Gabriel Attal a décidé d’afficher sa fermeté. Jeudi 19 octobre, au cours d’un entretien télévisé sur France 2, il a annoncé vouloir « sortir des établissements » scolaires les élèves signalés pour des faits de radicalisation. Le ministre de l’éducation nationale a déclaré travailler avec les ministères de l’intérieur et de la justice dans l’objectif de « penser à des structures qui peuvent accueillir [ces élèves] ». « Je prendrai toutes les mesures conservatoires qui sont nécessaires, si cela protège l’éducation nationale et ses élèves », a-t-il martelé.
La mesure doit s’appliquer dans des situations « où il y a un tel embrigadement familial ou de l’environnement, que l’on ne se bat plus à armes égales », a-t-il justifié, avant de conclure que l’école devait rester un « sanctuaire » : « On doit toujours être plus en sécurité à l’intérieur de l’école qu’à l’extérieur. » Le ministre a néanmoins rappelé son attachement aux contenus scolaires comme premier outil de lutte contre la radicalisation.
Pour justifier cette décision, dont les enseignants commencent déjà à douter de la faisabilité, Gabriel Attal est revenu sur le cas du terroriste ayant assassiné Dominique Bernard, professeur à la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras, le 13 octobre. Mohammed Mogouchkov avait été signalé par l’équipe pédagogique lorsqu’il était élève de l’établissement pour des « contestations d’enseignement » et des « menaces », a rapporté le ministre sur le plateau de Caroline Roux.
Lors de son déplacement à Arras samedi 14 octobre, le ministre a été confronté à l’équipe enseignante, raconte-t-il, dans une scène qui l’a « glacé ». Les professeurs lui ont rapporté s’être dit, lors de la mort de Samuel Paty, il y a tout juste trois ans, que le drame aurait pu se dérouler chez eux – sous les coups précisément de Mohammed Mogouchkov, alors élève dans l’établissement, qui vient de passer à l’acte. « Dans combien de salles des profs, des enseignants se sont-ils dit “cela aurait pu nous arriver, à nous” ? », a interrogé le ministre.
Comment définit-on un élève radicalisé ?
Dans un contexte où le terroriste avait été signalé durant sa scolarité par la communauté éducative, était dernièrement surveillé par les renseignements et avait même été contrôlé la veille des faits, la question du suivi des jeunes radicalisés est au cœur de l’après-attentat. Gabriel Attal a ainsi précisé sur France 2 le chiffre donné par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui l’avait évoqué sur un autre plateau télévisé jeudi soir, de « plus de 1 000 mineurs avec une fiche active pour islamisme ».
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