La police a ouvert le feu et grièvement blessé, mardi 31 octobre, une femme qui, selon des témoins, tenait des propos menaçants et a crié « Allahou akbar » dans un train du RER C à Paris. La police a été requise vers 7 h 30, après des appels de passagers mentionnant une femme « intégralement voilée » qui « proférait des menaces » dans un RER qui circulait alors dans le Val-de-Marne, a déclaré le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, lors d’une conférence de presse. « “Vous allez tous y passer”, “Allahou akbar”, “Boum” », a-t-elle dit selon ces témoins cités par le préfet de police.
La police a réussi à « l’isoler » à la station Bibliothèque-François-Mitterrand, à Paris, qui a été rapidement évacuée. Les policiers lui ont « demandé de s’asseoir au sol » mais elle s’est relevée et s’est « dirigée vers les fonctionnaires de police », a expliqué le préfet. Ils lui ont alors « adressé des sommations », lui demandant de montrer ses mains pour vérifier qu’elle n’avait pas d’arme, mais elle a « refusé d’obtempérer », a détaillé M. Nuñez.
Deux policiers ont alors tiré huit fois, a précisé le parquet, qui avait initialement évoqué le tir unique d’un policier. Touchée à deux reprises à l’abdomen, « elle a été opérée et est toujours en réanimation », a précisé mardi soir le parquet. Les vérifications ont permis d’établir qu’elle n’avait ni explosif ni arme sur elle.
Déjà interpellée pour une « attitude menaçante »
Cette femme, âgée de 38 ans, avait déjà été interpellée en juillet 2021, notamment par des militaires de l’opération « Sentinelle ». « Vêtue également d’un voile intégral » et munie d’un « tournevis », elle avait tenu des « propos à caractère religieux » avec une « attitude menaçante », a expliqué M. Nuñez. Placée en garde à vue, elle avait ensuite été « internée » car souffrant de « troubles psychiatriques », a-t-il ajouté.
« La perquisition à son domicile n’a, à ce stade, pas révélé d’éléments laissant craindre de radicalisation de sa part », a signalé le parquet mardi soir, soulignant qu’elle était « par ailleurs connue pour des troubles de type schizophrénie, pour lesquels elle suit un traitement ». La femme n’avait pas fait l’objet d’une fiche pour radicalisation (FSPRT), contrairement à ce que des sources policières ont rapporté dans un premier temps.
Deux enquêtes ont été ouvertes. L’une a été confiée à la police judiciaire parisienne pour « apologie, menaces de mort et acte d’intimidation sur un dépositaire de l’autorité publique ». L’autre a été confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices, et vise les tirs de la police, comme c’est le cas lorsqu’un fonctionnaire fait usage de son arme à feu.
Les deux agents qui ont tiré ont été entendus en audition libre à l’IGPN mardi soir, a dit leur avocat, Louis Cailliez. « Ils sont naturellement choqués par la scène subie » et « ont été contraints d’ouvrir le feu, en ultime recours », a-t-il relaté. L’avocat s’est dit « très serein » quant aux suites, ses clients n’ayant fait qu’« accomplir leur devoir face à une menace sérieuse » en raison des circonstances et des informations qu’ils avaient.
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