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Vitry : le plus grand squat de France évacué à 100 jours des JO

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Le squat situé à Vitry-sur-Seine, où survivent des travailleurs réfugiés et des enfants scolarisés, a été évacué ce mercredi 17 avril. Des associations dénoncent ces derniers mois une volonté de faire «place nette» avant les JO.
par LIBERATION et AFP
publié le 17 avril 2024 à 8h15
(mis à jour le 17 avril 2024 à 10h26)

Un sac ou une valise contenant toutes leurs affaires d’une vie à la main, ils sont sortis dans le calme. Le plus grand squat de France – qui a abrité jusqu’à 450 migrants, en situation régulière pour la plupart selon les associations – a été évacué ce mercredi 17 avril au matin dans la banlieue sud de Paris, à cent jours des Jeux olympiques, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des hommes, majoritairement, ainsi que des femmes et quelques enfants en bas âge sont sortis de l’ancienne entreprise de transport. Dans le froid, visages fermés et inquiets.

L’opération, attendue depuis plusieurs jours, a incité de nombreux sans-abris qui avaient trouvé refuge dans cette entreprise désaffectée de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), à quitter les lieux avant l’arrivée des forces de l’ordre. Quelque 250 agents ont été mobilisés pour cette opération, selon la préfecture du Val-de-Marne. La députée LFI Mathilde Panot était elle aussi sur place.

Les quelque 300 occupants qui restaient encore ont quitté les lieux peu après 8 heures. Ils logeaient dans ces locaux depuis plusieurs mois pour certains, faute de trouver un logement dans le parc privé ou dans l’attente d’un logement social. Selon l’association United Migrants, qui leur apporte régulièrement son aide, 80 % d’entre eux sont en situation régulière en France. A leur départ, ils se sont regroupés dans la cour. Derrière des tables, des personnels des préfectures et de l’Office français de l’immigration et de l’intégration les ont orientés et ont proposés des relogements provisoires.

Agrippés à leurs documents administratifs soigneusement mis sous pochette plastique, les migrants ont parfois à peine quelques minutes pour expliquer leur situation, dans un français parfois approximatif ou un anglais balbutiant. La plupart, demandeurs d’asile, ont été fortement incités à rejoindre des «sas» – des structures d’accueil provisoires – à Bordeaux et en Val de Loire. Les cars en partance pour ces destinations attendaient devant les grilles mais peinaient à se remplir.

Depuis plusieurs mois, le collectif le Revers de la médaille, qui regroupe des associations venant en aide aux personnes précaires vivant dans la rue, alerte sur le sort des sans-abris dont les camps de fortune sont démantelés à un rythme plus soutenu à l’approche des JO (du 26 juillet au 11 août) selon ce collectif.

«La seule solution reste le squat»

Selon Paul Alauzy, qui travaille pour Médecins du monde, cette nouvelle évacuation est liée aux Jeux olympiques. «Cela fait un an qu’on assiste à des expulsions et les squats évacués restent toujours vides», estime ce porte-parole du collectif «Le revers de la médaille». A cent jours des JO, «on expulse [des squats] des Tchadiens, des Soudanais, des Erythréens, des Ivoiriens, des Guinéens qui ont des papiers : des gens en CDI mais à qui on ne veut pas louer d’appartements. La seule solution reste le squat» puisque ces personnes travaillent en Ile-de-France, ajoute-t-il.

Enquête

Autrefois siège d’une entreprise d’autobus, le bâtiment de Vitry-sur-Seine a été progressivement investi par des personnes délogées d’autres squats d’Ile-de-France. Il y a un an, les autorités avaient évacué l’ancien siège désaffecté d’Unibéton sur l’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à proximité du futur village des athlètes de JO de Paris où vivaient 500 migrants. En juillet, 150 autres personnes qui avaient trouvé refuge dans une maison de retraite abandonnée à Thiais (Val-de-Marne) avaient également été expulsées.

Mise à jour : à 16 h 03, avec plus de détails sur l’évacuation

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