Chaleur écrasante, sécheresses à rallonge et pluies diluviennes... Météo-France décrit ce qui attend l'Hexagone avec une température de +4°C d'ici à 2100
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Le réchauffement climatique est déjà de plus en plus palpable, et ce n'est pas près de s'arrêter. Dix jours après la présentation par le gouvernement du nouveau plan national d'adaptation au changement climatique, Météo-France publie, jeudi 20 mars, un rapport sur les événements extrêmes attendus dans l'Hexagone d'ici la fin du siècle. Ces anticipations suivent la trajectoire de référence, qui prévoit une augmentation des températures moyennes de +2,7°C en 2050 et +4°C en 2100 par rapport à l'ère pré-industrielle. Un travail qui va de pair avec le plan dévoilé par le gouvernement : "La définition des stratégies d'adaptation nécessite de connaître aussi précisément que possible les évolutions climatiques futures", rappelle l'agence météo.
Le rapport souligne "l'importance de nous préparer dès maintenant à un climat très différent de celui que nous connaissons aujourd'hui, avec des extrêmes plus sévères", relève Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint scientifique de la climatologie chez Météo-France. A l'horizon 2100, "une année aussi chaude que 2022 serait exceptionnellement fraîche", prévient Météo-France. Or, 2022 avait été l'année la plus chaude jamais enregistrée en France, et la succession d'événements intenses avait occassioné une prise de conscience de la violence et de la rapidité du réchauffement climatique.
Dans une France à +4°C, le nombre de jours de très forte chaleur, c'est-à-dire avec une maximale supérieure à 35°C, s'élèvera à 8 par an en moyenne, contre moins de 1 jour sur la période de référence (1976-2005). Sur le pourtour méditerranéen, Météo-France prévoit en moyenne jusqu'à 30 à 40 jours de très forte chaleur par an, soit une dizaine de jours supplémentaires par rapport aux records de l'été 2022. De plus, le nombre de jours de vagues de chaleur sera entre 7 et 12 fois supérieur à celui observé dans le climat des années 1990.
Des pics à 50°C plus si improbables
Les chaleurs risquent d'être écrasantes en plus d'être plus longues et plus fréquentes. Dans un Hexagone à +4°C, la température de journée la plus chaude de l'année atteindra en moyenne 40°C, alors que le dépassement de ce seuil, même au niveau local, était extrêmement rare au XXe siècle en France. Des records de chaleur jusqu'à 50°C, seuil jamais dépassé en Europe, deviendront possibles localement en France "dès l'horizon 2050". Selon ces projections, ils deviennent ensuite "probables dans les événements caniculaires les plus intenses à l'horizon 2100".
Le nombre de jours froid, lui, va fondre. Les hivers frais seront "progressivement moins probables sans être totalement exclus", et ils seront nettement plus humides, "avec des cumuls qui dépassent largement les records actuels". L'enneigement va nettement reculer sur l'ensemble des massifs, "de 1 à 2 mois en moyenne aux altitudes les plus hautes, et de 2 à 3 mois en moyenne aux altitudes moyennes et basses". Pour la moyenne montagne, la saison d'enneigement continu va tomber sous la barre des 2 mois.
Le risque de d'incendies rehaussé y compris dans la moitié nord
Météo-France prévoit également de nettes hausses du volume de pluie. Un phénomène que les climatologues prédisent depuis longtemps car une atmosphère plus chaude peut transporter plus d'humidité et donc causer davantage de précipitations. "Les augmentations les plus fortes sont attendues sur la moitié nord, atteignant +20% en général, et beaucoup plus dans certaines simulations", met en garde le prévisionniste, précisant que des simulations suggèrent aussi des pluies plus intenses pour les zones méditerranéennes.
Malgré l'augmentation des précipitations, les sécheresses vont devenir courantes et plus longues. D'ici à 2100, elles seront plus fréquentes en été et en automne, et le nombre de jours de sol sec s'élèvera à "4 à 5 mois dans la moitié nord et jusqu'à plus de 7 mois sur les régions méditerranéennes". Météo-France estime que certains événements de sécheresse pourront "s'étaler sur plusieurs années consécutives" et qu'une sécheresse aussi forte que celle de 2022 deviendra fréquente.
Dans ces conditions, le front des incendies va continuer à s'étendre. A l'horizon 2100, "l'ensemble du pays" sera concerné par un "risque élevé de feu", touchant des localités jusqu'à présent peu affectées. Des régions de la moitié nord de l'Hexagone, comme les Pays de la Loire et le bassin parisien, connaîtront des fréquences de "risque élevé de feu" similaires à celles que les zones du sud de la France connaissent actuellement. Pour les zones méditerranéennes, la saison de risque élevé ou modéré de feu va passer de 1 à 2 mois.
Depuis le XIXe siècle, la température moyenne de la Terre s'est réchauffée de 1,1°C . Les scientifiques ont établi avec certitude que cette hausse est due aux activités humaines, consommatrices d'énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Ce réchauffement, inédit par sa rapidité, menace l'avenir de nos sociétés et la biodiversité. Mais des solutions – énergies renouvelables, sobriété, diminution de la consommation de viande – existent. Découvrez nos réponses à vos questions sur la crise climatique.
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