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"Maladie X" : quel est ce virus hypothétique qui agite les complotistes

Publié le 15 janvier 2024 à 18h39

Source : JT 13h Semaine

Certaines figures de la désinformation alertent sur l'existence d'une "maladie X".
Il s'agirait d'une "future pandémie" orchestrée par l'OMS et les organisations internationales.
Derrière ce nom, on trouve une épidémie fictive que la communauté internationale propose d'anticiper.

Ils se sont insurgés pendant des mois contre les restrictions liées à l'épidémie de Covid-19. Et craignent dorénavant que les autorités renouvellent l'expérience. Sur les réseaux sociaux, des internautes alertent sur le contenu des discussions lors du forum économique mondial qui s'est ouvert à Davos, lundi 15 janvier. Ils détiendraient d'ailleurs la preuve que les participants de cet événement se réunissent pour "préparer" la future pandémie.

Deux figures de la désinformation alertent sur l'existence d'une "maladie X", le 13 janvier 2024
Deux figures de la désinformation alertent sur l'existence d'une "maladie X", le 13 janvier 2024 - Capture d'écran

"Incroyable ! Et si révélateur !", s'exclame par exemple Florian Philippot. Sur ses réseaux sociaux, l'ancien eurodéputé habitué des fausses informations assure que les participants à l'événement voudraient "nous préparer à la maladie X". Soit, "agiter la peur, préparer les vaccins ARNm et les pass qui vont avec", pense-t-il savoir. De quoi pousser Francis Lalanne, le chanteur devenu figure des complotistes, à estimer que "la peste" serait en préparation grâce à "l'élevage volontaire de rats à Paris". Mais sur quoi se fondent ces craintes ?

Un scénario pour anticiper

Le 17 janvier, une table-ronde est en effet prévue à Davos au sujet de la "maladie X", à en croire l'agenda en ligne du forum. Seront réunis autour de la table plusieurs intervenants de la communauté internationale, dont le patron de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le ministre de la Santé du Brésil et le président du conseil d'administration du laboratoire AstraZeneca. Objectif de la réunion, discuter des "efforts qui seraient nécessaires pour préparer les systèmes de santé aux multiples challenges qui les attendent"

Parmi les défis, cette fameuse "maladie X". À noter qu'il s'agira pour les participants de débattre de ces enjeux et non de décider d'une politique à mettre en place. Car pour rappel, si le forum qui se réunit tous les ans à Davos rassemble les principaux leaders politiques et des représentants de la société civile, il n'a aucun pouvoir décisionnaire. Comme l'analysait le politologue Jean-Christophe Graz en 2008, ce type de forums qui s'arrogent un "pouvoir illégitime", n'ont qu'un "pouvoir informel limité". 

Mais alors que sait-on de cette maladie ? Pas grand-chose, puisqu'elle n'existe pas. Comme le relève le forum de Davos sur son site, derrière ce nom, on trouve un mal complètement fictif sur lequel alerte l'OMS depuis plusieurs années. Dans sa très sérieuse liste de maladies et agents pathogènes prioritaires, l'OMS a identifié en juin dernier neuf maladies représentant un risque pour la santé publique. On y trouve différents virus, comme Ebola ou Zika mais aussi, en dernière position, cette maladie inexistante. Baptisée "X" et apparue bien avant le Covid-19, elle désigne une pathologie supposée, mortelle et contagieuse, qui serait causée par un agent actuellement inconnu et susceptible de provoquer une pandémie. 

Forte de son expérience face au Covid-19, au cours de laquelle l'OMS a été vivement critiquée pour son manque d'anticipation, l'institution propose ainsi un scénario à suivre afin que l'ensemble des institutions soient prêtes face à toutes les formes de menaces. À commencer par une activation précoce à la "R&D transversale", comme l'explique l'institution sur son site, avec la mise en place rapide de ressources en recherche et développement afin de trouver des méthodes de dépistage, de traitement ou un vaccin.

En somme, cette maladie n'est ni un projet caché de l'OMS appliqué par Davos, ni l'annonce d'une peste à Paris. Il s'agit simplement du nom d'une hypothèse. Celle que dans l'avenir, une maladie "dont nous saurons peu de choses lorsqu'elle apparaîtra" pourrait "constituer une menace à notre mode de vie", comme le résumait en 2021 Richard Hatchett, patron de la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI).

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Felicia SIDERIS

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