Quelque 244 000 victimes de violences conjugales ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2022, ce qui correspond à une hausse de 15 % par rapport à 2021, a annoncé le ministère de l’intérieur, jeudi 16 novembre. Les victimes sont des femmes à 87 % et les mis en cause des hommes à 89 %. Seulement une victime sur quatre a porté plainte, selon les chiffres du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).
« Dans un contexte de libération de la parole et d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie, le nombre de victimes enregistrées a ainsi doublé depuis 2016 », observe ce service. La part de victimes (28 %) rapportant des faits antérieurs à leur année d’enregistrement reste stable par rapport à 2021, précise le communiqué.
Pour le ministère, ces chiffres ne rendent cependant « pas compte directement de l’évolution de la délinquance », car la propension à porter plainte « dépend tout à la fois de la nature de l’infraction, du contexte dans lequel elle a été commise » et de « l’évolution des comportements dans la société », notamment « des dispositifs de protection ou de sanction mis en place ». Ainsi, certains faits peuvent « n’être jamais signalés ou l’être plus tardivement », relève le SSMSI, qui estime qu’un quart seulement des victimes portent plainte.
Les deux tiers des violences rapportées sont d’ordre physique
Cette estimation repose sur une comparaison entre les faits signalés et des « enquêtes de victimisation », menées auprès de larges panels représentatifs de la population. Ainsi, selon l’enquête européenne Genese 2021, 0,6 % des 18-74 ans (0,9 % des femmes et 0,2 % des hommes) déclarent avoir été victimes en 2020 de violences physiques, sexuelles ou psychologiques de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.
Le taux de victimes qui portent plainte est plus important pour les violences physiques (34 %) et le harcèlement moral (26 %), mais plus faible (10 %) pour les violences sexuelles au sein du couple. De manière globale, les victimes des violences rapportées sont des femmes à 86 % et les mis en cause des hommes à 87 %.
Les deux tiers des violences rapportées sont d’ordre physique, 30 % d’ordre verbal ou psychologique et 5 % sont des violences sexuelles. « Comme en 2021, la Seine-Saint-Denis, la Guyane, le Pas-de-Calais, le Nord et La Réunion sont les départements qui affichent les plus forts taux de victimes enregistrées pour 1 000 habitantes âgées de 15 à 64 ans », selon le ministère.
Les trois quarts des victimes ont entre 20 et 45 ans, la tranche d’âge la plus concernée étant celle des 30- 34 an,s qui concentre 7 % des victimes. Les violences physiques criminelles (homicides, tortures ou actes de barbarie ) « restent très rares, avec moins de 1 % des cas rapportés, note le ministère.
En 2022, 145 homicides conjugaux ont ainsi été recensés en France, dont 118 féminicides, quatre de moins qu’en 2021, selon un bilan publié au début de septembre.
Ces « chiffres stables montrent que les efforts ne sont pas suffisants pour prévenir les violences et protéger les femmes victimes », avait alors commenté Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes.
Contribuer
Réutiliser ce contenu