Deux jours après des affrontements, samedi 25 mars, d’une grande violence entre opposants aux mégabassines, et forces de l’ordre, aux abords de la bassine, construite mais pas encore en service, de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), l’inquiétude restait vive sur le sort d’un manifestant de 30 ans blessé à la tête, par un tir de grenade GM2L (lacrymogène et assourdissante) selon les organisateurs. Dimanche soir, la rumeur de son décès a couru, mais la famille a confirmé, en toute fin de soirée, qu’il était encore en vie « à ce stade », le pronostic vital restant engagé.
La tragédie est donc toujours possible, faisant ressurgir le traumatisme de la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, tué par un tir de grenade, dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, lors d’une manifestation à Sivens (Tarn). Un drame pour lequel la cour administrative d’appel de Toulouse vient de reconnaître, le 22 février, la « responsabilité sans faute » de l’Etat.
Le sort du jeune manifestant « antibassines » de 30 ans illustre la gravité des heurts qui ont culminé samedi, lors d’un week-end de mobilisation contre les « réserves de substitution », qui visent à pomper dans les nappes phréatiques l’hiver pour permettre à des agriculteurs une utilisation de l’eau toute l’année, et que les opposants dénoncent comme un accaparement de l’eau. Signe de la montée des tensions, plusieurs arrêtés préfectoraux avaient interdit manifestations et attroupements dans les secteurs concernés.
Au final, le bilan des affrontements est très lourd. Côté manifestants, les organisateurs de la mobilisation avancent le chiffre de deux cents blessés dont quarante grièvement, touchés principalement par des éclats de grenades de désencerclement et des tirs de lanceurs de balles de défense (LBD). Du côté des gendarmes, 47 agents ont été blessés. Deux d’entre eux se trouvent en état d’urgence absolue, sans que leur pronostic vital ne soit finalement engagé.
4 000 grenades tirées
Dimanche, un communiqué du procureur de Niort, Julien Wattebled, ne faisait état que de sept blessés pris en charge par les secours, dont trois en urgence absolue mais annonçait « des vérifications (…) en cours pour déterminer si d’autres personnes se sont présentées spontanément dans des établissements hospitaliers ». Une enquête judiciaire a été ouverte « pour déterminer la nature exacte » des graves blessures infligées aux trois manifestants les plus touchés et « les circonstances dans lesquelles » elles sont intervenues, a-t-il encore précisé. D’autres procédures judiciaires sont ouvertes pour : « organisation de manifestation interdite sur la voie publique », « violences aggravées sur personnes dépositaires de l’autorité publique », « participation à un groupement formé en vue de commettre des dégradations ou des violences ».
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