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L'Église de France ne valide pas la bénédiction des couples homosexuels

Les évêques français ont publié mercredi un communiqué pour prendre position, après la décision de Rome d’ouvrir la bénédiction aux couples homosexuels. S’ils rejettent cette possibilité, ils sont en revanche favorables à la bénédiction des personnes homosexuelles.

Les évêques de France ont finalement pris position dans la polémique qui agite la planète catholique à propos de la bénédiction, par un prêtre, de couples homosexuels. Un communiqué daté du 10 janvier, du conseil permanent de l'épiscopat, composé de dix évêques élus par la centaine de leurs pairs, encourage la bénédiction des personnes homosexuelles qui en feraient la demande mais pas des couples.

Jusque-là formellement récusée par Rome, la possibilité de bénir des couples en tant que tels a été ouverte le 18 décembre dernier par le Vatican via une « Déclaration », intitulée Fiducia Supplicans, du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, soutenue par le pape François. Ce qui a suscité des louanges dans certains milieux ecclésiaux mais aussi un véritable tollé dans d'autres, en Afrique notamment. Au point que le Vatican a dû, le 4 janvier, laisser finalement aux évêques le choix de permettre ou non ces bénédictions dans leur diocèse.

Formellement opposés

Les Églises catholiques du continent africain, dont plusieurs se sont opposées dès le 18 décembre à cette mesure, devraient parler dans quelques jours d'une seule voix pour confirmer cette position. Très tôt, la conférence des évêques des États-Unis avait fait savoir qu'elle bénirait les personnes, sans mentionner la notion de couple contenue dans la déclaration romaine, une façon discrète de marquer ses doutes. En Europe, les épiscopats hongrois et polonais s'étaient, eux, formellement opposés à la déclaration romaine alors que les épiscopats allemand, suisse et belge la saluaient.

En France, seul Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, avait osé dire non à la bénédiction de couples homosexuels, dès le 29 décembre, tout en affirmant son ouverture à l'accueil des personnes homosexuelles. Il fut aussitôt suivi, le 1er janvier, par les neuf évêques de la province ecclésiastique de Bretagne et des Pays de Loire, présidée par Mgr Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes, qui ont alors signé une déclaration disant également oui à la bénédiction des homosexuels mais non à la bénédiction des couples.

Rassemblé pour sa réunion mensuelle à Paris, le conseil permanent de l'épiscopat, présidé par Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, a désormais édicté une position nationale. Laquelle ne passera pas inaperçue, ni au Vatican ni à l'échelle de l'Église universelle tant l'Église de France compte encore. Surtout quand il s'agit de prendre position dans des grands débats théologiques et pastoraux concernant toute l'Église catholique.

Dans un premier temps, les évêques de France justifient leur mise au point par « le retentissement certain dans l'opinion publique » de ce sujet « sensible ». Ils évoquent « l'accompagnement dans l'Église des personnes homosexuelles vivant en couple » mais aussi des « personnes divorcées engagées dans une vie de couple ».

Un «accueil inconditionnel et miséricordieux»

Le mot « couple » disparaît dans la suite du communiqué pour ne laisser place qu'à celui de « personnes » qu'ils « encouragent à bénir généreusement », au nom de l'Église, dès lors qu'elles « demandent humblement l'aide de Dieu » pour découvrir « l'appel de Dieu » sur un « chemin de foi ».

Cet « appel » à un « accueil inconditionnel et miséricordieux » vient de « Jésus-Christ », écrivent les évêques. Ils soulignent que la déclaration Fiducia Supplicans rappelle que « ceux qui ne vivent pas dans une situation leur permettant de s'engager dans le sacrement de mariage ne sont exclus ni de l'Amour de Dieu, ni de son Église. Elle les encourage dans leur désir de s'approcher de Dieu pour bénéficier du réconfort de sa présence et pour implorer la grâce de conformer leur vie à l'Évangile ».

Cet « accueil large et inconditionnel », expliquent encore les évêques français, peut passer concrètement « à travers des prières de bénédiction, données sous une forme spontanée, 'non ritualisée', hors de tout signe susceptible d'assimilation à la célébration du mariage ».

Car le mariage catholique, c'est l'autre point clé de la déclaration épiscopale française, ne peut être compris que comme « union exclusive, stable et indissoluble, entre un homme et une femme, naturellement ouverte à la génération d'enfants ». Définition d'ailleurs contenue dans le document Fiducia Supplicans, mais qui était passée inaperçue tant la nouveauté de permettre des bénédictions de couples homosexuels - pour la première fois en toutes lettres dans ce document conçu au plus haut niveau de l’Église - avait pris le dessus. Cette possibilité de bénir des couples homosexuels demeure néanmoins. Le pape y tient. Il n'a pas suivi la prudence du synode des évêques, réunis en octobre à Rome, qui avaient éloigné cette idée. La bénédiction de couples homosexuels se fera donc selon la décision de chaque évêque, qui n'a effectivement pas de compte à rendre à une conférence épiscopale selon le droit canonique. Il est toutefois extrêmement rare que des conférences épiscopales, dans leur entier, osent corriger publiquement une décision du pape. Un fait ecclésial majeur en cette fin de pontificat, jugée autoritaire, de François.


L'Église de France ne valide pas la bénédiction des couples homosexuels

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99 commentaires
  • NOUCHKA

    le

    Ce pape fait peur jusqu'aux catholiques...

  • Bob44

    le

    C'est normal, le rôle assigné par la nature comme par l'église c'est la procréation. A ma connaissance une so...ie, même hétéro, n'a jamais débouché sur une grossesse. Après, il est normal que les gens se mettent en couple selon leur ressenti, mais inutile de tordre le bras que ce soit à la nature ou à l'église. Je note au passage que les deux autres religions monothéistes ne bénissent pas davantage ce genre de couple. Tiens comme c'est bizarre, personne n'en parle.

  • Patin-couffin

    le

    Le Pape François, ex péronisme et marxiste fait la promotion d'idées dites progressistes, et rencontre des réactions négatives, notamment en Afrique et en France, et cela devrait s'étendre Il fait fi des divergences d'opinions sur des idéologies telles que le wokisme, les mouvements Lgbt et autres, qui sont aujourd'hui les plus grands perturbateurs de sociétés !
    Certes, dans le monde, certains pays occidentaux ont des gouvernements elu, en faveur et d'autres, comme l'Afrique, le Japon, l'Allemagne, et la majeure partie de l'Amérique du Sud et l'Asie, exprimant leur opposition en masse à ces idées qu'ils considèrent comme destructrices, alors que présentées par les autres,comme progressistes !
    Erreur fatale en analyse pour un pape qui va devoir faire marche arrière ou démissionner face au tolé general !

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