Six résidentes d'un Ehpad montent à pied jusqu'au premier étage de la Tour Eiffel

Échec et mat pour la dame de Fer. Six résidentes de l'Ephad Saint-Vincent-de-Paul à Troyes (Aube) ont réussi leur pari, et un véritable exploit : grimper jusqu'au premier étage de la Tour Eiffel. Les 327 marches ont été avalées en 30 minutes. 

Avant l'assaut, un dernier entraînement. "Mesdames, on va s'échauffer tout doucement", lance Jérémy, coach sportif, derrière ses lunettes de soleil aux six retraitées. Baskets aux pieds, tee-shirt de sport sur le dos, elles ont entre 84 et 99 ans. "On tourne la tête vers le haut en direction de la Tour Eiffel, puis vers le bas. À gauche, à droite. On se met debout pour chauffer les chevilles. Le but, retrouver votre mobilité avant l'ascension", leur explique-t-il. 

Fin novembre 2022, Josette, Monique, Paulette, Geneviève, Jeanne et Rose acceptent le pari fou lancé par leur coach sportif. "Pendant sept mois, je les ai préparées comme des sportives de haut niveau avec des entrainements variés", affirme Jérémy face à ses troupes avant d'ajouter "Elles sont opérationnelles pour grimper 400 marches sans aucun problème". 

"Une bonne hygiène de vie"

Une fois les canes laissées aux vestiaires, la petite équipe s'engouffre vers l'escalier en fer. "On pense bien à inspirer puis à expirer. On fait des pauses. L'objectif, c'est d'arriver tous ensemble en haut", répète le capitaine de l'opération. 

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En première ligne, Rose, 84 ans, la benjamine du groupe ouvre la marche. Agrippée à rambarde, "la jeune femme aux cheveux blancs", comme elle aime se présenter, avale les marches les unes après les autres. Quelques mètres lui suffisent à distancer ses camarades d'ascension. Sa potion magique : "les repas de l'Ehpad et une bonne hygiène de vie", glisse-t-elle entre deux respirations. 

Nonagénaires et sportives de haut niveau

Dans ses traces, le petit groupe poursuit le périple, surveillé de près par deux aides soignantes et Jérémy. À l'aide de sa tablette, le coach sportif suit en temps réel le rythme cardiaque de ses sportives. Tandis que certaines s'octroient des petites pauses entre deux paliers, Rose ne s'arrête pas. "Il y en a encore des marches parce que je ne suis pas essoufflée pour l'instant", ironise-t-elle à quelques mètres du but. 

Moins d'une demi-heure après le top départ, la benjamine du groupe aperçoit l'arrivée. Accueillie en héroïne, sous une pluie d'applaudissements, elle lève les bras. "Après la Tour Eiffel, c'est quoi la suite. L'Everest ?, lui demande notre journaliste sur place. "Je ne crois pas mais on pourrait y réfléchir", répond-t-elle, pleine d'aplomb.

Chacune à leur rythme, les retraitées franchissent la ligne d'arrivée. Aucune d'entre elles n'abdiquent. Elles viennent de réaliser un exploit. Un verre d'eau, quelques beignets aux chocolats, histoire de reprendre des forces. Bien loin d'être fatiguée, une fois le souffle retrouvée, elles clôturent même cette ascension en chanson. Laissant résonner la vie en rose d'Edith Piaf à 58 mètres du sol : " Il me dit des mots d'amour, des mots de tous les jours...".