Depuis qu’il s’est saisi de la question au lendemain de l’attaque du Hamas en Israël, le 7 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU, chargé d’assurer la paix et la sécurité internationales, n’est pas parvenu à adopter une position commune sur les violences qui embrasent la bande de Gaza et le sud d’Israël et lancer un appel au respect du droit humanitaire international. Une certaine cacophonie semble même s’être installée au sein de l’instance.
Ainsi, quelques minutes avant le début de la réunion sur la situation au Proche-Orient à huis clos, vendredi 13 octobre, le représentant permanent russe, Vassily Nebenzia, « a pris tout le monde de court », observe un ambassadeur qui souhaite rester anonyme. M. Nebenzia a en effet remis à ses quatorze homologues un projet de résolution appelant « à un cessez-le-feu immédiat » pour la protection des populations israélienne et palestinienne, et condamnant « toutes violences et hostilités contre les civils ».
Ce texte ne désigne pas le Hamas nommément, alors qu’il y a quelques jours, les Etats-Unis avaient appelé le Conseil de sécurité à condamner clairement les « actes terroristes odieux » du mouvement islamiste palestinien. Le texte russe rejette « tous les actes de terrorisme » et réclame la libération sécurisée de tous les otages. « Nous sommes convaincus que le Conseil de sécurité doit agir pour mettre un terme à ce bain de sang et relancer des négociations de paix dans le but d’établir un Etat palestinien, comme c’est prévu depuis longtemps », a déclaré l’ambassadeur russe à l’Organisation des Nations unies (ONU).
« Délit de faciès »
« Certains n’ont même pas lu cette proposition de texte et l’ont rejetée immédiatement, relève le diplomate qui a assisté à la session. La Russie est victime du délit de faciès depuis qu’elle a violé la Charte de l’ONU », depuis le début de la guerre en Ukraine. « Il y a un consensus émergent sur les inquiétudes humanitaires », a toutefois confié l’ambassadeur chinois Zhang Jun à la sortie du Conseil à propos des discussions, avant d’affirmer accueillir tout effort qui aidera à la désescalade.
Lors de la réunion, un consensus a émergé pour reconnaître le droit à la légitime défense pour Israël – conformément à l’article 51 de la Charte – étant donné « l’attaque sans précédent » dont elle a été victime le 7 octobre. Le représentant russe a alors rappelé que cette défense devait être exercée toutes proportions gardées et « sans désir de vengeance ».
Deux points d’achoppement divisent actuellement le Conseil : l’évacuation de la population de Gaza et l’intervention éventuelle d’une force terrestre israélienne dans l’enclave palestinienne. Les membres permanents occidentaux plaident pour limiter le moins possible le rayon d’action d’Israël. « Les Etats-Unis n’accepteront tout simplement pas un texte appelant à un cessez-le-feu immédiat dans les prochains jours, avance Richard Gowan, du groupe de réflexion International Crisis Group. En 2021, ils avaient refusé d’approuver toute déclaration du Conseil sur le conflit entre Israël et le Hamas jusqu’à ce qu’Israël ait atteint ses objectifs militaires. »
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