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Le rapport final de l'audit au sein de la FFF accablant pour Noël Le Graët

Le document définitif confirme sans surprise le pré-rapport sans appel paru fin janvier, qui jugeait le président de la FFF Noël Le Graët « illégitime » pour « gérer le football français », notamment en raison de son comportement déplacé vis-à-vis des femmes.

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Ce mercredi après-midi, le rapport final élaboré par les trois fonctionnaires en charge de la « mission de l'Inspection générale [...] d'audit et de contrôle sur le pilotage de la Fédération française de football et le respect des obligations qui s'y attachent », selon la terminologie officielle, a été présenté. Il confirme sans surprise le pré-rapport établi le 30 janvier qui épinglait sérieusement Noël Le Graët, le président de la FFF « mis en retrait » de ses fonctions il y a un mois.

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Un comportement inapproprié

La « synthèse du rapport définitif » des trois inspecteurs est en effet explicite : « Depuis près de deux ans maintenant, les prises de position publiques déplacées de M. Le Graët se sont multipliées au point de se révéler incompatibles avec l'exigence d'exemplarité attendue d'un président de fédération sportive bénéficiaire d'un contrat de délégation avec l'État. Le rapport souligne que ces nombreuses déclarations problématiques du président de la Fédération entrent dans le champ des faits répréhensibles du règlement disciplinaire de la FFF sur les ''comportements contraires à la morale, à l'éthique ou portant atteinte à l'honneur, à l'image ou à la considération de la F.F.F '', mais qu'aucune procédure disciplinaire n'a été engagée à ce jour. »

Oudéa-Castéra : « Des agissements de M. Le Graët susceptibles d'une qualification pénale »

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Les inspecteurs ajoutent que « les auditions conduites par la mission ont mis en lumière le comportement inapproprié de M. Le Graët vis-à-vis des femmes. La mission relève non seulement des propos et des SMS émanant bien de M. Le Graët, ambigus pour certains et à caractère clairement sexuel pour d'autres, mais pointe également l'horaire tardif des envois, leur caractère répétitif et la nature des destinataires - des femmes placées sous son autorité et/ou dans une relation de dépendance -, et ce, même après le déclenchement de ses travaux.

« Le caractère déplacé et injurieux des propos de M. Le Graët peut être accentué par la consommation excessive d'alcool »

Synthèse du rapport

En s'appuyant sur des témoignages précis, sur des documents remis par certains témoins, les rapporteurs estiment que ce comportement ne peut pas être considéré comme respectueux de la dignité de ces personnes et n'est pas conforme non plus à l'obligation d'exemplarité attendue de la part d'un président de fédération délégataire. Les auditions conduites par la mission ont mis en évidence que le caractère déplacé et injurieux des propos de M. Le Graët peut être accentué par la consommation excessive d'alcool. »

Florence Hardouin, entre « autoritarisme et passivité »

Et de conclure : « Compte tenu de son comportement envers les femmes, de ses déclarations publiques et de la défaillance de sa gouvernance de la FFF, la mission considère que M. Le Graët ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français. Elle estime que les dérives de comportement de M. Le Graët sont maintenant préjudiciables à l'image de la FFF et invite les instances fédérales à examiner cette situation en application des dispositions statutaires. Les faits évoqués par plusieurs témoignages recueillis par la mission étant susceptibles de recevoir une qualification pénale ont amené la mission à saisir Mme la procureure de la République de Paris, le 13 janvier 2023, conformément à l'article 40 du code de procédure pénale. »

Florence Hardouin, la directrice générale, mise à pied le 11 janvier et convoquée, le 21 avril, à un entretien préalable à un probable licenciement, s'en sort bien mieux, mais n'est pas complètement épargnée. « La mission a eu confirmation, lors de ses auditions, des compétences affirmées de la directrice générale dans le domaine du marketing et de son engagement professionnel important mais elle se montre réservée sur sa compétence transversale nécessaire à un exercice équilibré d'une fonction de direction générale, écrivent les inspecteurs. Le rapport fait ainsi état d'un autoritarisme ''de défense'' lié à la crainte de ses plus proches collaborateurs ainsi que d'une certaine passivité face à l'ambiance sexiste et violente qui a régné au sein du CODIR (comité directeur) jusqu'en 2020 ».

« Le rapport souligne également le faible poids des autorités morales »

Synthèse du rapport

Pour la FFF en général, les critiques sont également sévères, puisque « le fonctionnement du comex illustre une faiblesse d'exercice démocratique : il est avant tout identifié comme un lieu de constats et de consensus ». De même, « le rapport souligne également le faible poids des autorités morales que constituent le comité d'éthique et la Haute Autorité du football qui n'ont pas montré jusqu'à présent leur capacité à assurer le rôle de garde-fou ou de régulation dans les situations de crise rencontrées par la Fédération ».

Un comex de la FFF doit se tenir vendredi ou en début de semaine prochaine pour étudier les conséquences du rapport ministériel. La plupart des membres espèrent une démission de Noël Le Graët.

publié le 15 février 2023 à 18h32 mis à jour le 15 février 2023 à 22h09
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