident, le chef du Kremlin s’est rendu, dimanche 19 mars, à Marioupol, ville emblématique du conflit en Ukraine. La cité portuaire avait été assiégée et bombardée pendant de longues semaines par les forces russes au début de « l’opération militaire spéciale » du Kremlin et était finalement tombée en mai 2022. Cette visite surprise, premier déplacement de Vladimir Poutine dans une zone conquise par Moscou, est avant tout un symbole pour rappeler la détermination du Kremlin, non seulement aux Européens et aux Américains, mais aussi aux Chinois. Pékin n’a en effet ni condamné ni soutenu explicitement l’offensive russe et, plus d’une fois, Xi Jinping s’est montré ambigu, faisant part, en septembre 2022, de ses « préoccupations ».
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