Y aura-t-il un « moment Paris » à Montréal ? L’accord adopté au Canada sera-t-il, pour la biodiversité, ce que l’accord de Paris, signé en 2015, a été pour le climat ? Tel est l’immense espoir projeté sur la 15e Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), dont le lever de rideau est prévu mardi 6 décembre. Les scientifiques, la société civile et une partie des négociateurs de 196 Etats attendent de ce rendez-vous une ambition, une mobilisation et des engagements d’une ampleur inédite pour faire face à la destruction du vivant.
Alors que la planète est à l’aube d’une sixième extinction de masse, cette COP15, qualifiée de « COP de la décennie », doit permettre de conclure un nouveau cadre mondial visant à « arrêter et inverser » la perte de biodiversité d’ici à 2030, avant de « vivre en harmonie avec la nature » à l’horizon 2050. Cette feuille de route succédera aux objectifs d’Aichi (2010-2020), qui se sont soldés sur un constat d’échec quasi général.
« De toute évidence, le monde exhorte à un changement dans notre relation avec la nature, affirme Elizabeth Maruma Mrema, la secrétaire exécutive de la convention pour la diversité biologique (CDB) des Nations unies. Parvenir à un accord sur le cadre mondial ne sera pas simple, cela exigera un travail acharné. Mais ce texte est crucial pour garantir l’avenir de l’humanité sur la planète Terre. »
Les scientifiques sont en effet parfaitement clairs sur l’urgence à agir. Les populations de vertébrés se sont effondrées de 69 % en moins de cinquante ans, un million d’espèces végétales et animales sont menacées d’extinction dans les prochaines décennies, et 75 % de la surface terrestre du globe a déjà été altérée par les activités humaines. Au moins 150 millions de tonnes de plastique ont été déversées dans les océans, et 437 millions d’hectares de couvert forestier ont été perdus depuis 2000.
« Du courage et des actions urgentes »
Ce tableau dramatique a des conséquences très concrètes pour les populations, notamment pour les plus vulnérables : une personne sur cinq dépend des plantes sauvages, des algues et des champignons pour sa nourriture et ses revenus, et près de 75 % des cultures dépendent de plus de 20 000 espèces de pollinisateurs, dont une grande partie est menacée de disparition. Au total, plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB) mondial repose sur la bonne santé des écosystèmes.
« La biodiversité n’est pas uniquement une histoire de fleurs et de petits oiseaux, c’est aussi une question de développement et de vie au quotidien », insiste Gilles Kleitz, directeur du département transition écologique à l’Agence française de développement.
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