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En Ukraine, justice expéditive dans les zones libérées de l’occupant

Rien ne distingue les enseignants, employés ou agents administratifs subalternes des Ukrainiens qui ont délibérément pris le parti de la Russie. Tous cas confondus, plus de 7 000 affaires pénales ont été ouvertes pour collaboration.

Par  (Kiev, correspondant)

Publié le 18 novembre 2023 à 04h00, modifié le 23 novembre 2023 à 14h00

Temps de Lecture 5 min.

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Lors d’une opération des services de sécurité ukrainiens pour arrêter des collaborateurs prorusses présumés à Kharkiv (Ukraine), le 14 avril 2022.

L’Ukraine mène une lutte sans relâche contre ceux qu’elle considère comme des traîtres à la nation. Il suffit de se rendre sur la chaîne Telegram des services de sécurité du pays, le SBU, pour se faire une idée de l’intensité de cette bataille. Les enquêteurs partagent quotidiennement des photos floutées de personnes accusées de trahison et de collaboration, accompagnées de bribes d’informations sur les faits reprochés : avoir « corrigé » des tirs de missiles de l’armée ennemie sur des infrastructures ukrainiennes ; transmis des renseignements militaires aux forces russes ; glorifié l’armée adverse sur Internet…

Pour les autorités, il s’agit d’une question de sécurité nationale, mais aussi d’une réponse musclée à la forte demande de justice de la société ukrainienne, révoltée contre cet « ennemi de l’intérieur ».

Depuis le début de l’invasion, en février 2022, les services de sécurité ont ainsi mené des milliers d’enquêtes et d’arrestations contre des Ukrainiens soupçonnés de trahison. « Tant que la guerre durera, il y aura des gens dans notre société qui aideront l’ennemi pour de l’argent ou par idéologie, assure le chef du SBU, Vassyl Maliouk, qui a répondu par écrit aux questions du Monde. C’est pourquoi nous ne nous arrêterons pas et nous ferons tout pour que tous les traîtres et les collaborateurs soient punis équitablement. »

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Ukraine, une soif de justice contre les crimes russes

Une grande partie de cette bataille se déroule dans les territoires ukrainiens occupés par les forces russes, mais aussi dans ceux libérés, depuis, par l’armée de Kiev. Et, sur ce dernier point, les défenseurs des droits humains ne cachent pas leur inquiétude sur la célérité des autorités du pays à condamner de nombreux civils accusés d’avoir frayé avec l’ennemi durant l’occupation.

Plus de 7 000 procédures

Aux yeux de ces ONG, cette justice immédiate en temps de guerre ne fait pas de distinction entre des actes pour survivre et une franche collaboration avec l’ennemi. « Nous en sommes à l’heure des promesses populistes où tout le monde doit être emprisonné », se désole Alena Lunova, directrice des activités de plaidoyer du centre de défense des droits de l’homme Zmina.

Au cœur des critiques, deux articles du code pénal adoptés en mars 2022 : le 111-1, qui répond aux « activités de collaboration », et le 111-2, qui juge les Ukrainiens fournissant une « assistance à l’Etat agresseur ». La création de ces deux articles s’est faite dans l’urgence, dans les premières semaines de guerre, et visait à envoyer un « signal fort » aux habitants vivant en territoire occupé ou sur le point de l’être.

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