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Le sexisme persiste chez les moins de 35 ans selon le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes

Par
  • France Bleu

Selon le rapport du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, le sexisme "reste prégnant," et s'aggrave notamment chez les moins de 35 ans. Le HCE a publié ce lundi son sixième état des lieux annuel sur le sexisme en France.

Sur une pancarte : "Dégagez machos on aura votre peau". Sur une pancarte : "Dégagez machos on aura votre peau".
Sur une pancarte : "Dégagez machos on aura votre peau". © Radio France - François Cortade

Un homme sur cinq de moins de 35 ans considère normal de gagner mieux sa vie qu'une femme à poste égal. C'est l'un des résultats présentés ce lundi par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes dans sa sixième étude annuelle sur le sexisme en France.

Selon le HCE, les stéréotypes persistent, y compris chez les jeunes. Ils progressent même chez les femmes de moins de 35 ans. Le Haut Conseil rappelle ainsi que l'assignation de la gent féminine à la sphère domestique et au rôle maternel gagne du terrain. 34% des jeunes femmes pensent "qu'il est normal qu'elles arrêtent de travailler pour s'occuper de leurs enfants". Une opinion en hausse de 7 points dans cette catégorie d'âge, par apport à l'an dernier. Le HCE observe un "retour aux valeurs traditionnelles", autant chez les hommes que chez les femmes.

Victimisation des jeunes hommes

Côté hommes, plus de la moitié des 24-35 ans sont convaincus que l'on s'acharne sur eux : 59% sont persuadés qu'il n'est plus possible de séduire une femme sans être vu comme sexiste. Cette victimisation va jusqu'au sentiment d'être moins bien traités dans la société actuelle en raison de leur sexe. Ils considèrent donc qu'il est aujourd'hui plus difficile d'être un homme qu'une femme.

Une forme "de passivité, voire d’hostilité et de résistance à l’émancipation des femmes" gagne du terrain, en particulier chez les hommes. Ils sont 37% (+3 points) à considérer que "le féminisme menace la place et le rôle des hommes".

Sexisme relayé par la famille, l'école et le monde du travail

Selon le HCE, la persistance de ce sexisme, y compris chez les jeunes adultes vient du fait que les stéréotypes de genre sont d'abord transmis par la famille, puis relayés par l'école et le monde du travail. "À la maison, car les parents ne se rendent même pas compte qu’ils éduquent leurs enfants différemment, indique Sylvie Pierre-Brossolette, la présidente du HCE. Puis à l’école qui reproduit les biais sexistes à tel point que les filles n’ont même pas l’idée de faire une carrière scientifique ou technique et enfin sur le numérique qui décuple tout !". 70% des femmes estiment d'ailleurs ne pas avoir été traitées à égalité avec leur frère, elles sont près de ma moitié chez les 24-35 ans à avoir ce sentiment. Or, comme le pointe le HCE, ces constats sont d'autant plus alarmants que la persistance du sexisme est à l'origine des violences plus graves envers les femmes.

"Le numérique, c'est l'école du sexisme"

Enfin, le rapport décrit les "plateformes numériques" comme de "véritables caisses de résonance des stéréotypes de genre". Le HCE a analysé "les 100 contenus les plus vus des principales plateformes" (Youtube, Instagram et TikTok) et constaté que 68% de ces contenus d’Instagram "diffusent des stéréotypes de genre", sur Youtube, cela grimpe à 88%.

Pour la présidente du HCE, "le numérique, c'est l'école du sexisme". Le porno est particulièrement néfaste dans la propagation du sexisme : "la moitié des garçons de 12 ans, disent que c'est normal de pratiquer la violence pendant l'acte sexuel, et que les filles s'y attendent et aiment ça". Sylvie Pierre-Brossolette demande donc des mesures spécifiques sur le porno, notamment de "retirer les scènes de tortures et de barbarie".

Sur les "stéréotypes ordinaires véhiculés par les autres plate-formes" (Youtube, Instagram et Tiktok), elle dit avoir "reçu les grands patrons" et qu'ils sont "d'accord pour faire comme les chaînes de télévision : auto-évaluer pour évaluer le degré de sexisme sur les contenus les plus vus". Elle veut donc le "graver dans la loi" et le mettre "sous l'égide de l'ARCOM", pour "faire des progrès".

Trois recommandations

Le Haut Conseil à l’égalité formule trois recommandations : éduquer, réguler et sanctionner. L’éducation passe par un professeur référent et la création d’un manuel dédié, ainsi qu’une formation initiale continue pour les professeurs. La régulation concerne principalement les contenus numériques : sur la représentation des femmes et les contenus pornographiques. Le HCE souhaite aussi des quotas de femmes dans les filières informatiques et numériques, pour une plus grande mixité.

Enfin, le rapport recommande de faire "du délit de sexisme un véritable outil juridique de condamnation", en formant mieux les professionnels de la justice, en simplifiant ce délit et en faisant évoluer la loi sur le viol et la prise en charge des victimes. Sylvie Pierre-Brossolette, a "un mot d'ordre pour les femmes victimes de violence, allez, y plaignez-vous, il faut que ça se termine".

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