Europe, Chine, Etats-Unis face au contrôle de l'intelligence artificielle

L'artiste suisse Simon Senn pose devant un texte généré par une l'intelligence artificielle lors d'une performance au festival d'Avignon,, le 14 juillet 2022 ©AFP - Clement MAHOUDEAU / AFP
L'artiste suisse Simon Senn pose devant un texte généré par une l'intelligence artificielle lors d'une performance au festival d'Avignon,, le 14 juillet 2022 ©AFP - Clement MAHOUDEAU / AFP
L'artiste suisse Simon Senn pose devant un texte généré par une l'intelligence artificielle lors d'une performance au festival d'Avignon,, le 14 juillet 2022 ©AFP - Clement MAHOUDEAU / AFP
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L’irruption de l’IA générative, avec l’apparition de ChatGPT, s'inscrit dans une dimension géopolitique. Contrôle vertical à la chinoise, pragmatisme commercial à l’américaine, le découplage des systèmes suivra-t-il celui des normes, le seul terrain où l’Europe dispose d’un levier d’innovation ?

Avec
  • Asma Mhalla Spécialiste des enjeux politiques et géopolitiques de la Tech
  • Julien Nocetti Chercheur associé à l’IFRI, institut français des relations internationales et au centre géopolitique des technologies
  • Victor Storchan Ingénieur en machine learning
  • Charles Thibout Chercheur en science politique à la Joint European Disruptive Initiative, à l’IRIS et à Paris 1

"On n’a pas toutes les réponses, et la technologie évolue rapidement. Est-ce que ça m’empêche de dormir la nuit ? Oui, Absolument." Cet aveu du grand patron de Google, Sundar Pichai, il y a quelques jours en Californie, en dit long sur l’affolement et l’ivresse qui ont saisi tous les acteurs de la grande aventure contemporaine de l’intelligence artificielle, comme ceux qui s’en préoccupent. L’irruption de l’IA générative avec l’apparition quasi simultanée ces derniers mois, aux États-Unis et en Chine, des outils de conversation automatisée qu’on appelle ChatGPT, le développement fulgurant de tout l’écosystème qui les accompagne, l’enchevêtrement des débats qu’ils suscitent – débats éthiques, politiques, réglementaires, commerciaux – ce bouillonnement qui va transformer nos vies s’inscrit aussi dans une autre dimension, géopolitique cette fois : la confrontation durcit de plus en plus entre Washington et Pékin, et les Européens s’efforcent enfin de se frayer une troisième voie.

La recherche fondamentale ne cesse d’évoluer

L’accélération est manifeste. Ces derniers jours, le président Biden a convoqué à la Maison Blanche les dirigeants des géants américains de la tech, la commission du Parti communiste chinois chargée du cyberespace a décrété que les nouveaux outils de l’intelligence artificielle devaient scrupuleusement respecter les valeurs du socialisme à la chinoise selon la pensée du président Xi Jinping, et le Parlement européen a ouvert la voie au projet de réglementation de l’IA mis au point par la Commission de Bruxelles. Quelle est donc la portée de ces annonces, comment s’inscrivent-elles dans la réalité technologique, économique, juridique propre à des modes de fonctionnement aussi dissemblables ? Contrôle vertical à la chinoise, pragmatisme commercial à l’américaine – le découplage des systèmes suivra-t-il celui des normes, le seul terrain où l’Europe dispose d’un vrai levier d’innovation et d’influence ? Enjeux de puissance civils, mais aussi militaires, outils de souveraineté économique, divergence des priorités, qu’elles soient politiques ou éthiques – comment comprendre le rôle et l’importance de l’intelligence artificielle dans un tel brouillard alors que la recherche fondamentale ne cesse d’évoluer ?

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Asma Mhalla a signé :  Liberté d'expression et réseaux sociaux : l'impasse de la modération pour l’Institut Montaigne (janvier 2023). Victor Storchan est notamment l’auteur d’une publication pour la revue Grand Continent intitulée Prendre la mesure de l’Intelligence artificielle.

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