“On ne sait toujours pas qui est responsable du double attentat à la bombe” qui a fait 95 morts mercredi 3 janvier “dans la ville de Kerman, dans le sud-est de l’Iran, mais ceux qui sont à l’origine de cet affront sont en tout cas clairement prêts à risquer de déclencher une guerre régionale”, note le Guardian.

L’attaque est survenue près de la tombe de Qassem Soleimani, architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient dont l’Iran commémorait la mort il y a quatre ans. L’agence de presse officielle Irna avait évoqué dans un premier temps un bilan de 103 morts, la télévision d’État faisant état de 211 blessés, dont certains dans un état critique.

Ces explosions n’ont pas été revendiquées mais cet événement risque d’“intensifier un peu plus les tensions dans un Moyen-Orient de plus en plus instable”, souligne le Guardian.

Téhéran rapidement accusé mercredi Israël et les États-Unis. Un haut responsable de l’administration Biden, s’exprimant sous couvert de l’anonymat, a lui estimé que ces explosions ressemblaient à une “attaque terroriste” du type de celles menées par le groupe État islamique.

Pour L’Orient-Le Jour, “le mode opératoire utilisé rappelle” en effet “les actes” de Daech “ou d’autres groupes extrémistes, alors que la seconde bombe a détoné avec un délai pour causer le plus de victimes possible, y compris parmi les secouristes”.

“Soleimani était considéré comme un bouclier contre Daech”

“La piste terroriste est aussi la plus probable d’après Jonathan Piron, historien et politologue spécialiste de l’Iran”, note Le Soir, qui a interrogé l’universitaire. “Soleimani était considéré par la population comme un bouclier contre Daech”, explique l’expert.

Jonathan Piron estime par ailleurs évident qu’il ne s’agit pas d’une frappe américaine ou israélienne : “On est en plein cœur du pays, c’est trop loin et très éloigné des côtes. Les Israéliens n’ont pas la capacité de frapper aussi loin et la flotte américaine n’a pas intérêt à déclencher une tension aujourd’hui avec l’Iran”, analyse-t-il. Par rapport à ce qu’il se passe entre le Hamas et Israël, ni l’Iran, ni Israël, ni les États-Unis ne veulent franchir la ligne rouge pour déclencher un conflit régional. Même s’il y a eu cette frappe israélienne contre le numéro deux du Hamas à Beyrouth mardi, on reste dans une approche limitée avec des annonces qui ont été faites, notamment, par le gouvernement de Nétanyahou, qui avait prévenu de l’éventualité.”

L’Orient-Le Jour rappelle de son côté que “les opérations israéliennes en Iran ont dans le passé surtout visé à ralentir le développement du programme nucléaire iranien en ciblant notamment des scientifiques ou des installations stratégiques”. “Israël n’a jamais mené d’attaques à la bombe” sur le territoire iranien “visant à faire de nombreuses victimes”, souligne pour sa part le Times of Israel.