Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux. Ce mardi 5 décembre, l’extrait d’une audition des présidentes de trois prestigieuses universités américaines a suscité une vive polémique. En cause : la vision de Claudine Gay (Harvard), Sally Kornbluth (MIT) et Elizabeth Magill (université de Pennsylvanie) concernant l’antisémitisme sur leurs campus.

L’audition en question se déroulait au Congrès, devant les membres de la commission de l’éducation de la Chambre des représentants. Parmi eux, des élus républicains, particulièrement remontés contre les trois présidentes d’université. «L’antisémitisme que nous avons constaté sur vos campus n’est pas sorti de nulle part», a notamment pointé Virginia Foxx, républicaine de Caroline du Nord et présidente de ladite commission.

Des échanges houleux

Mais c’est une séquence en particulier qui a tourné sur les réseaux sociaux. Celle au cours de laquelle Elise Stefanik, représentante républicaine de l’État de New York et ancienne étudiante d’Harvard, interpelle directement les trois chefs d’établissement. «Pouvez-vous répondre par l'affirmative à la question suivante : le fait d'appeler au génocide des Juifs constitue-t-il une violation des règles de MIT en matière d'intimidation et de harcèlement ?», a-t-elle d’abord demandé à Sally Kornbluth. «S’il cible des individus qui ne font pas de déclarations publiques», répond cette dernière. «Oui ou non ?», insiste l’élue, avant que la présidente ne réponde : «Je n’ai pas entendu d’appel au génocide des Juifs sur notre campus (...) Cela ferait l’objet d’une enquête comme harcèlement, s’il est omniprésent et grave».

Des éléments de langage repris quasiment mot pour mot par la présidente de l’université de Pennsylvanie, précisant que le fait de sanctionner l’appel au génocide des étudiants «est une décision qui dépend du contexte (...) Si le discours devient une conduite, cela peut être du harcèlement». Une expression qui n’a pas manqué d’agacer Elise Stefanik : «Le discours n’est-il pas du harcèlement ? C’est inacceptable», s’est-elle impatientée. Ce à quoi la chef d’établissement martèle : «Cela peut être du harcèlement».

L’antisémitisme en hausse sur les campus

L’échange qui suit avec la présidente d’Harvard ne diffère pas. Elise Stefanik pose la même première question et les intéressées semblent botter en touche. Le fait d’appeler au génocide des Juifs peut violer le règlement intérieur d’Harvard «selon le contexte», répond notamment Claudine Gay de Harvard. À la question «quel contexte ?», cette dernière poursuit : «Ciblé en tant qu’individu, ciblé sur un individu». «Ce sont des réponses inacceptable dans tous les domaines», a fini par conclure Elise Stefanik. Visiblement exaspérée, elle a également appelé à la démission de ces présidentes.

L'attaque sans précédent menée par le Hamas à l'encontre d'Israël le 7 octobre a exacerbé les tensions dans de nombreux campus américains. À Harvard en particulier, où plus d’une trentaine d’associations ont tenu pour responsable Israël de «toutes les violences qui se déroulent». Mais l’actualité au Moyen-Orient a surtout décuplé les insultes antisémites. Des faits d’ailleurs reconnus par Claudine Gay, présidente d’Harvard. «Nous avons assisté à une montée spectaculaire et profondément préoccupante de l'antisémitisme dans le monde entier, aux États-Unis et sur nos campus - y compris le mien», a-t-elle notamment expliqué.