Trois enseignements du premier tour de l'élection présidentielle

Emmanuel Macron est le premier président sortant à améliorer son score d'une élection à l'autre, depuis François Mitterrand en 1988. ©AFP - Ludovic Marin
Emmanuel Macron est le premier président sortant à améliorer son score d'une élection à l'autre, depuis François Mitterrand en 1988. ©AFP - Ludovic Marin
Emmanuel Macron est le premier président sortant à améliorer son score d'une élection à l'autre, depuis François Mitterrand en 1988. ©AFP - Ludovic Marin
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Triple vote utile, double vie politique, appel à l'unité... Un constat en "trois-deux-un".

Trois, comme le nombre de candidats propulsés par le vote utile. Jean-Luc Mélenchon, d'abord, qui a quasiment absorbé la gauche et ses électeurs. Lesquels, désireux d’empêcher Marine Le Pen d’être au second tour, ont donc voté utile.

Vote utile, aussi, pour Marine Le Pen. L’électorat Zemmour s’est dégonflé et a préféré - en partie - se reporter sur la candidate RN, par crainte de la dynamique de Jean-Luc Mélenchon qui pouvait ravir la deuxième place dans les derniers jours de scrutin.

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Et puis un vote utile des électeurs du centre et de la droite, inquiets que les courbes se croisent au dernier moment, avec un deuxième tour Le Pen-Mélenchon. Les électeurs de François Fillon en 2017 se sont majoritairement reportés sur Emmanuel Macron cette fois-ci. D’où le faible score de Valérie Pécresse.

Voici donc pour le chiffre 3 : trois votes utiles, et une vie politique marquée par le tripartisme. Un centre libéral pro-européen. Une droite extrême anti-immigration et anti-Union européenne. Une gauche écologiste un peu plus composite. Les élections législatives du mois de juin montreront si ce triumvirat est toujours d’actualité.

La Question du jour
8 min

Deux, comme deux mondes politiques

Deux, comme les deux mondes politiques bien distincts qui co-existent à présent : le national et le local. Les trois grands partis qui dominent la présidentielle (LREM, RN, LFI) sont des nains au niveau local. Ces trois mouvements dirigent très peu de villes, de départements, de régions.

A l’inverse, les deux partis historiques de gouvernement (PS et LR, essorés à 7% ensemble) règnent sur les collectivités locales. A deux, ils détiennent quasiment toutes les régions de France, l’essentiel des départements et une très grande majorité des villes.

Voici donc advenir une vie politique à deux vitesses, entre le national et le local.

Un, comme l'unité prônée par Emmanuel Macron hier soir

Figure classique d’un discours d’entre-deux tours. Habileté, aussi, de celui qui est le premier président sortant à progresser d’une élection à l’autre - et ce sans avoir vécu une cohabitation.

Mais ce n’était uniquement l’appel classique à l’union. Il y avait dans l’allocution du président-candidat hier soir une volonté de rassembler la quasi-totalité de la vie politique française.

Clin d’œil aux Verts et surtout aux insoumis, quand le président mentionne “la planification écologique”, clin d’œil à la droite et au RN, quand le président évoque la lutte contre le séparatisme islamiste.

Sans oublier cet appel à "travailler ensemble". A laisser de côté les divergences pour mieux se retrousser les manches.

Comme si l’opposition, les oppositions, constituaient une sorte de frein, une anomalie, presque un boulet, qui entrave la République… en marche.

Frédéric Says

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